Au bout de la nuit est le second polar de David Ayer après l'excellent Bad Times. Mais cette fois-ci on ne le retrouve qu'à la réalisation et non à l'écriture, James Ellroy étant l'auteur du scénario.
Au bout de la nuit a de part certains côtés un petit air de Training Day, David Ayer était donc tout naturellement désigné pour réaliser le film. Sa mise en scène est une fois de plus très efficace et bien nerveuse comme il faut (surtout dans les scènes d'action). Il n'abuse pas de la caméra à l'épaule et sait stabiliser sa caméra quand il le faut, pour magnifier la performance des acteurs. D'ailleurs Keanu Reeves est excellentissime dans son rôle de flic torturé, c'est la vraie bonne surprise au sein d'un casting assez prestigieux. Jugez plutôt, face à lui nous avons Forrest Whitaker en capitaine de police (il cabotine, mais il le fait bien), Hugh Laurie en police de la police (on en oublie très vite sa blouse du Dr. House) et Chris Evan en jeune flic pas encore corrompu par le système (et avant son entrée dans la grande famille du MCU). Et pour finir avec les points positifs, le film est juste beau, tout particulièrement la photographie qui est sublime pendant les scènes de nuit, une photographie très colorée à l'image de la ville Los Angeles.
Passons maintenant aux points négatifs. Le scénario est malheureusement assez prévisible et n'évite pas les clichés du genre. IRien ne nous est épargné, l'inspecteur efficace mais alcoolique qui a perdu sa femme dans des circonstances atroces, le capitaine ambitieux qui veut gravir tous échelons coûte que coûte, une brigade de police corrompue, et ainsi de suite. Alors pour faire passer la pilule, James Elroy n'a rien trouvé de mieux que d'enchainer rebondissement après rebondissement pour donner un semblant de cachet à son scénario. Malheureusement tout ça, tous ces retournements de situation, c'est un peu trop tiré par les cheveux pour moi ... et à trop tirer sur la corde, elle casse et moi je décroche. Néanmoins, l'évocation en toile de fond des émeutes de 1992 à Los Angeles est intéressante et finalement peu importe toute les invraisemblances du scénario, tant que le contexte est bon.
Alors certes, avec Au Bout de la Nuit le fond n'égale malheureusement pas la forme, mais peu importe car l'intérêt du film repose surtout sur son ambiance âpre et tendue. La réalisation est soignée, l'interprétation est impeccable et on ne voit pas le temps passer. Ce n'est clairement pas le meilleur de tous les David Ayer, mais ça reste du bon David Ayer, à découvrir si vous aimez le bonhomme. Mais si vous ne connaissiez pas du tout la filmographie de David Ayer, préférez lui plutôt Training Day, Dark Blue, Bad Times et End of Watch.