Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri sont considérés de l'avis globalement unanime comme des scénaristes talentueux, en parfaite harmonie avec leur époque dont ils scrutent les travers et les dysfonctionnements, en auscultant l'égoïsme, la lâcheté des uns, la naïveté et la candeur des autres. C'est Agnès Jaoui qui assure la mise en scène et en image des longs mois d'écriture en commun avec plus ou moins de bonheur. Depuis leur collaboration avec Alain Resnais en 1997 (On connait la chanson) et le finement observé Goût des autres en 2000, le couple a fini par donner l'impression de se répéter et de s'essouffler. En 2013, nous sommes hélas confortés dans ce jugement tant ce nouvel opus en forme de variation truffée de symboles et de références sur l'univers des contes nous a parus pauvre et poussif, poussiéreux et juste bon, au-delà de quelques répliques qui font mouche, à égrener un certain nombre de poncifs affligeants sur les mérites comparés de la vie solitaire ou à deux, sur le désir d'enfants, sur les croyances en général.

Il est donc regrettable que justement nous ne parvenions guère nous-mêmes à croire en ces histoires entremêlées dans lesquelles interviennent des personnages survolés, dont la mise en relation semble très artificielle. C'est en effet un pénible sentiment de fausseté qui domine l'ensemble, par ailleurs d'une hideur constante, épousant sans jamais les dépoussiérer les codes des contes de fées. On se demande où Agnès Jaoui a pêché la trouvaille de se vêtir d'oripeaux aussi laids et vieillots et il faut ajouter que les femmes ne sont guère mises en valeur dans un film qui prétend paradoxalement faire la peau au prince charmant. La version 2013 personnifiée dans un homme sans vergogne, courant après tout ce qui bouge, remplace le baiser censé réveiller la princesse endormie par une gifle cinglante.

Au bout du conte réussit bizarrement à n'être ni magique ou féérique d'une part, ni caustique ou drôle, même cruellement, de l'autre. Ainsi le film semble-t-il se résumer à une succession de saynètes mal articulées, où chacun y va de son petit numéro. Celui des protagonistes nous est familier dorénavant et ne nous offre plus aucune surprise. Tout ceci parait au final paresseux et sans grande fantaisie, comme si Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri ne tiraient aucun enseignement de leurs maîtres (Woody Allen et Alain Resnais, en tête) dont ils ne demeurent que des épigones laborieux et prévisibles.
PatrickBraganti
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le 7 mars 2013

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