Alors que l'architecte Walter Craig arrive dans une maison dans le but de faire des travaux d'aménagement, plusieurs personnes se trouvent réunies dans la maison. Mais Walter a une étrange impression de déjà-vu vis-à-vis d'un rêve récurrent mais dont il ne ne souvient pas de tout. Tour à tour, les invités vont raconter une histoire étrange dont ils ont été plus ou moins proches.
Petite pépite du cinéma fantastique britannique, "Au cœur de la nuit" est composé de cinq sketchs, dont chacun est raconté par un des protagonistes, inclus dans un autre qui est utilisé comme narration principale. Les différents sketchs sont tous très bons et les séquences se succèdent avec une certaine fluidité, notamment grâce à une très bonne construction du récit et un montage adéquat.
Dès le début et l'arrivée de l'architecte dans la maison, les réalisateurs instaurent une atmosphère d'abord intrigante et ouvrent avec les sketchs "Le cocher de Corbillard" et "La fête de Noël". La première est plus légère, on y suit un pilote qui échappe à la mort et qui a des visions de corbillard, tandis que dans la seconde, on suit une fête de noël dans une maison soi-disant hantée. Deux histoires bien racontées et intéressantes.
Mais la vraie réussite de "Au Cœur de la Nuit" réside dans les trois histoires qui suivent ainsi que la conclusion. On suit d'abord un homme intrigué par un miroir qui ne reflète pas la réalité. D'abord mystérieux, les réalisateurs instaurent une véritable tension et angoisse où la folie prend peu à peu le pas sur la rationalité. La suivante, "Une partie de golf" quitte le registre de l'angoisse pour un parti pris plus comique et ça marche à merveille. Humour basé sur la gestuelle et les situations ainsi que le duo d'acteurs et leur joute verbale. Passé ce moment plus léger, la tension et l'angoisse reviennent à leur apogée avec le dernier sketch où un ventriloque croit que sa poupée est réellement vivante. Ils mettent en place un climat inquiétant prenant de bout en bout. Quant à la conclusion, elle clôt à merveille le récit.
Malgré les apparitions du fantastique, le cadre de la campagne anglaise reste régulièrement très réaliste, les différents réalisateurs préférant faire dans la subtilité et la suggestion. A travers les différentes histoires, ils abordent la mort, la folie ou encore l'angoisse tout en passant du rire aux larmes avec une certaine facilité. De plus la photographie en noir et blanc est superbe et les différentes histoires sont sublimées par d'excellentes interprétations et en particulier Michael Redgrave dans le segment du ventriloque ou Basil Radford et Naunton Wayne dans celui de la partie de golf.
Bien souvent irrésistible, que ce soit dans l'angoisse ou dans le rire, maîtrisé de bout en bout et faisant souvent appel à notre imagination, "Au Cœur de la nuit" est une réussite totale et pleine de charme.