Si Eisenstein était le maître d'un montage intellectuel, dit « montage des attractions », qui visait à donner du sens aux images en les agençant en suites logiques, le montage de Pelechian est beaucoup plus instinctif et sensuel, véritablement musical. Il crée une tension entre les images, en n'hésitant pas à user de la répétition, comme pour marteler davantage le matériau cinématographique, et donner une structure intelligible et surtout sensible à ses courts métrages. Il use aussi de la « distanciation » des images, pour mieux signifier leur résonance, en un écho visuel qui leur confère ainsi un sens, plus subtil que chez le cinéaste russe. « Au début » célèbre les 50 ans de la révolution bolchévique d'octobre 1917. Pelechian utilise donc des images d'archives, et retrace l'épopée communiste en 10 minutes inoubliables. La force de ses images, leur utilisation conjointe avec une musique énergique, donnent à son court métrage une puissance évocatrice considérable. La complexité de l'héritage communiste nécessitait bien une œuvre aussi composite, sorte de kaléidoscope sensoriel de ce que fut l'URSS. « Au début » est une œuvre cinématographique tellurique, monument de montage et vision trouble (fut-ce voulu ?) de l'ère soviétique. Incontournable.
Critique à retrouver sur mon blog ici.