Ce n'est pas pour rien que ce film est comparé au Soldat Ryan tant il en représente la parfaite version dite brute de décoffrage, faite avec un budget complètement incomparable et délivré par un vrai rebelle de la caméra qui en a gros sur la patate.

Samuel Fuller joue à merveille du budget un peu restreint par une action le plus souvent très rapprochée qui sait transmettre la folie du combat et l'importance du conflit par d'ingénieuses trouvailles de placement caméra. Il sait aussi exposer toute la tragédie de ce qu'il a lui-même vécu.
Oui mais cependant tout de même (et malgré qu'Artobal le défende superbement...), il y a des aspects assez perturbants pour valider la force du film. En premier lieu, tout est centré sur cette bande de 4 jeunots et leur sergent qui traversent la guerre avec un détachement un peu trop olympien pour être pris au sérieux. Ils plaisantent même sur la plage du débarquement tout de même. Pas une fois le spectateur n'a peur pour eux puisqu'en fait, le film ne se centre pas sur le danger comme ressort dramatique de la guerre, mais expose froidement l'horreur et le compteur des morts s'emballer dans un patchwork constitué d'innombrables moments traversés comme la guerre elle-même, balloté de place en place dans un chaos montré comme une somme de souvenirs traumatisants. L'approche a ce côté saisissant de réalisme mais le détachement y est donc total. Le club des 5 par exemple n'essaie même pas de connaître les bleus qui les entourent sachant qu'ils vont tous mourir très vite. Eux traversent tout cela simplement parce qu'ils ont ce quelque chose de spécial qui fait qu'ils survivront. L'action y est constante et ne lésine pas non plus sur les tripes et les scènes chocs. On traverse littéralement l'enfer avec eux. Ces moments forts ou tragiques sont tous importants mais semblent pourtant disparates et détachés de toute émotion. Ils ne sont liés entre eux que par la propre vision du réalisateur et non celle du simple spectateur, comme une sorte de trauma qu'il voudrait violemment balancer sur l'écran.

Autant de points qui rendent l'expérience moins intense. L'important n'est pas la gloire mais la survie clame le final. Pourtant, notre club des 5 traverse cette guerre tel un groupe d'anges exterminateurs mené par un sergent qui n'a plus rien d'humain ou presque. Les 4 jeunes acteurs manquent clairement d'épaisseur humaine (ou de présence j'hésite encore) à mon goût, Mark Hamill included. Et Lee Marvin imposant de présence n'est pas ce que l'on peut appeler touchant alors qu'il s'agit bien de cela dans la partie finale.

Il faut chercher l'humanisme du côté du sens de la mise en scène plus que du côté des hommes ce qui rend l'approche moins facile, plus froide, et à mon goût plus désunie.

Mais bon, ça reste très conseillé évidemment.
drélium
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le 16 mars 2011

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drélium

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