A la guerre, ce qui compte, c'est de survivre

J'ai toujours apprécié le cinéma de Samuel Fuller, que ce soit ses polars noirs ou ses films de guerre des années 50, toujours un peu heurtés, humanistes et tragiques. Et ici, alors qu'il n'avait plus tourné depuis longtemps (on est en 1980), il livre un film-testament absolument remarquable. En restant fidèle à ses souvenirs, Fuller a recrée avec une intensité dramatique passionnée et authentique les épisodes de la guerre qu'il a lui-même vécue alors qu'il était un jeune GI's, en stigmatisant à la fois l'héroïsme des uns et la lâcheté des autres, et ceci sans glorification béate du soldat comme c'était souvent le cas dans les films de guerre à l'ancienne à Hollywood.
L'odyssée du sergent incarné par Lee Marvin, et de ses hommes, de 1942 à 1945 sur tous les fronts de la guerre (débarquement en Afrique du Nord, débarquement en Normandie, Tchécoslovaquie, Italie du Sud etc...) est émaillée de moments forts (comme cet accouchement insolite d'une femme dans un tank, ou la découverte d'un soldat allemand qui se cache dans un four crématoire).
Le film délivre aussi un message de tolérance, c'est un véritable hymne à la paix, dont la férocité de certaines séquences n'est là que pour mieux écoeurer le spectateur de la guerre. En même temps, c'est un hommage au fameux Big Red One, la mythique première unité d'infanterie US (d'où le titre original qui est bien plus explicite que ce titre français plus passe-partout et que je n'aime pas). C'est le grand film autobiographique de Sam Fuller qui s'est donc projeté dans le personnage incarné par Robert Carradine, et qui fume déjà le gros cigare. Lee Marvin y est un vétéran rescapé de la Première guerre mondiale, entouré et respecté par une petite escouade de jeunes soldats peu aguerris ; il est constamment remarquable de sobriété alors qu'il n'a pas habitué le spectateur à ce type de jeu plus intériorisé, rappelons-nous ses rôles de fort en gueule dans les 12 salopards ou dans L'Homme qui tua Liberty Valance... Un film très peu et injustement reconnu à sa juste valeur, il a d'ailleurs subi de multiples coupes avant sa sortie en salles, il faut donc le voir en version non expurgée, un grand film tout simplement !

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le 21 oct. 2016

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Ugly

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