Le cauchemar est un reflet qu'on refoule d’un geste fébrile et inquiet. Ce lourd reflet pue. C'est les relents qu'exhalent nos choix épinglés à la sauvage sur la corde du temps. Par la suite, l'horizon stigmatisé épouse et apprivoise la vision. Afin qu'elle s'acclimate de toute la merde. Par la suite, on peut se mettre à danser sous la neige avec la grâce du cygne.
Tao est une enfant dans un corps de femme à la complexité plus lourde qu’un je t’aime. Tao, avec sa joie de vivre, illumine les réseaux monotones de la rue où la foule est une poussée indifférenciée de spectres. Une enfant d'au-delà des montagnes que les déceptions et les malheurs achèvent. La lucidité vient creuser son visage de fillette à mesure que les sexes autour d'elle, suivis de près par l'orgueil, s'éveillent et gonflent. Tao doit choisir entre les deux extrémités du triangle qu'elle ferme. Tao écarte les jambes et pousse très fort pour expulser les neuf mois qu'abrite son ventre. Par la suite, avec la maladresse ordinaire propre à l'homme ordinaire, les oreilles neuves sont aspergées de promesses bancaires qu'elles ne comprennent pas. Il n'a jamais été question de la facilité avec laquelle on méprise l'extrême sincérité d'un visage taché de suie, d'un sourire à la dentition imparfaite qui signe à l'autre son origine modeste. Non. Nos choix sont pétris de hasard, consolidés par la jonction de circonstances à l'étude impossible. Toujours est-il qu'on peut se mettre à danser sous la neige avec la grâce, la grâce du singe.