Fire Walk With Me
Entendre la voix de Werner Herzog commentant des images impressionnantes et en soi une expérience incontournable. J’ai toujours apprécié les approches qu’il utilise pour rendre intéressant n’importe...
le 20 déc. 2017
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Into the Inferno, titre original un peu plus inspiré que le titre français (un peu à l'image de l'affiche du film, ils induisent largement en erreur et esquissent des promesses quelque peu mensongères), appartient clairement à cette nouvelle section de la filmographie de Werner Herzog. L'impression qu'il capitalise beaucoup sur son passif, sur l'image qu'il renvoie à l'international, sans trop forcer, sans trop creuser dans les thématiques explorées — néanmoins passionnantes, dans le fond. Cela n'exclut pas quelques pépites de sortir de terre périodiquement, comme peuvent en attester des créations lunaires comme Rencontres au bout du monde ou Happy people, mais une page s'est tournée et c'est manifeste, même en se focalisant sur le versant plutôt documentaire de ses travaux récents.
Avec son acolyte Clive Oppenheimer rencontré en Antarctique sur le tournage de Encounters at the End of the World, Herzog sillonne la planète pour aller fouler les scories des pentes de plusieurs volcans et, surtout, recueillir les légendes qui les entourent auprès des populations locales. Dans cette optique, Au fin fond de la fournaise se situe quelque part entre deux autres films du cinéaste allemand, tous deux en lien avec l'activité volcanique : le récent Au cœur des volcans - Requiem pour Katia et Maurice Krafft, un documentaire de 2022 consacré aux volcanologues français dans un style assez semblable, et La Soufrière, un geste herzogien beaucoup plus représentatif de l'homme il me semble, sorti en 1977 et accompagnant parfaitement les lubies délirantes de Herzog à la recherche des mythes auprès des populations locales au pied du volcan éponyme de Guadeloupe.
La magie n'est plus tout à fait là, mais le sujet conserve malgré tout de nombreux points d'accroche. Islande, Indonésie, Éthiopie, Corée du Nord : la production Netflix n'a pas lésiné sur les billets d'avion et sur le bilan carbone pour capturer des images d'éruptions, bien sûr, mais sans que cela ne constitue la chose la plus remarquable de Into the Inferno, loin de là — ce qu'on verra dans Au cœur des volcans est à ce titre beaucoup plus marquant, sur le plan purement graphique. Manifestement Herzog recherche l'insolite, toujours sous un angle pertinent et non-spectaculaire dans la dynamique, et il en résulte une sorte d'attraction bizarre d'électrons libres, à l'image de cet archéologue américain complètement siphonné, jetant des poignées de sable éthiopien en l'air pour expliquer une théorie et bousillant les arbres se situant sur le chemin de son 4x4 avant de nous faire rencontrer "le plus grand trouveur de fossiles". Les personnalités excentriques, de nature taiseuse ou plus exubérante, foisonnent dans son entourage : on se rappellera ce charpentier indonésien ayant construit un bâtiment religieux en forme de poulet...
Très vite les volcans en eux-mêmes sortent du champ du film. Herzog s'intéresse aux mythes périphériques, aux constructions sociales qui y ont trait, puisque comme il le dit "there is no single one that is not connected to a belief system" (à prononcer avec le célèbre accent allemand en mode parodique). Son approche n'est plus mue par une force avant-gardiste et radicale, mais le degré de conventionnel n'empêche pas l'émergence de quelques moments poétiques ou surréalistes — comme par exemple la balade en barque en Corée du Nord, à la rencontre du volcan vénéré par les officiels et érigé en berceau de la nation coréenne, ou cette île du Pacifique où l'on croit qu'un GI états-unien reviendra un jour pour les couvrir de richesses.
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