Faire-part de naissance : la famille Mia Hansen-Love s'agrandit. Sourire en coin et regard intimiste

Le film s’ouvre sur la tombée en pâmoison d’un homme aux pieds d’une femme avec en voix off un timbre grave commentant le vacillement de l’amour. Et c’est de ça dont il est question dans quasiment tous les plans de cette première œuvre. Un sujet rouillé, parfois sublimé, parfois complètement désincarné mais qu’importe le fond tant qu’il y a la forme et Louis-Do de Lencquesaing prend joliment soin de l’enveloppe.

Un écrivain tombe amoureux (tout en s’évertuant à garder ses sentiments à bonne distance), perd simultanément son père, s’occupe en parallèle de sa mère fantasque à la raison chancelante et se doit d’épargner son parcours du Tendre à sa fille de 16 ans en train de vivre ses premières expériences (Alice de Lencquesaing fraîche et émouvante dans sa quête de l’amour sain et équilibré).

Louis-Do donne à voir des personnages sur le fil et fait l’apologie du basculement et de l’inconstance en alternant dialogues profonds, blagues limites et séquences de folie paisible. Le réalisateur pratique avec justesse la loufoquerie détendue et traite un sujet universel (avec en plus quelques thématiques-tiroirs telles que l’adultère, le deuil, l’habitude des corps sans s’éloigner de son socle initial) avec beaucoup de sensibilité, de recul, de rires étouffés et une pointe de désarroi.

Mention spéciale à la direction d’acteurs et bémol pour les décors: les rôles premiers et seconds sont subtilement dirigés, applaudissements pour Valentina Cervi, assez éblouissante dans son portrait de femme trop heureuse, plaisir de retrouver Xavier Beauvois et Laurent Capelluto, acteur abonné aux seconds plans qu’il serait temps de mettre en haut de l’affiche. En revanche, l’essentialité des sujets abordés contraste avec un décor parisien plus que cossu, c’est certes agréable à regarder (comme son nombril...) mais les moulures et les hauts plafonds n’ont jamais rendu la complexité de la vie plus abordable. Toujours est-il que Louis-Do de Lencquesaing s’impose dès son premier film comme un scénariste du couple prometteur et un décrypteur averti des relations humaines, et tout cela avec modestie.
Floruspocus
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le 21 nov. 2012

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