Le rêve américain

J'ai aimé ce film, que ce soit pour le jeu des acteurs, les images et le scénario. Je regrette néanmoins son manque de profondeur politique.

On comprend bien que sous prétexte de modernité, le jeune paysan est poussé vers une agriculture intensive et massive. Il est formé d'abord pour cela (au Wyoming).

On comprend que pour cette agriculture intensive, il doit produire de la merde (des poulets tout maigrichons en l'occurence), qu'il doit faire pousser des cultures à grand renfort d'engrais, de glyphosate et de pesticides,

qu'il ne peut pas utiliser ses propres graines (par contrat) et qu'il s'endette pour faire tout ça. On comprend que c'est également un moyen pour recevoir des aides financières dans un contexte où les prix à la vente baissent constamment.

On comprend aussi, que le père s'oppose au fils pour des questions d'argent mais surtout sur cette différence entre l' agriculture raisonnable et de qualité du père contre celle moderne du fils où on se fout un peu du produit fini. Le père est paysan, le fils est entrepreneur.

Mais on a quand même un peu l'impression que si le gars se plante, c'est la faute à "pas de bol"

. Bref, qu'il était à "ça" de réussir.

Et c'est ça qui est dommage. Parce que si les agriculteurs se laissent berner par l'agriculture intensive, c'est qu'il existe un contexte et une volonté politique ainsi que des acteurs pour les y pousser. Ces acteurs, on ne les voit qu'en filigrane dans le film et ils ne sont jamais nommés (FNSEA, Crédit Agricole, monde politique, grande distribution ou industrie agro alimentaire, industrie chimique, etc...). Car si les producteurs n'y trouvent pas leur compte et que les consommateurs bouffent de la merde, c'est forcément que des intermédiaires s'enrichissent.

Finalement, le film privilégie un peu trop le pétage de plomb et ne fait que survoler les vraies causes du naufrage.
Il y a quelques années, j'avais lu ce livre, Le Monde n'est pas une Marchandise bien plus explicite...