Albert Dupontel passe de l’autre côté de la caméra pour la réalisation du l’adaptation du prix Goncourt 2013, Au revoir là-haut, roman de Pierre Lemaître. En résulte un film poétique, pleins de bons sentiments, porté par des acteurs magistraux, à la hauteur de leur rôle.


Synopsis


A l’aube de l’armistice de la Première Guerre Mondiale, deux jeunes soldats français, Albert Maillard (Albert Dupontel) et Edouard Péricourt (Nahuel Pérez Biscayart) se lient d’amitié lorsque ce dernier sauve Albert d’une mort certaine, au prix d’un visage défiguré, dû à un éclat d’obus. S’en suit l’histoire de leur vie, de retour à la réalité, dans le Paris des années 20, où ils décident de monter un plan machiavélique contre la société.


Avis personnel


J’ai eu énormément de mal à rentrer dans le film, mais après les vingt premières minutes, j’ai adoré l’histoire qui nous est contée. En effet, malgré des plans très audacieux, un jeu d’ombres et de lumière parfait, j’avais un doute sur les personnages et l’histoire qui voulait être racontée. De plus, toutes les scènes où apparaît le personnage de Laurent Laffite (le lieutenant Pradelle) m’étaient insupportables à regarder, tant son personnage est méprisable.
Cependant, dès le retour de la guerre, j’ai été plongée dans le récit et bouleversée par les protagonistes principaux. L’amitié qui naît entre eux est sincère : Albert est dévoué à son ami, il va jusqu’à voler des médicaments et détourner de l’argent pour Edouard. Ce dernier, vivant chez Albert, n’attend plus rien de la vie et se morfond, jusqu’à ce qu’il rencontre la petite Louise, une enfant qui va lui redonner goût à la vie et surtout l’envie de continuer à assouvir sa grande passion : l’art. L’amitié entre ces deux protagonistes m’a également beaucoup touchée, Louise servant de voix à la jeune gueule cassée.
La fin du film m’a choquée. N’ayant pas lu l’œuvre de Pierre Lemaître, j’étais très étonnée quand j’ai vu Edouard faire le saut de l’ange depuis le dernier étage d’un hôtel de Paris. La scène précédente nous montre la réconciliation avec son père, inespérée, mais tant attendue, émouvante, qui ne laisse pas présager une telle suite des évènements. On peut supposer, qu’Edouard, désormais accompli dans sa vie, préfère la terminer en songeant à ses derniers moments heureux.


Points forts


Les personnages de ce film constituent un des plus gros points forts de cette adaptation, en plus des nombreuses prouesses techniques de réalisation et de la musique de Christophe Julien qui accompagne les protagonistes tout au long de leurs péripéties.
Les personnages les plus marquants selon moi sont sûrement celui d’Edouard et de Louise. Edouard est le rêveur qui sommeille en chacun de nous, il est très talentueux et introverti mais s’ouvre totalement à Louise lors de leur rencontre. Au contraire, Louise est une jeune fille pétillante qui sait prendre soin d’Edouard et l’accompagner tout au long de sa vie de gueule cassée.
D’un point de vue cinématographique, de nombreux moments sont à relever : notamment sur les différents jeux d’ombres sur certains des personnages, dont Laurent Laffite et Niels Arestrup (le père d’Edouard) afin de mettre en avant certains trains de caractères de ces personnages.
Il y a également deux autres plans qui définissent bien les années folles à Paris : la scène de flashback au tout début du film en noir et blanc, lorsqu’Edouard est à l’infirmerie est qu’il se rend qu’il va devoir retourner chez lui, défiguré, où il est persuadé que son père va le rejeter. Toute son enfance défile alors devant nos yeux, montrant sa passion pour le dessin, son père sévère… L’autre scène se déroule dans le lieu de vie d’Albert, accompagné d’Edouard et de Louise. Les trois amis sont heureux et l’exposent en dansant au rythme d’un jazz effréné et de mouvements accélérés.


Scènes cultes


Il y a deux scènes qui ont retenu toute mon attention dans « Au revoir là-haut ». Tout d’abord la rencontre entre Louise et Edouard, le jeu de regards entre les deux protagonistes. La tristesse et le désespoir se lisent dans les yeux du jeune blessé de guerre tandis que le regard de Louise dévoile un élan de compréhension à l’égard de ce dernier. C’est comme s’il l’autorisait à voir sa bouche défigurée, qu’il cache aux yeux de tous, même des siens. Ce moment marque le début de leur complicité et de leur travail ensemble.
L’autre scène qui m’a fait chaud au cœur est celle où Edouard est fier de montrer les masques qu’il s’est confectionné à Albert et qu’il lui offre un masque personnalisé, en forme de tête de cheval, en référence à ce qui marque le début de leur amitié. Cette scène est pétillante, on retrouve un Edouard heureux et à l’aise dans sa passion. Cela met du baume au cœur à Albert mais aussi au public.


Acteurs


Il faut également souligner la performance de tous les acteurs du film, les plus marquants étant pour moi Nahuel Pérez Biscayart et Laurent Laffite. Laffite pour son rôle de lieutenant désagréable, tellement bien interprété qu’on a envie de le détester. Un des rôles les plus convaincants de la production.
N’oublions pas Nahuel Pérez Biscayart, ce jeune prodige aussi révélé au public français dans « 120 battements par minute » pour lequel il a obtenu le César du meilleur espoir masculin en 2018. Il réalise une prestation assez exceptionnelle dans le film d’Albert Dupontel et devient le fil conducteur de l’histoire. Il s’approprie totalement le personnage d’Edouard, triste, poète et généreux. Il m’a ébloui et j’ai hâte de le découvrir dans de nouvelles prestations.


Récompenses


Le film, sorti en 2017 dans les salles de cinéma a été largement récompensé à la cérémonie des Césars 2018, avec 13 nominations, dont 5 récompenses pour la meilleure réalisation, meilleure adaptation, meilleurs décors, meilleurs costumes et aussi meilleure photographie. Ce film a su toucher son auditoire, au même titre qu’il m’a touché et il restera dans les mémoires en temps qu’un des meilleurs films français de son époque.

Sophie_AT
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le 29 oct. 2020

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