Tout comme Jeux Interdits (1952) de René Clément, Au revoir les enfants (1987) de Louis Malle, retranscrit la guerre à travers les yeux d'enfants innocents.
Le titre fait référence en réalité à un adieu à l'enfance et à l'innocence, ce n'est pas qu'un simple au revoir.
La plupart des protagonistes du film sont des acteurs amateurs. Un choix fréquent chez Malle qui recherche avant tout une certaine spontanéité à travers les personnages enfantins, celui de Julien est joué à merveille par Gaspard Manesse qui aujourd'hui est devenu un maraîcher passionné.
Au revoir les enfants raconte l'histoire de Julien Quentin, un garçon de 12 ans envoyé par sa mère dans un pensionnat durant l'Occupation, peu après son arrivée, il sympathise avec un garçon mystérieux : Jean Bonnet.
En réalité, le personnage de Julien est inspiré de Louis Malle en personne lorsqu'il était enfant, un épisode de son enfance qui l'a visiblement marqué puisqu'il réalise Au revoir les enfants plus de quarante ans après les faits. Il s'agit donc d’événements s’étant réellement produits.
Sentant que Jean est doté d'une formidable intelligence et d'une imagination à la hauteur de la sienne, Julien est immédiatement attiré par lui. Mais, à la manière des enfants, son désir d'amitié s'exprime d'abord par des taquineries et des provocations sans pitié. Peu à peu, une véritable amitié et un lien profond se développent entre eux, et Julien découvre la véritable identité de Jean :
Jean Kippelstein, il est juif.
À partir de la découverte de ce secret, le film nous entraîne progressivement dans une atmosphère d'anxiété et de tension dans les actions des différents personnages.
On peut y retrouver toutefois de magnifiques scènes de camaraderies comme celle de la projection du film de L'Èmigrant (1917) avec Chaplin.
Un certain nombre de scènes remarquables mettent également en lumière les complexités de la guerre et l'importance du caractère. La bonté inattendue de certains soldats et officiers allemands confrontée à l'égoïsme et à la trahison de certains civils français ou miliciens.
Le personnage de Joseph rappelle et cela n'est pas anodin celui de Lucien dans Lacombe Lucien réalisé treize ans auparavant par Malle.
Avec Au revoir les enfants, Louis Malle nous rappellent la vertu héroïque de tant de prêtres catholiques durant le Seconde Guerre mondiale, et ce, malgré la position plus que douteuse du Vatican durant cette période. La scène finale est pleine d’émotion et parachève un film bouleversant.