Exaltation très british de l'époque victorienne à travers le portrait d'un professeur de collège de la fin du XIXe siècle jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale. Le film semble tout entier dévolu au personnage principal et à son interprète, Robert Donat, dans un exercice un peu académique — embrasser la carrière d'un homme de 20 ans à 80 ans, à grand renfort de maquillage et d'ellipses — qui lui valut à l'époque l'Oscar du meilleur acteur.
Le schéma est très classique (mais très mignon je pense quand on y est sensible) et suit le parcours de cet homme solitaire, promis à une vie de vieux garçon, globalement victime de son entourage : il passe par toutes les étapes, bizutage (gentil) par les élèves, maltraitance professionnelle de la part de ses pairs qui lui fait rater le poste de directeur de l'établissement, avec même des petits bouts de tragédie dedans au travers du seul personnage féminin du film, une femme (Greer Garson, dans un rôle plutôt convaincant) qui tombera sous son charme pour des raisons assez peu intelligible, lors d'un séjour en Autriche (drôle de passage en montagne qui laisse apparaître tous les artifices de studio), et qui mourra très jeune, le condamnant encore une fois à une existence solitaire.
C'est autant la chronique d'une vie dédiée à l'enseignement, avec la myriade d'enfants qui passe dans sa classe (il dira d'ailleurs que ce sont "ses" enfants, lui-même n'en ayant pas eu, sur son lit de mort), que celle d'une métamorphose au contact de cette femme. À mon goût, Sam Wood manie l'ellipse avec trop peu de parcimonie, ce qui crée pas mal de trous volontaires dans le scénario et affaiblit la cohérence psychologique de l'ensemble. Drôle de configuration, le récit se termine à la fin de la WWI et le film sort au tout début de la WWII. La candeur du résultat donne l'impression que le mot lénifiant a été inventé pour ce genre de film, sacralisant la société traditionnelle et les conventions en tous genres... Une vision en tous cas très suranné de l'enseignement, une certitude, surtout si on le compare à des canons du genre comme "L'Ombre d'un homme" aka The Browning Version (Anthony Asquith, 1951).