Injustement maudit et dédaigné par les fans de la franchise, ce sixième opus possède pourtant tous les ingrédients pour en faire un film mémorable. Sauf que ceux-ci sont différemment dosés par rapport à ce que l'on avait l'habitude de voir dans les volets précédents. Ainsi, l'action et l'humour se font plus discrets, les gadgets sont relégués au placard ; mais à côté de cela, la psychologie du héros gagne énormément en épaisseur, lui donnant une humanité (et une maturité) jusqu'alors insoupçonnée. Force est de constater que George Lazenby ne s'en sort pas si mal, tout en ne faisant pas non plus oublier Sean Connery. Face à lui, Telly Savalas compose sans conteste le Blofeld le plus intéressant de la saga, qui pour une fois prend part à l'action et n'hésite pas à se salir les mains.

Le réalisateur, Peter Hunt, s'offre aussi la présence de la sexy Diana Rigg, qu'il magnifie comme jamais grâce à des éclairages inspirés mettant admirablement bien en valeur son visage gracieux. L'actrice campe sans nul doute la James Bond girl la plus classieuse et attachante de la saga. Un personnage de femme forte qui fait partie intégrante de l'intrigue et ne se contente pas de jouer à la potiche superficielle. Le rythme enjoué des précédents films laisse ici la place à une atmosphère assez mélancolique qui devient même parfois envoûtante, aidée pour cela par un très beau thème musical délicieusement noir. Même si les séquences d'action se font plus rares, celles-ci sont mieux filmées que d'habitude et ne déçoivent pas (la longue poursuite en ski reste la meilleure et donne même des frissons).

Enfin, le scénario est bien ficelé et présente une intrigue moins invraisemblable et plus modeste que d'ordinaire, donnant ainsi plus de crédibilité et d'intérêt aux péripéties du héros. Cela jusqu'au final le plus marquant et dramatique de la longue filmographie du héros, qui lui fait goûter pour la première fois à la saveur amère de la défaite (et quelle défaite...). Quand l'histoire se risque à développer des enjeux dramatiques et que James Bond laisse paraître ses émotions, il en résulte sans conteste l'opus le brillant et abouti de cette saga culte.
Libellool
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs James Bond et Les meilleurs films avec Diana Rigg

Créée

le 27 déc. 2013

Critique lue 1.3K fois

38 j'aime

10 commentaires

Critique lue 1.3K fois

38
10

D'autres avis sur Au service secret de Sa Majesté

Au service secret de Sa Majesté
guyness
8

Les archives James Bond, dossier 6: "Ça ne serait pas arrivé à l'autre type"

Quotient James Bondien: 7,5
 (décomposé comme suit:)   BO: 10/10 
Rubrique redondante (voir dossiers n°2, 3, 4 et 5): John Barry est au somment de son art depuis au moins cinq bandes originales,...

le 4 mars 2011

53 j'aime

18

Au service secret de Sa Majesté
Pruneau
8

Lord of the Rigg

Seul James Bond avec une histoire d'amour, seul James Bond sans happy end, seul James Bond avec George Lazenby. Les scènes de début et de fin, passages obligés du genre, sont les plus belles de la...

le 1 août 2011

48 j'aime

58

Du même critique

Interstellar
Libellool
9

Un second visionnage qui change la donne

Si un beau steelbook tentateur n'était pas sorti, j'aurai certainement fait l'impasse sur le revisionnage de ce film qui m'avait laissé un avis trop mitigé lors de ma séance ciné. Donc merci à la...

le 12 juin 2015

78 j'aime

13

Inception
Libellool
10

Requiem for a Dream(s)

À l'été 2010, après avoir hésité un moment à aller voir LE blockbuster évènement du moment, j'ai fini par me laisser convaincre par quelques bandes-annonces intrigantes qui laissaient entendre que...

le 15 avr. 2015

59 j'aime

9