Audition
6.8
Audition

Film de Takashi Miike (1999)

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Il est particulièrement difficile de classer le film. Le début est celui d'un film social, la fin est à la limite du gore et, au milieu, on passe par une comédie sentimentale et une sorte de délire visuel à la David Lynch. Le tout avec une logique implacable et une parfaite imprévisibilité.
Un patron est veuf depuis sept ans ; son fils l'incite à se trouver une nouvelle femme et son ami lui propose la solution : organiser une audition où il aurait sélectionné une trentaine de prétendantes (qui, toutes, croyaient postuler pour un rôle dans un film).
Le patron se rapproche d'une jeune timide qui ressemble beaucoup à sa défunte épouse (jusque dans son passé de danseuse). Mais, très vite, l'ami producteur a des doutes : la demoiselle semble avoir menti sur son passé.
La demoiselle criminelle n'est pas une surprise : on est prévenus dès l'affiche, et tous les indices ne font que confirmer cette piste. Le film ne joue donc pas sur la question de l'identité de l'assassin, mais sur un autre suspense : quand va-t-il passer à l'acte ? Et comment ?
Car le cinéaste met beaucoup de temps avant d'installer l'ambiance morbide. Les scènes psychologiques se suivent alors que les spectateurs attendent que l'action débute vraiment. Cette attente pourrait paraître longue, mais elle est un élément important du film, indispensable pour laisser le bizarre s'installer très progressivement.
Ce temps est aussi nécessaire pour que le cinéaste joue sur les fantasmes de ses spectateurs. Et c'est là que le malaise se met en place : Asami Yamazaki représente, à elle seule, le fantasme incarné. Elle est la femme-objet, l'héroïne idéale des films érotiques nippons. La victime d'une société résolument masculine et machiste. Celle dont les hommes ont toujours abusé.
Alors, le déchaînement de violence d'Asami est une vengeance. Un rééquilibrage. Les hommes l'ont faite souffrir, elle les faits souffrir à son tour. Et les quelques minutes de scène de torture (même pas dix minutes sur deux heures de film) sont à la limite de l'insupportable.
Un grand film, à ne réserver qu'à un public averti.
SanFelice
8
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le 24 mars 2012

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SanFelice

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