Le propos du film est éminemment sympathique : une femme, Aurore (Agnès Jaoui), aborde courageusement la cinquantaine, l'inéluctable ménopause, ses bouffées de chaleur, le tarissement de son "stock" d'ovocytes (ainsi que le lui explique crûment un médecin), sa solitude amoureuse, la grossesse de sa fille aînée et l'émancipation de sa cadette. État de crise qui la remet fortuitement en présence de son premier amour, Christophe, que Thibault de Montalembert anime de tout son charme, mais qui hésite à croire en ce bonheur... Retrouvant aussitôt l'âme de marieur que la lecture des contes de fées a façonnée en lui dès sa plus tendre enfance, le spectateur se prend à rêver que ces deux-là puissent "vivre heureux" ensemble, à défaut d'"avoir beaucoup d'enfants"...


Mais quelque chose se grippe dans l'exploitation de ce beau sujet ; sans doute le parti pris systématique d'un optimisme forcené joue-t-il son rôle pour rompre un charme... Ainsi les airs ravis constamment arborés par Dame Aurore finissent-ils par crisper. Il y a bien quelques crises de larmes, quelques chamailleries, mais qui se résolvent toujours dans des éclats de rire ou de grandes embrassades. Pour bien montrer que la vie est belle et que l'on est à l'aise dans ses cinquante ans, on n'en finit pas de s'étirer, de danser les yeux fermés et les bras écartés... La vieillesse à l'horizon ? Aucun problème ! À preuve, cette communauté de quatre vieilles dames, qui s'amusent et s'entendent si bien ensemble ! Et puis c'est si drôle, avec sa grande copine elle aussi solitaire, d'inventer des histoires invraisemblables pour aller jouer les briseuses de couples ; de faire l'insolente avec son patron et de se retrouver au chômage... Même pas mal ! On a l'âme si jeune ! Un amant aussi gentil que dévoué, mais peu aimé, est jeté aux orties... Qu'importe ! Devant ce ramassis de poncifs et de clins d'œil appuyés, une partie de la salle, tout heureuse de se retrouver en terrain connu, glousse à chaque injonction du scénario...


Une jolie scène émerge toutefois ; scène de séduction muette, l'animation musicale d'un restaurant réduisant régulièrement les convives au silence. Or les regards, c'est bien connu, vont tellement plus loin que les mots... Mais là encore : les glapissements des artistes lyriques sont loin de la sobriété...


Un film qui tourne court, donc : on apprécie le projet, l'approche frontale de la traversée d'un âge difficile, plus porteur d'amertume que de séduction. Mais le désir de positiver à l'excès éviscère arbitrairement le problème de sa part d'ombre et aboutit à un objet essentiellement factice.

AnneSchneider
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le 27 avr. 2017

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Anne Schneider

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