La mégère apprivoisée.
Avec sa flopée d'Oscars, son couple vedette mythique, son Technicolor rutilant, sa reconstitution qui envoie du bois, sa durée digne d'un feuilleton de l'été, "Autant en emporte le vent" est...
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le 20 août 2014
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Alors que la guerre de Sécession est sur le point de se déclarer, Scarlett O’Hara (Vivien Leigh) ne s’intéresse qu’à Ashley Wilkes (Leslie Howard), qu’elle veut épouser à tout prix. Seulement, celui-ci a la ferme intention de se marier avec Melanie (Olivia de Havilland). Jalouse, Scarlett épouse un autre prétendant à la va-vite. Mais cela ne cache pas le trouble qu’elle ressent à chaque fois qu’elle rencontre Rhett Butler (Clark Gable), bien décidé à résister au mariage…
On ne présente plus ce qui s’avère, encore aujourd’hui et compte tenu de l’inflation, le plus grand succès de l’histoire du cinéma. Si on est habitué aux rengaines qui voudraient voir aujourd’hui dans ce film une œuvre raciste, il faudrait tout de même être particulièrement borné pour refuser d’y voir un grand film... Bien sûr, quoique manquant excessivement de recul, la vision du film, favorable aux Sudistes, que l’histoire officielle dans son manichéisme outrancier, a transformé en grands méchants, a de quoi choquer des esprits contemporains quelques peu étroits qui, trop touchés par une vision marxiste de l’histoire et de la société, refusent de comprendre qu’un maître ait pu se montrer amical avec ses esclaves, ni que ces derniers aient pu se satisfaire de leur sort. Pensez donc, un homme qui ne se rebelle pas n'est pas vraiment un homme ! Les sacro-saints Droits de l’Homme en prendraient un coup dont les augustes et intouchables valeurs républicaines ne se relèveraient qu’à grand-peine…
Pourtant, à y regarder de près, Autant en emporte le vent a tout d’une grande œuvre cinématographique. Elle n’est bien sûr pas dénuée de défauts, à commencer par une longueur démesurée qui a tendance à distiller l'émotion, mais on y trouve tous les ingrédients pour en faire un monument du cinéma. Que ce soit les décors somptueux, les couleurs chatoyantes, les acteurs incroyables d’humanité, la musique grandiose de Max Steiner, ou encore l’hallucinante mise en scène de Victor Fleming, tout est là pour nous rappeler que l’on a indéniablement affaire à du grand cinéma.
C’est d’autant plus un tour de force que les deux personnages principaux sont tout sauf attachants, le personnage de Scarlett O’Hara devenant au fur et à mesure odieux d’orgueil et d’égoïsme. Il faut dire qu’en face de Vivien Leigh se tient la sublime Olivia de Havilland, et que celle-ci compense largement, campant un personnage d’une abnégation et d’un courage incroyables, qui permettent à l’empathie du spectateur de ne pas rester inemployée… A travers la galerie de personnages ainsi présentés, on aura donc parfois du mal à ressentir un véritable attachement, mais l’intérêt ne décroît pas forcément face au spectacle dur, sombre et poignant du déclin d’un peuple qui nous est ici offert. Car ce film, tour à tour intimiste et épique, est d’abord une grande fresque historique, et malgré ses lenteurs, son souffle romanesque et sa reconstitution grandiose marquent l’esprit durablement. D’autant qu’il se clôt dans une véritable explosion émotionnelle, digne des grandes heures de la tragédie, dont Clark Gable et Vivien Leigh se font les immenses acteurs, dans une scène aux implications humaines face auxquelles il est impossible de ne rien ressentir. La seule question subsistant après tout cela étant : était-il nécessaire d’étendre à 3h45 une histoire qui aurait amplement tenu dans un film de 2h ou 2h30 ?
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Créée
le 28 avr. 2017
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