« Une année, un film » : Autant en emporte le vent, réalisé par Victor Fleming et sorti le 15 décembre 1939.


Qui n’a jamais entendu parler, au moins une fois dans sa vie, d’Autant en emporte le vent ? Adapté d’un roman paru peu de temps avant, ce film est considéré comme le plus grand succès de l’histoire du cinéma, avec des recettes totales culminant à 3 301 400 000 $ (ajustés avec l’inflation), rien que ça. L’histoire nous fait suivre les mésaventures de Scarlett O’Hara, jeune femme d’une famille sudiste, propriétaire d’une plantation de coton au milieu du XIXe siècle, une période prospère pour les cultivateurs. La jeune femme est courtisée par de nombreux prétendants issus de l’aristocratie américaine, mais elle n’a d’yeux que pour un homme, Ashley Wilkes. Manque de chance, il s’est promis à une autre femme. La vie est quand même belle, jusqu’à cette année 1861, où la guerre de Sécession éclate, chamboulant tout le pays, et provoquant le départ de nombreux hommes au combat.


Il est difficile de donner une idée globale du ton que prend le film, et de son discours, tant que l’on ne l’a pas vu. Sur le papier, on pourrait grossièrement le résumer comme une longue histoire d’amour, pleine de « je t’aime, moi non plus », avec une héroïne insupportable et beaucoup de niaiseries. Mais nous serions tellement loin du compte… Si ce film est le plus gros succès de l’histoire, et qu’il est considéré comme un incontournable du septième art, c’est qu’il y a bien une raison pour. Eh bien oui mes amis, je le clame haut et fort, nous sommes bel et bien en présence d’un véritable chef d’œuvre, et je vais vous dire pourquoi.


Autant en emporte le vent est un grand film, un très grand film. Sa réussite ne se base pas sur des éléments distincts qui contribuent chacun à sa réussite, mais sur une vaste harmonie, un ensemble, qui fait de lui le chef d’œuvre qu’il est. Autant en emporte le vent, c’est l’histoire d’une romance impossible, créée de toute pièce par une jeune femme capricieuse, sournoise et déterminée, au machiavélisme dégoûtant, qui joue avec les sentiments des hommes sans remords pour parvenir à ses fins, et qui va, malgré elle, être courtisée par un autre. C’est l’histoire d’un pays prospère qui, à un tournant de l’histoire, entre dans une guerre civile dévastatrice, qui va tout bouleverser et briser des destins, avant de tenter de se reconstruire sur ses ruines. C’est une vaste épopée de plus de trois heures trois quarts qui propose au spectateur un immense feu d’artifice émotionnel, entre espoir, chagrins, désillusions et folie.


Vivien Leigh et Clark Gable forment un couple d’anthologie à travers cette histoire d’amour tourmentée, meurtrie par la guerre, menacée par la présence d’une autre homme, mais pourtant tellement évidente. Une romance qui ne trouve jamais la paix, même si celle-ci reste éternellement figée sur l’affiche du film. L’esthétique de ce film est remarquable, l’utilisation des couleurs ayant un rôle important dans l’appréciation de sa beauté. Voyageant à travers des décors grandioses, vous êtes pris dans cette histoire, humant l’air chaud de l’été dans la campagne américaine peu de temps avant la guerre, puis les soldats du Nord attaquent, et vous fuyez une ville envahie par les flammes et, après la guerre, vous appréciez les décors raffinés d’une somptueuse bâtisse. Plus vous avancez, moins vous ne pouvez vous empêcher de penser au début du film, à cette chaleur apparente, ce coucher de soleil, octroyant aux paysages ces tons chauds et rassurants, symboles d’un paradis qui a existé, et qui n’est plus. Brutal et cruel, ce film joue avec vos émotions avec habileté, afin de vous faire entrer dans la valse psychologique dans laquelle entrent les personnages.


Personnage d’apparence antipathique, Scarlett semble ne mériter que ce qui lui arrive, pourtant le déroulement des évènements montre sa résistance naturelle et la force qu’elle incarne parviennent à générer suffisamment d’empathie pour s’attacher au personnage. Rhett Butler est ce gentleman parfait, homme d’apparence riche, mais mystérieux, bourreau des cœurs, hormis face à Scarlett, qui a su conquérir le sien. Mamma, la servante de Scarlett, touche par son côté humain et sa spontanéité, une belle performance qui vaudra à Hattie McDaniel l’oscar du meilleur second rôle féminin, première récompense de cette ordre pour une actrice noire. Melanie est la douceur incarnée, jouée par la belle Olivia de Havilland, campant parfaitement le rôle de cette femme étrangère à toute forme de colère, au calme imperturbable et à la bonté naturelle. Tous ces personnages connaîtront cette époque difficile, enchaînant la prospérité, la guerre, et la reconstruction, dévoilant ainsi les différentes facettes de leur personnalité, leurs failles et leurs faiblesses.


Ce film est une véritable claque cinématographique tant il est complet et puissant. Les personnages sont complexes, les décors magnifiques, l’histoire passionnante, la musique somptueuse, les acteurs parfaits. Il est impossible pour moi de trouver un défaut dans ce tableau que j’ai scruté dans les moindres détails et qui m’a captivé dans son exploration. Frankly my dear, this is a masterpiece.


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le 22 avr. 2015

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