La mégère apprivoisée.
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En 1937, Hollywood est en pleine effervescence. En effet, le producteur indépendant David O. Selznick vient juste d'acquérir les droits d'adaptation du roman Autant en emporte le Vent. Ambitieux, il veut en faire un film grandiose, lui permettant ainsi de se hisser à la hauteur des grands studios.
Au même moment à la Metro-Goldwyn-Mayer, le producteur exécutif Mervyn Le Roy cherche à porter sur grand écran le conte de fées Le Magicien d'Oz et ce, afin de concurrencer Walt Disney et son célèbre Blanche-Neige et les 7 nains.
La production de ces deux films s'annonce aussi grandiose que chaotique, surtout en ce qui concerne le choix de leurs réalisateurs respectifs...
Pour Autant en emporte le Vent, Selznick choisit comme metteur en scène Georges Cukor, connu pour entretenir de bonnes relations avec ses actrices. Chez Oz, on tâtonne. Si Richard Thorpe est engagé, il est très vite renvoyé pour un « manque de sensibilité dans sa mise en scène ». Mervyn Le Roy doit alors très vite trouver un remplaçant et jette son dévolu sur... Georges Cukor qui n'a pas encore commencé le tournage de Autant en emporte le Vent (il en est juste au stade de la pré-production). Le travail de Cukor sur Oz est toutefois fort limité. Il ne reste que quelques jours, prodiguant surtout des conseils esthétiques dont celui de faire porter à Dorothy les célèbres chaussures rouges. Il repart ensuite immédiatement tourner chez Selznick.
Le Roy le remplace alors par Victor Fleming, réalisateur habitué aux grandes productions et qui a une très bonne capacité d'adaptation. Cela est parfait car, le tournage étant déjà lancé, il est important d'avoir un chef d'orchestre qui puisse s'approprier immédiatement le monde d'Oz.
Du coté d'Autant en emporte le Vent, rien ne se passe comme prévu. Le tournage est un véritable enfer. Cukor ne parvient pas à gérer la pression inhérente à une telle production et ses relations avec le démiurge Selznick, qui fait sans cesse modifier le scénario, empirent. Il finit par quitter le projet complètement lessivé, laissant le film sans personne à la barre.
Selznick doit vite réagir et trouver un nouveau metteur en scène qui, dans l'idéal, serait habitué aux grandes productions et aurait une bonne capacité d'adaptation. Son choix se porte donc sur... Victor Fleming qui est cependant occupé à tourner Le Magicien d'Oz. Qu'à cela ne tienne, Selznick a le bras suffisamment long pour débaucher Fleming et le mettre aux commandes d'Autant en emporte le Vent, au grand dam de Mervyn Leroy qui engage dans l'urgence le talentueux King Vidor pour achever Oz. Vidor s'occupe alors essentiellement de tourner les scènes se déroulant dans le Kansas de Dorothy. Son travail est remarquable, prouvant encore une fois, après son film Notre Pain quotidien, son don pour retranscrire à l'écran l'Amérique rurale et son Dust Bowl.
Pendant ce temps, dans le monde de Scarlett O'hara et du Vieux Sud, Fleming se montre particulièrement efficace même si le tournage finit par l'épuiser, l'obligeant à certains moments à passer le relais au réalisateur Sam Wood et surtout, à créer d'autres équipes de tournage supervisées par William Cameron Menzies, B. Reeves Eason et Selznick lui-même. Une étude postérieure a montré que sur l'ensemble du film, Fleming aurait tourné 55% des scènes, Sam Wood 15%, Menzies 15%, Eason 1% et enfin, Cukor 5%.
Pourtant, Fleming sera le seul crédité au générique du Magicien d'Oz et Autant en emporte le Vent, éclipsant tous les autres réalisateurs. Quant à Cukor, il se consolera en tournant dans la foulée Femmes, film choral composé exclusivement de rôles féminins et avec comme actrices Norma Shearer, Joan Crowford et Paulette Godard. Celles-ci venaient justement d'être toutes recalées aux auditions pour le rôle de... Scarlet O'hara dans Autant en emporte le Vent.
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Créée
le 28 juin 2020
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