Aux cœurs des ténèbres par Sergent_Pepper
Le documentaire sur le tournage d’Apocalypse now est extraordinaire. On pourrait le comparer à Lost in la Mancha, à la différence près que le film a fini par exister. La femme de Coppola tourne et surtout enregistre son mari pendant les 238 jours de tournage. Mégalo, enthousiaste jusqu’à la déraison, le réalisateur est, de son propre aveu, le Kurtz de son équipe… L’entendre dire que Sheen sera mort quand il aura dit qu’il est mort est assez démentiel, tout comme le voir douter de son travail et le considérer comme une gigantesque merde dont il aimerait pouvoir s’échapper…
Rien ne lui est épargné, entre tornades, attaque cardiaque de Martin Sheen, Denis Hopper shooté au dernier degré et délires interprétatifs d’un Brando plein comme une baudruche…
Ce film est ce que devrait être un making off, à l’opposé des opérations marketing des bonus à DVD (« It was marvellous, John is such a amaaaaaaaazing director, it was the best film I ever did in my entire life, you know ») à savoir un documentaire in situ où l’on voit ce qui ne fonctionne pas, les interruptions, les impros. L’explication de la scène de la chambre d’hôtel du début et du miroir brisé par Sheen est aussi passionnante qu’effrayante. L’équipe a en effet effectué son propre voyage au cœur des ténèbres et la puissance du film trouve sans doute ses racines dans tout ce que ses créateurs ont pu laisser de certitude et de maitrise d’eux-mêmes.
Un seul reproche, ses 90 minutes, tant on aimerait en savoir davantage sur un monument de 300 km de pellicule avant montage…