Malgré une santé précaire, la faute principalement à la frilosité des producteurs et distributeurs, le cinéma de genre français continue à m'intéresser un minimum. Ce qui n'est pas toujours facile d'ailleurs, tant le résultat est souvent médiocre et manque cruellement d'une identité propre. Et ce n'est pas Aux yeux des vivants qui va me faire changer d'avis.
Avant de partir servir la soupe à l'Oncle Sam pour les besoins d'un énième reboot (un cycle décidément sans fin pour les cinéastes frenchy), le duo Alexandre Bustillo / Julien Maury tentait de faire de la résistance avec leur troisième long-métrage, Aux yeux des vivants, tourné une fois encore avec un modeste budget suite à l'échec attendu de leur étrange Livide.
Sorte d'hommage aux EC Comics et au cinéma de genre américain, Aux yeux des vivants souffre une fois encore des tares habituelles au bis français, sans avoir la folie furieuse de A l'intérieur ni la solidité formelle de Livide pour compenser. Si le peu de moyens nuit bien évidemment à la vision globale, pas sûr que le résultat aurait été meilleur avec un budget plus conséquent.
Incapable de s'éloigner de ses encombrantes références (Stand by Me en premier lieu), le nouvel essai des cinéastes manque une fois encore d'originalité, d'identité, déroulant une intrigue mal construite et peu palpitante, pleine de lieux communs malgré quelques idées intéressantes. La mise en scène bénéficie de très beaux paysages et de l'excellente partition de Raphaël Gesqua, ce qui permet heureusement de limiter la casse.
Loin d'être honteux, Aux yeux des vivants n'est malheureusement qu'un pétard mouillé de plus, un film prévisible et pas franchement bien joué (les gosses s'en sortent pas trop mal mais Béatrice Dalle est particulièrement mauvaise et Anne Marivin semble s'être trompée de film) malgré des intentions louables. Ce n'est pas encore pour cette fois que le cinéma de genre à la française accouchera d'une oeuvre marquante mais quand on voit les conditions actuelles de production, cela n'a rien de bien étonnant.