Ma rencontre avec Ava.
Je n'étais encore qu' un enfant quand j'ai vu, pour la première fois, Ava Gardner dans "Mogambo" tourné en 1952, sous la direction de John Ford, en Afrique. Un triangle amoureux qui se joue avec Clarke Gable, en pleine jungle Kenia, (aux côtés d' une blonde Grace Kelly, une beauté froide). Mes parents m'ont raconté que la belle Ava représentait la femme fatale d'après-guerre, elle était devenue un pur phantasme pour les hommes. Elle incarnait la sensualité, le glamour et la sexualité la plus débridée. Mon père me dira que c'était une petite coquine pour ne pas heurter ma sensibilité de gamin. Dans tous les cas quand j'ai découvert cette brune piquante, je suis tombé sous le charme, de cette plastique parfaite. Sa beauté monopolise mon regard d'enfant. À ce propos, me revient à l'esprit une petite anecdote. C'était un après-midi, où allait être diffusé" la Comtesse aux pieds nus à la télévision, ma mère m'avait dit : "Tes devoirs sont très mauvais, tu sais, il te faut les recommencer", et je lui avais répondu du tac au tac "non je ne veux pas parce que j'ai rendez-vous avec la belle Ava", en référence à la célèbre chanson" le petit Gonzales" chanté par Dalida. J'avais remplacé Anna par Ava et ça me faisait rire.
Une personnalité complexe.
En regardant ce documentaire, j'ai découvert d'une part , la personnalité sulfureuse de cette dame tant flashée et tant désirée. Sur un plateau de tournage, comme dans la vie, Ava électrise les relations. .Après 2 mariages ratés , et plusieurs liaisons tapageuses, elle croise la route du crooneur américain, icône du pays, Franck Sinatra, un homme tourmenté. Leur union va se sceller, pendant le tournage de "Pandora" a Tosa del Mar. Leur mariage est célébré en 1951. Hollywood bascule alors dans une nouvelle ère, celle de la surmédiatisation. Et Ava est une immense star dont les amours déchaînent les passions et attirent journalistes et photographes. Pour échapper à tout ce déferlement, la jeune femme quitte les USA et tourne à l'étranger.
Son amour pour l'Espagne la rend complètement aveugle.
D'autre part, j'ai appris que Ava avait passé une partie de sa vie en Espagne. lorsque l'actrice découvre ce pays, elle en tombe littéralement amoureuse. (C'est ce qu'elle affirmera dans ses mémoires publiés en 1991, après son décès).
Ava Gardner s'installe à Madrid, la capitale, de ce pays totalitaire, en pleine époque de la dictature franquiste, en1953, dans un pays qui meurt de faim, à peine 15 ans après la fin de la guerre civile en 1939. La nouvelle surprend le petit monde de Hollywood qui ne comprend pas la décision de la jeune femme, pourtant éprise de Liberté. Une question demeure : Pourquoi s'isole-t-elle dans un pays à l'écart du monde libre? La comédienne devient politiquement incorrecte. L'Espagne s'offre littéralement aux États-Unis, dans le but de sortir de son isolement. Et le cinéma fait partie intégrante de cette volonté d'ouverture. l'Espagne permet le libre accès des films hollywoodiens. Des films retouchés par la censure et validés par le Caudillo. Franco était un cinéphile invétéré. Ava devient une véritable star sur le sol ibérique. Les Espagnols l'ont admiré dans le film "Pandora" Ava vit comme une princesse dans ce pays et la population doit faire face à la misère. Et pourtant elle ne s'en soucie guère. Elle considère que la capitale espagnole est une fête. Ava devient une femme sans scrupules qui profite des largesses de la dictature. Elle vit une histoire d'amour avec le flamenco. À force de soirées arrosées, la belle gitane devient amie avec la bouteille. Elle buvait sans aucune limite, pour noyer ses peines avec les hommes et le cinéma. Son succès planétaire la fragilise et même la rend insupportable. Elle devient un mythe vivant.
Le souvenir que j'ai envie de garder.
Je me refuse à porter tout jugement, je veux juste me souvenir de cette femme sublime, dont un poster ornait le mur de ma chambre, quand j'étais ado. De son passage en Espagne, je me souviendrai uniquement de sa passion torride avec Luis Miguel Dominguin le célèbre torero , considéré comme un dieu. C'était le don Juan espagnol. Le tout Madrid réclame le couple.