Après le visionnage de ce film, deux idées s'imposent à notre esprit, qui n'en forment plus qu'une à la fin : d'abord, l'œuvre est bourrée de bonnes idées ; ensuite, ça sent la production low cost. L'idée est donc particulièrement évidente : il n'y a pas besoin d'une abondance de thune pour faire un bon film.
Car Ava's possessions est un bon film. Ce n'est certes pas une œuvre magistrale, mais c'est un projet plein de bonnes idées.
Tout d'abord, il faut en convenir, rares sont les films qui s'intéressent à ce qui se passe après l'exorcisme de la personne possédée. Tout simplement parce que ce n'est pas vendeur. Tout simplement puisqu'il n'y a plus de possession. Le démon n'est plus là, il n'y a plus de phrases en latin effrayantes, plus de têtes qui tournent et plus de projections télékinésiques. Mais ces poncifs du cinéma d'horreur ne sont des idées que pour ceux qui n'en ont pas. Et ici, le réalisateur va nous proposer l'envers du décors. Le "oui mais... Et après ?". Après, il reste bien la personne qui retrouve son corps et sa conscience, qui doit recomposer une vie qu'elle a laissée, se rabibocher avec des gens qu'elle a blessés ou effrayés, refaire une vie dans la peur que cela ne recommence. Et ici, les projets foisonnent avec notamment cette idée d'une thérapie pour surmonter cela, reprendre sa vie en main en évacuant la peur et les traumatismes ; ou avec cette idée de la possédée à la recherche de son démon, et de cette puissance, de cette indifférence à l'égard de la moralité, de la bienséance, de cette liberté totale finalement que le démon apporte avec lui ; ou encore de ce questionnement sur la culpabilité : l'ancien possédé est-il coupable du mal que le démon a commis ? Qui doit payer les pots cassés ? C'est moins spectaculaire, c'est vrai, mais c'est tout aussi riche et ça permet de proposer un film plus ambiguë, plus nuancé, et donc forcément plus soigné.
Et puis, il y a cette réalisation. Je le disais au début de la critique : on sent le côté low cost. Le jeu d'acteur, le doublage, certaines facilités scénaristiques révèlent le manque de moyen. Pour autant, la réalisation est loin d'être mauvaise, et elle montre, elle aussi, des idées audacieuses. On peut ainsi noter l'éclairage, qui est souvent utilisé comme soutien visuel au scénario. Il appuie la tension, il guide la vision, il habille la scène tout en soufflant au spectateur la bonne tenue à adopter. On peut noter également des raccords élégants qui permettent de mettre le film à cheval entre le film d'horreur, et un film impossible à classer qui prend justement le film d'horreur à contrepied. Enfin, on peut évoquer certains plans très convaincants, concernant le lien qu'Ava entretient avec son démon : l'image des tambours, le visage du démon, le symbole même de l'ours en peluche...
Sans refaire le film, force est de constater qu'on aurait envie de donner plus de moyens à un tel réalisateur. Le film n'est évidemment pas parfait, et ne pouvait pas l'être. Il n'en reste pas moins intéressant à regarder et tout à la fois original, audacieux et bien mené.