Jacques Nolot est un témoin. Un témoin partial et privilégié sur des sujets qu’on évoque peu ou mal quand on traite d’homosexualité… La vieillesse, la maladie, la solitude, la mort. Quatre thématiques récurrentes affichées, qui se juxtaposent, s’entremêlent dans une tranche de vie filmée. La vieillesse, parce qu’à 40 ans dans les bars on est déjà vieux et donc avoir 60 ans comme Pierre ici, c’est être mort aux yeux de la communauté, aux siens aussi. Ne reste qu’un petit groupe d’amis, qui confrontés aux mêmes ressentiments disparaîtront l’un après l’autre. La maladie, à travers le VIH sur laquelle les nausées, les diarrhées, les prises de médicaments perturbent moins qu’une perte de cheveux venant compléter le tableau cauchemardesque d’un corps détruit par le temps. Par ce manque de confiance, par ces préjugés la solitude est omniprésente, l’amour se monnaye, et ce n’est pas de l’amour. Restent les souvenirs, les lettres d’amants passionnés et fougueux, des objets du passé… Et la mort, celle de Pierre qui effraie autant qu’elle le séduit, celle des autres aussi, injustes. Le partenaire de toujours, par exemple, trop négligent pour sa succession qui laissera de fait une infamille spolier celui qui a partagé sa vie. On trouve tout cela dans « Avant que j’oublie », titre prémonitoire d’un fatalisme cruel. Nous sommes loin ici de « Queer as folks » ou des « Nuits fauves » qui appartiennent au fantasme de la gay attitude. Le constat est amer. Nolot nous le jette à la face, certes avec beaucoup de maladresse mais on s'en fout c'est poignant et tellement de réaliste. Son message est universel, homo, hétéro, la finalité est la même : la vieillesse souille tout.
Fritz_Langueur
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le 23 sept. 2014

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Fritz Langueur

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