Avatar, la dernière aventure futuriste en date du roi d'Hollywood actuel James Cameron, fait partie de ces films, qui, après le succès monstrueux que nous connaissons tous, s'est vu tout d'un coup entouré d'un halo de critiques négatives, pour la grande majorité non constructives, mais ce déferlement de haine est il réellement fondé ?
Avant l'aventure Avatar
Cameron, auréolé de pas mal de gros succès dans le registre de la science fiction (pas besoin d'un éventuel rappel je pense), connu pour avoir redéfini même la notion de "divertissement" au cinéma et s'être approprié un style, une patte et un univers bien a lui, a quitté le futur, les aliens et les machines pour se consacrer à un projet faramineux et assez casse-tronche : Titanic.
S'ensuit malgré les prévisions d’échec cuisant le gros film hollywoodien par excellence, la moisson de récompenses, la "DiCapriomania", le triomphe aux oscars et le succès monstrueux au box-office qui a mi fin au règne de Steven Spielberg que l'on connaît tous.
Le cinéaste s'est ensuite intéressé aux océans et aux profondeurs abyssales et a été absent du grand écran (du moins en tant que réalisateur) pendant un bon moment tout en gardant un projet en mémoire : Avatar.
Ce projet, Cameron l'avait depuis 1994, après avoir écrit un script de 80 pages traitant de cette histoire qui allait voir le jour 15 ans plus tard. Le roi attend donc que la technologie s'améliore, afin de pouvoir servir sur un plateau d'argent un film audacieux, tout ce qu'il y a de plus ambitieux visuellement parlant.
L'objet des réprimandes
Malgré sa paralysie, Jake Sully, un ancien marine immobilisé dans un fauteuil roulant, est resté un combattant au plus profond de son être. Il est recruté pour se rendre sur la planète Pandora, où de puissants groupes industriels exploitent un minerai rarissime destiné à résoudre la crise énergétique sur Terre. Parce que l'atmosphère de Pandora est toxique pour les humains, ceux-ci ont créé le Programme Avatar, qui permet à des "pilotes" humains de lier leur esprit à un avatar, un corps biologique commandé à distance, capable de survivre dans cette atmosphère létale. Sous sa forme d'avatar, Jake peut de nouveau marcher. On lui confie une mission d'infiltration auprès des Na'vi, devenus un obstacle trop conséquent à l'exploitation du précieux minerai. Mais tout va changer lorsque Neytiri, une Na'vi, sauve la vie de Jake...
Avatar, monstre du box-office, récolte plus de 2.7 milliards de dollars sur la totalité du globe, sort en 3D et réinvente les effets visuels, empoche quelques (mineures) statuettes sur un flot de nominations, devient une référence du genre, un produit de la pop-culture, la promesse d'une franchise et...se fait lyncher.
Les détracteurs reprocheront à ce film son scénario trop simpliste, la mise en avant des effets spéciaux numériques novateurs sur son écriture, sa similitude avec Pocahontas ou encore Danse avec les Loups, et... en fait, voilà tout.
Avatar, ce qu'il est, ce qu'il raconte, ce qu'il cache
Il est vrai que Avatar est reconnu pour ses effets spéciaux novateurs et bluffants. Véritable prouesse technologique, le film amène de plus la 3D dans les salles obscures et offre un spectacle visuel jamais vu jusqu'ici, et encore actuellement non surpassé (même depuis presque 10 ans).
Mais résumer l'oeuvre à son visuel est clairement une erreur, car le film possède bien d'autres aspects qui méritent d'être salués.
Tout d'abord, son casting correct, que ce soit Zoe Saldana, qui campe une farouche Na'vi dévouée à son peuple, Giovanni Ribisi, caricature parfaite de l'homme d'affaires véreux symbolisant et glorifiant le capitalisme, Sigourney Weaver égale à elle même, géniale et cinglante autant dans son attitude que dans ses tirades, sans oublier Stephen Lang, qui, certes, très cliché tant au niveau physique que dans ses répliques, rappelle non sans déplaisir les méchants bad-ass et indestructibles du cinéma d'action qui sont en voie d'extinction en ce moment (remplacés par ces méchants un peu trop... "émotifs"). Seul Sam Worthington, inexpressif comme toujours, détonne avec le reste du casting...ce qui étonnement lui va plutôt bien, personnification d'une humanité détachée d'un monde trop grand pour elle.
Un autre point fort d'Avatar, sa musique, composée par un James Horner qui a su transcender ses compositions avec les scènes concernées, et ainsi leur donner un poids émotionnel parfois très fort (la destruction de l'Arbre-Maison par exemple). Le regretté virtuose que je catalogue au même rang voir même au dessus de la bête actuelle Hans Zimmer avait ainsi donné à Avatar, grâce à sa bande originale, un impact fort sur notre ressenti similaire à celui de Legends of the Fall ou encore Titanic.
Puis que serait Avatar, sans l'indéniable richesse d'imagination de son cinéaste ? Cameron a crée un monde à partir de nombreuses influences certes, mais de l'écosystème présenté dans le film aux Na'vis, en passant par la faune et la flore de Pandora, les montagnes flottantes, la religion, la culture et la philosophie de vie des Omaticaya, tout transpire d'un pouvoir et surtout d'une volonté de création de la part du réalisateur. A l'opposé même de la plupart des productions actuelles de ce genre qui n'arrivent pas à masquer l'influence de Star Wars ou Star Trek, Avatar se montre audacieux, original, et propose une évasion dans un monde unique et imaginaire que l'on ne connaissait pas encore sur grand écran.
La forme du film, indéniablement de bonne qualité, cache aussi des thématiques plutôt surprenantes et intéressantes. A travers ce déroulement se situant dans le futur et ces personnages, je dois l'admettre, assez manichéens, le film pose un constat, un constat actuel, celui d'un monde matérialiste, gangrené par le capitalisme, qui cherche à corrompre et détruire un monde spiritualiste et empreint de mysticisme, où les habitants vivent en harmonie. Loin de seulement faire le panégyrique de l’écologie, le film dénonce sous son avalanche d’effets visuels et de couleurs la brutalité de l’homme, et il le fait plutôt bien pour un divertissement dit "pop-corn".
Un film ultra cliché ? Simpliste dans son scénario ? Peut-être...
Mais avant de poser ce constat expéditif, est-ce que l’on peut dire que l’écriture de l’émouvant E.T. l’Extra-terrestre est plus complexe et plus intelligente que celle d’Avatar ? Peut-on dire que le scénario de Star Wars, reconnu comme un des prophètes de la Science-Fiction, est original alors qu’il est pompé sur La Forteresse Cachée d’Akira Kurosawa ? Peut on cataloguer le dernier film de Cameron d’abrutissement visuel au même titre que Transformers ? Avatar est il moins original que Star-Wars : le Réveil de la Force ?
Frustration, mauvaise foi, les messages de haine concernant Avatar et sa fausse originalité ne reflètent en rien un point de vue objectif et fondé, car dans sa catégorie, c’est-à-dire le blockbuster bien bourrin sans prise de tête (prenons d'abord ce film pour ce qu'il est et comment il a été vendu), Avatar se révèle être au dessus du lot de productions hollywoodiennes actuelles et leurs scènes d’actions indigestes jusqu’à l’overdose, bien mieux écrit et bien mieux interprété.
Conclusion
Avatar, c’est plus qu’une révolution cinématographique, c’est une fresque futuriste riche en qualité qui n’oublie pas l’émotion derrière l’action. Il suffit de regarder le film une deuxième fois, sur une télévision conventionnelle, pour oublier les effets spéciaux, les intégrer à l’oeuvre au deuxième plan et suivre l’histoire, la musique, le monde décrit. Car Avatar est une dose de nostalgie cinématographique pure où se mêle pas mal d’influences (du Western au Space Opera rétro) et pas mal de thématiques (les guerres contre les indiens, le capitalisme et la barbarie de l’homme) tout en proposant une originalité qui lui est propre. Et sous ce divertissement populaire, le film possède bien-sûr une simplicité, mais une simplicité miracle, qui disparaît peu à peu de nos écrans tandis que le public redemande explosions, violence et action. Cette simplicité, c'est celle toute bête de raconter une histoire, une histoire qui nous évade, nous transporte dans un autre monde et nous fait rêver.
Parce que, qu'est ce que le cinéma finalement, hormis un moyen de conter une histoire ?