J'ai dix ans ? Enfin moi non, mais qui sait, j'aurais sans doute plus goûté à la fameuse claque esthétique 2009 by Cameron si ça avait été le cas. Par contre ma voisine de fauteuil, elle, ne devait guère en avoir plus, ce qui ferait de moi un...bref, elle a particulièrement apprécié les Na'vi, ces petits (ouais enfin petits, elle est marrante...) êtres tout bleus et "tout mignons avec leurs petites oreilles qui bougent".
Avec Avatar, Cameron ouvre une boite de Pandore, les plus mauvaises langues préfèreront parler de Pandora boiteuse. Le géniteur de Terminator et de True Lies aime la mer et les fonds marins, ce n'est pas nouveau. Outre le bleu prédominant, on retrouvera donc une faune s'inspirant de ce qu'il apprécie, comme le "Marteauceratops" ou les méduses volantes qui confèrent une certaine harmonie à l'ensemble. Au delà du visuel, l'histoire d'Avatar a définitivement des relents d'Abyss. Il me semble l'avoir déjà lu ici (Hänser après vérification), et je ne peux que confirmer cette impression, maintenant que j'ai découvert la bête. Si la nature tient une fois encore une grande place dans l'oeuvre du papa de Titanic, cette dernière constitue un écrin de choix pour dénoncer les atrocités de la guerre, pas toujours de manière très subtile hélas. Le côté quête initiatique du héros est très sympathique à suivre cependant, c'est d'ailleurs ce qui sauve un peu le film à mes yeux. Au générique de fin, mon constat est sans appel: le bleu est une couleur...tiède. Pour autant, le visionnage ne se fera pas dans la douleur, on évite donc les maux bleus. Et puis l'expérience vaut le coup, ne serait-ce que pour admirer les Na'vi qui se tapent un flash mob de fin du monde bleue. Bleu comme le ciel azuréen.
Côté acteurs, Sam "Worth une tonne" est parfois lourd, même si globalement il joue juste, et puis en comparaison du personnage de Quaritch, certes charismatique mais sans aucune consistance ni ambiguïté, j'ai finalement peu à redire. Stephen Lang rempilera d'ailleurs deux ans plus tard en Commander Taylor, un rôle fort similaire, dans Terra Nova. Curieusement, il y sera bien plus convaincant à mes yeux, grâce à une meilleure écriture (la seule chose à peu près bien écrite de la série, c'est dit !), étant donné que cette fois autour de lui, le spectacle est des plus navrants. On sourira au passage d'une paire de transfuges de la magistrale série The Shield, à savoir CCH Pounder et Matt Gerald. Enfin, belle ironie que de voir l'excellente Sigourney Weaver prendre les traits d'une alien.
Passée la performance technique indiscutable (un bémol sur une paire d'animations pas très naturelles, pinaillage de vieux joueur sans doute), j'ai trouvé le temps un peu long par moments. Je pense que l'aspect "cinématique de jeu vidéo de 2h40" a quelque peu entamé mon enthousiasme. Car oui, autant en 2009 j'étais soûlé par l'effet de masse et n'avais nullement envie de me ruer en salles, autant en 2015, enfin, j'avais un tant soit peu envie de voir Avatar. J'entends déjà les "ouais mais aussi fallait le voir à l'époque". Oui mais non. Je ne fonctionne pas comme ça, et le fait de découvrir une oeuvre "à la pointe" au moment de sa sortie, des années plus tard, ne m'a jamais empêché de contextualiser et d'apprécier pour des motifs purement techniques, ou bien tout autres. Pis bon, quand on arrive à s'extasier en 2015 sur du pixel art ou des animations 2D d'il y a 25 balais, on peut pas non plus parler d'aigreur hein.
Finalement, j'aurais pu ne pas adhérer du tout, lui coller un 2 cinglant et me prendre des "Ah ! Bâtard !". Et en fait non. Car de mon point de vue, expérimenter LA vitrine technologique de 2009 en 2015, et trouver cela encore très propre, c'est toujours mieux que de découvrir un navet tard.