Tiens, moi aussi j'ai un avis sur ce film
En l'occurence, c'est un avis négatif.
Non, je n'ai pas aimé ce film (ça vous surprend, non, j'avais pourtant mis 2 étoiles !).
Je n'ai pas vraiment envie de rentrer dans le détail, mais...
Oh, si, finalement, je vais rentrer dans le détail.
Prenons le scénario.
Beaucoup ont déjà fait les comparaisons évidentes qui s'imposaient, avec Danse avec les Loups ou Pocahontas, on ne va pas revenir dessus. Par contre, c'est assez étonnant d'avoir entendu Cameron dire partout qu'il avait cette histoire en tête depuis 15 ans, mais qu'il ne disposait pas des moyens nécessaires pour la concrétiser. En fait, on peut même dire que cette trame doit lui trotter dans la tête depuis au moins 1989, date de sortie du film Abyss, dont il est également réalisateur et scénariste. Tout y est : l'exploitation dans un milieu différent, la forme de vie inconnue, pacifiste qui vit en harmonie avec la nature, les militaires liés à l'opération qui sont prêts à tout détruire pour parvenir à leurs fins, etc ...
Du coup, même en faisant abstraction des déclarations de Cameron, j'ai eu l'impression d'être pris pour un con.
Mais bon, comme il parait que c'est normal qu'Avatar ne brille pas par son scénario, car c'est avant tout une expérience, passons.
Parlons du coup de la narration, alors. Après tout, une blague moyenne bien racontée marchera mieux qu'une vanne dont on ne saura raconter la chute.
Sauf que là, au bout d'à peine 5 minutes, la blague était déjà éventée. Le méchant est déjà méchant au début, le gentil est déjà gentil, etc. D'autant plus que Cameron sabote son film en montrant dès le début qu'il ne sait pas comment raconter son histoire. Le vieux ressort du nouvel arrivant qui découvre l'univers du film en même temps que le spectateur n'est pourtant pas amené de manière malhabile (l'ADN de son frère décédé, faisant que lui seul peut être appelé en catastrophe), mais tout le reste est d'une telle lourdeur... C'est bien simple, ma crédulité s'est évanouie au moment où l'exploitant du minerai explique la situation à Weaver, qui doit la connaître par coeur, vue la durée de sa présence sur Pandora. Je ne sais plus si c'est pour ce film que la rupture s'est faite, mais en tout cas ça m'a rarement autant sauté aux yeux : je ne peux désormais plus apprécier un film qui me montre de telles ficelles, non, de telles cordes, sans que le fâmeux contrat implicite entre le réalisateur et moi ne soit rompu.
Mais bon, comme il parait que c'est normal qu'Avatar ne brille pas par sa narration, car c'est avant tout une expérience, passons.
Tiens, et si on parlait du son.
A ben, en fait, je n'ai pas grand chose à dire. Juste que les thèmes musicaux m'ont profondément gonflé. Je me suis rendu compte assez vite qu'il y avait dans le thème principal un enchainement de 3 ou 4 notes proche de la mélodie de Titanic. Donc en gros, toutes les 10 minutes, je m'attendais avec anxiété et même crispation à entendre quelques secondes plus tard une Céline Dion plus en forme que jamais. Bon, cela nous aura été épargné, mais mon stress, lui est resté.
Et d'une manière générale, ma tolérance à la musique grandiloquente souvent présente dans les blockbusters américains s'est évaporée il y a quelques années de cela. Je ne veux plus que l'on me dise, à travers les tambours et les violons, que ATTENTION, CE MOMENT EST EPIQUE, IL FAUT ABSOLUMENT QUE TU TE DISES OMFG INTERIEUREMENT.
Quand je compare avec ce que sait faire un Spike Lee (parfois d'ailleurs avec des musiques bien pire qualitativement que celles d'Avatar), ou un Scorcese par exemple, cela ne peut que créer un fossé entre le film et moi.
Mais bon, comme il parait que c'est normal qu'Avatar ne brille pas par son traitement sonore, car c'est avant tout une expérience, passons.
Bon, ben allons voir du côté du monde créé, alors.
Pas la peine de revenir sur le bestiaire, parfois sympa (la petite bestiole qui vole à la manière de l'hélice de De Vinci, les petites méduses volantes), souvent peu inspiré (les 2 pattes en plus).
Pour le reste, rien, absolument rien que l'on ait aperçu ailleurs. Les iles qui flottent dans les airs (je ne vais pas commencer à faire la liste des bd, animes, jeux vidéo qui utilisent ce type de visuel), les arbres lumineux (déjà vus dans Final Fantasy Advent Children, par exemple), et tout le reste, au final.
Même quand il ne s'agit pas de la planète mais des machines créées par les hommes, Cameron ne parvient pas à se détacher de choses connues (l'exemple le plus évident étant bien entendu l'espèce de robot directement issu de Aliens... de James Cameron... et avec Sigourney Weaver). Pour certains, ce sont des clin d'oeil, pour moi, c'est de la redite, voire de la repompe.
D'ailleurs, j'ai eu du mal tout au long du film à me défaire de ce lien Aliens/Avatar, sans doute à cause de Sigourney Weaver, qui ne m'a jamais autant convaincue que dans les Alien.
Enfin, bon, tout cela pour dire qu'à chaque apparition d'un nouvel élément, au lieu d'avoir à faire à une découverte, une nouveauté qui pourrait me transporter, je n'ai ressenti qu'un rattachement à mes références et donc à ma condition de spectateur assistant à un film.
Mais bon, comme il parait que c'est normal qu'Avatar ne brille pas par son univers, car c'est avant tout une expérience, passons.
Car la vraie qualité d'Avatar, à en croire certains, est la claque visuelle qu'il apporte. C'est vrai que c'est vaste, que c'est coloré, que c'est animé, et qu'en définitive, on ne se retrouve que rarement à se dire que c'est en images de synthèse. C'est d'ailleurs pour cela que j'ai mis 2 étoiles, et non une seule.
Pour le reste de "l'expérience", tout n'est que reproche de ma part. En tant que premier film en 3D relief depuis leur résurrection récente, et surtout en tant que grand fan de la 3D stéréoscopique, j'attendais énormément de cette expérience. Et le surcoût de la place de cinéma n'aura fait qu'ajouter plus de poids à mes attentes.
Et elle ont été déçues dans les grandes largeurs.
D'une part, parce que les lunettes sont d'un tel inconfort pour moi qu'il me fallait les remettre en place, les enlever un court instant, afin de trouver une meilleure position.
On a connu mieux que ce détail pour pouvoir se plonger au mieux dans un film.
D'ailleurs, au cours d'un de ces redressage de lunettes, je me suis aperçu de la différence criante qu'il existait entre la version avec lunettes et la version sans. Il y avait une telle luminosité qui se dégageait de l'écran sans le filtre des lunettes, que le reste du film m'est rapidement apparu très terne. Bon, peut-être ne l'aurais-je pas remarqué sans ce problème optique, mais je l'ai vu, et ça m'a gêné encore un peu plus.
D'autre part, lors de certains panoramiques rapides, j'ai perçu ce qu'en jeux vidéo on appelerait des chutes de framerate. Des sortes de petites saccades assez désagréables. D'autant plus désagréables, en fait, que l'aspect visuel est ce qui est sensé être l'aspect le plus travaillé du film. Du coup, j'ai souvent pensé à la fréquence des images, à la technique utilisée pour créer l'effet de 3D, etc, contribuant, une fois de plus à me faire sortir du film, tout autant que de l'expérience.
Enfin, il est un point supplémentaire que je souhaiterais aborder, en réponse à pas mal de gens qui disent qu'Avatar serait le premier film pensé pour la 3D. Malheureusement non.
Sur ce point précis, l'un des aspects intéressants de ce film est qu'il n'a pas été réalisé pour simplement créer des effets 3D. En clair, il n'est pas là pour faire comme la fameuse pub d'avant film qui réalise des effets forcés pour marquer. Au contraire, je n'ai pas remarqué d'effet forcé (à l'opposé de la musique, par exemple) spécialement conçu pour nous rappeler : ce film est bien en 3D. Cette discrétion n'était pas vraiment attendue, mais elle aura été bénéfique.
En revanche, dire que ce film a été pensé pour la 3D est faux. Il a même clairement été pensé avec les mécanismes de la 2D.
Redevenons sérieux rapidement, pour nous pencher sur un effet de réalisation utilisé par Cameron.
Pour mieux montrer la différence entre la vie humaine et la vie d'avatar du héros, le réalisateur a joué tout au long du film sur la profondeur de champ.
Ainsi, sur Pandora, la profondeur de champ était infinie. la netteté était bien souvent étalée du premier plan jusqu'au dernier (à l'exception des méduses flottantes), comme pour montrer l'adhésion du héros à ce monde. En revanche, dès qu'on revenait à la base humaine (et notamment sur les plans rapprochés du journal du soldat), la profondeur de champ minimale créait un choc visuel. Evidemment, pour moi, cela symbolisait le sentiment d'être de plus en plus étranger à ce monde, au fur et à mesure que le héros s'intégrait à la population de Pandora.
Pourtant, ce choc n'aura eu de cesse que de me rappeler, une fois de plus qu'on se trouvait bel et bien devant un film à la réalisation bancale, mais en plus ça m'a fait prendre conscience que Cameron n'avait pas du tout compris comment faire pour filmer en 3D.
Au final, ce que j'ai retenu de ce film, pardon, de cette expérience est donc presque uniquement négatif.
Alors quand on me dit qu'Avatar, c'est un peu comme un grand 8, qu'il faut le prendre comme un divertissement, j'ai envie de répondre qu'en général, je préfère éviter les divertissements que je trouve trop chers, qui me gonflent, qui sont douloureux, qui me stressent et qui en plus me donnent l'impression de perdre mon temps.