C'est vrai que de nos jours, on ne peut que se sentir blasé par les plans marketing, les produits dérivés, la communication à outrance faite autour des quelques grands rendez-vous cinématographiques de l'année — autour de ces quelques monstres sacrés, décrétés d'office comme tels ou auto-proclamés, selon le point de vue. C'est vrai aussi qu'à douze euros la place (pour la version 3D avec lunettes) on peut comprendre cette impatience nerveuse, presque psychotique, d'un public chauffé à blanc par des semaines d'attente et de bandes annonces, comme il trépigne dans la file toujours trop longue, certains pour leur seule séance de l'année. On comprend aussi leur exigence et, pour certains, l'avis définitif qu'ils ont édicté, avant même d'avoir pénétré la salle.

Mais on apprend à voir au delà de tout ça. Après soixante autres films en 2009, on apprend à passer outre. Pour mieux se plonger dans une vision, dans cette vision, allégorie de notre relation à notre mère-nature, à notre propre nature également, d'êtres humains, à notre histoire passée et à venir. Et force est d'avouer qu'on est impressionné par l'esthétique, très réussie, de l'environnement ; on est subjugué par ce qu'on ne peut qualifier que de délire artistique et créatif — et en tout premier lieu la faune et la flore de la planète extra-terrestre, superbe, colorée et surtout riche, cohérente, crédible.

Avatar est un vrai défi à l'imagination. La maturation tant vantée du projet transpire derrière chaque plan, tant on devine comment tout a été pensé, étudié, documenté, de la plus simple des espèces indigènes à la plus complexe des machines de guerre humaines. On perçoit à peine l'incroyable patience qu'il aura fallu pour concevoir et amasser chacun des détails qui fourmillent à l'écran.

Bien sûr, durant ces deux heures et demie, malgré un montage énergique et sans doute éprouvant, certains passages sont moins intenses, moins divertissants ; et quelques autres, trop caricaturaux, trahissent un formatage trop hollywoodien et, bien sûr, grand public.

On en revient ainsi à la loi du plus grand nombre. Mais de toutes façons, en fin de compte c'est bien lui qui a raison. Et, ma foi, voilà qui m'arrange, cette fois je suis bien de son avis. Le dernier James Cameron fait travailler les sens et vibrer une vielle corde qui rappelle ses meilleurs opus.

Note sur l'édition Blu-ray: L'image est propre, presque cristalline, l'animation a un peu vieilli mais dans l'ensemble je reste sur mon avis de départ. De nombreuses scènes coupées apportent un relief certain aux personnages secondaires (notamment celui de S. Weaver) voire à tout un pan de l'histoire et renforcent cette impression de travail de fourmi.
billy_costigan
8
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le 17 avr. 2011

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billy_costigan

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