Un film 3D spectaculairement unidimensionnel.
"Avatar" a la simplicité, l'efficacité et la finesse d'un film de propagande totalitaire.
Inutile de réfléchir, tout a été prévu pour que j'aime ce personnage, pour que je déteste celui-là, pour qu'à telle minute je pense :"Ouah, plein la vue !", pour qu'à tel autre je pleure, pour qu'à tel autre je sois révolté, pour qu'à tel autre je sois émerveillé, etc... La participation demandée de la part du spectateur est une simple réception passive. Le scénario est prévisible en diable, et me rappelle d'ailleurs une nouvelle de Pierre Christin sur la colonisation d'une planète aux êtres humanoïdes de couleur bleue.
Alors oui, les images sont superbes, des trucs volants phosphorescents aux machines, en passant par le vent dans les arbres, les effets de profondeur, de lumière, d'humidité, etc... Et les acteurs sont bons (car oui, au départ je croyais que tout était en 3D) : il y a Sigourney Weaver qui nous rejoue "Gorilles dans la brume", et les méchants sont bien réussis. Et il y a la jolie Michelle Rodriguez.
Mais regardons le contenu, et là c'est affligeant. Car non, le message premier de ce film, ce n'est pas "revenons à une vie plus simple". C'est "Achète le Home Cinéma haute déf. qui te permettra de profiter à fond des prouesses techniques de ce film et d'épater tes voisins". Et tout concorde à dévoyer le message de surface que prétend transmettre le film :
- la connexion avec les animaux des Na'vi conduit, pendant l'épisode de guerre fort prévisible, à utiliser au fond ces bestiaux comme des instruments. Les Na'vi perdent donc leur contact avec la nature et ressemblent à grande vitesse à des hommes.
- Avatar n'est PAS un putain de film pacifiste. Une fois que le film a bien fait comprendre que les Na'vis sont dans leur droit, on peut passer à l'étape suivante : faire jouir le spectateur quand il voit des méchants humains se faire écrabouiller, déchiqueter, exploser, etc... On retrouve le côté Rambo de Cameron, amateur de scènes de rodéo et de plaisanterie de vestiaires de marines, quoi qu'il en ait.
- l'alternance 3D-prise réelle est une bonne idée, mais la 3D est et restera toujours synthétique. La démonstration est donc ratée.
Donc si "Avatar" fut une révolution, ce fut surtout pour les fabricants et vendeurs d'écrans LCD. Ce film n'a pas changé nos habitudes de consommation, et sa descendance cinématographique, au vu de l'énormité des moyens qui furent nécessaire, est et restera des plus modestes.
Si je pouvais, je reviendrais il y a 4 heures et je m'empêcherais de regarder ce film.