Dieu a créé la Terre en 6 jours et s’est reposé le 7ème. Mais il en a fallu beaucoup plus à James Cameron pour enfanter de Pandora. Faute des technologies adéquates à l’époque, le réalisateur s’est attelé à la reconstitution minutieuse de son Titanic, et à continuer d’explorer les fonds marins afin de repousser les limitations de l’équipement 3D (Les Fantômes du Titanic, Aliens of the Deep), et de se perfectionner à leur utilisation. Dans le même temps Le Seigneur des Anneaux sortait et avec lui la nouvelle technologie de performance capture qui allait révolutionner l’industrie et enfin lui permettre de concrétiser sa vision. 15 ans après sa sortie, il suffit de revoir Avatar en 3D sur grand écran pour constater que non seulement le film n’a pas pris une ride mais qu’il met encore à l’amande la plupart de ses concurrents sur le plan technique. C’est dire l’empreinte qu'à laisser le film dans le paysage hollywoodien de la précédente décennie, devenant le moteur de cette effervescence stéréoscopique qui s’est malheureusement éclipsé avec la crise du covid. Son succès record redonna un second souffle au blockbuster contemporain au fur et à mesure dévitalisé par plusieurs phases standardisés de productions estampillé Marvel. C’est cette limitation technique qui fait figure de point de bascule dans les réactions très contrastées de la part du public.
Néanmoins, il faut bien reconnaître que le tapage marketing reste la plus grande ennemie surtout quand l’expérience de visionnage conditionne totalement l’avis que l’on s’en fait. Il est évident qu’une personne le voyant en 2D sur son écran de TV passerait forcément à côté et que les attentes démesurées accoucheront d’un pétard mouillé. Avatar est avant tout un film immersif qui nous invite à découvrir un environnement luxuriant et parfois vertigineux dont on peine à discerner l’artificialité tend celui-ci apparaît plus vrai que nature. Nous y suivrons donc Jack Sully, un marine estropié missionné d’infiltrer une tribut de navy qu’une grande corporation tente de chasser de leurs terres afin d’accéder à un gisement de minerai rare et précieux. Son intégration se fera par le truchement d’un avatar avec lequel il sera intimement relié par l’intermédiaire d’une machine, afin de se confondre aux autochtones locaux qui se caractérisent par leur looks de beatniks, leurs teints schtroumpfesque et leurs grandes queues qu’ils aiment fourrer dans les dragons, chevaux, arbres et buissons ardent. N'y voyez cependant rien de sexuel là dedans, puisque cela leur permet de se connecter à un vaste réseau dans lequel communique tous les êtres vivants. Le récit divise les forces en présence en deux camps ennemies, celui des hommes cupides qui ne visent qu’à détruire, polluer et exploiter les ressources naturelles de Pandora et de l’autre les natifs qui tentent de résister vaille que vaille avec leurs flèches et leurs lances pierre face à d’impitoyable machine de guerre. Sur le plan narratif, nous sommes donc en terrains conquis, et son déroulement balisé ne surprendra personne entre son rite d’initiation, sa romance, et sa rébellion qui aboutira à un conflit aux enjeux primaires nous renvoyant directement aux origines de notre monde : des conflits du moyen-orient à la déforestation de l’Amazonie ou bien l’implantation violente et sauvage des premiers colons sur le continent américain.
On ne peut néanmoins se résoudre à caractériser Avatar sur cette simple allégorie des cow-boys contre les indiens tant l’approche est en réalité bien plus subtile et vise à réinvestir l’imaginaire du public à travers de nouvelles frontières qu’il convient de conquérir. Cet univers foisonnant se voudrait également porteur d’un message éco-responsable. On connaît évidemment les convictions de son réalisateur sur la préservation des espèces et de l’environnement. Ici le sujet trouve une résonance particulièrement pertinente qu’il est donc généré de manière digitale et ne peut être véritablement apprécié que par une paire de lunette 3D. Paradoxalement, dans sa propension à vouloir livrer une expérience totalement immersive qui permet à son utilisateur de vivre une vie par procuration en se connectant à ce métavers, cela ne fait qu’en accentuer le sentiment de mélancolie une fois la session terminée et provoque ainsi une addiction propre aux jeux-vidéos, avec le danger qu’implique ces comportements sociaux qui isole plus qu’il rassemble. Jack Sully en fera justement l’amère expérience en confondant son identité à celle de son avatar avec lequel il finira par fusionner pour vivre le fantasme ultime.
T’aimes l’odeur du blaster fumé au petit déjeuner ? Tu rêves de pouvoir voyager à travers d’autres dimensions afin de quitter ce monde de cons ? Rends-toi sur L’Écran Barge où tu trouveras toute une liste de critiques dédiées à l’univers de la science-fiction, garanties sans couenne de porc.