épisode filler
Je suis, moi aussi, allé communier à la grand-messe du cinéma et je me dis que c'est pas possible... Il faut interdire James Cameron d'approcher de près ou de loin d'un outil scripteur (quel qu'il...
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le 20 déc. 2022
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Y' a-t-il un projet cinématographique que le monde entier attendait plus que ce nouvel opus de James Cameron? Sans doute que non. Quinze ans d'attente pour réaliser ce qui s'annonçait comme la suite grandiose d'une histoire et d'un univers énigmatiques, et surtout, DU film qui a révolutionné l'entrée du cinéma dans le siècle naissant. Avatar: La Voie de l'eau reste cependant la plus grosse déception que le cinéma a pu m'offrir à ce jour. Un gâchis, une attente ruinée par un film qui perd tout son sens dans une suite sans intérêt.
Et pourquoi d'abord s'acharner à faire cette suite ? Le 1er film ne se suffisait-il pas à lui même? Dans le cas de ce nouvel Avatar, on pourrait se dire qu'effectivement, cette suite est inutile.
Premièrement, car elle semble redessiner tout ce que James Cameron avait mis en place lors du premier opus, à savoir une différence et une opposition forte entre les humains d'un côté, et les Na'vis de l'autre. Les uns ont des vices, exploitent les ressources cachées, détruisent l'habitat de populations primitives sur une autre planète, après l'avoir fait sur la leur. Ils sont violents, cruels, insensibles, leur unique but étant de profiter de ce que leur alter ego possède. De l'autre côté, les Na'vis sont des êtres sages, soudés, aux liens indicibles et indestructibles. Jake, lui, se trouve entre les deux, et va finalement choisir ce qui lui correspond le plus, et devenir un réel Na'vi.
Ici, on ne retrouve plus cette différence si fondamentale sur laquelle reposait le premier film. La famille de Jake et les populations de Pandora sont douées des mêmes problèmes que les humains lambda. Ils sont tout autant cruels, comme le montrent les ridicules scènes de discrimination des peuples de l'eau sur Lo'ak, ne sont plus un peuple soudé et aux liens si forts: la désobéissance des enfants, leur égoïsme dans certains passages, la famille plus du tout soudée. Par dessus tout cela, ils sombrent dans une violence et laissent place à leurs émotions et à leur impulsivité pour dicter leurs actions: la vision bien trop sauvage de mère agressive de Neytiri.
Tous ces problèmes prennent racine dans la centralité du film, qui reste finalement si mal exploitée dans son ensemble, là où elle aurait dû amener à des scènes bien plus poignantes et à un message profond: la famille. James Cameron fait de son second film de la franchise une fresque familiale qui, à terme, en devient ridicule. Certains personnages inexistants, des relations incompréhensibles ou peu expliquées, et avant tout, une vision étrangement stéréotypée sur le monde familial et sur les relations en résultant, qui contrastent avec la réelle singularité du premier et son message d'ensemble. Tout le monde avait compris dès le premier film que le peuple Na'vi était soudé et fonctionnait comme une vraie famille, pas besoin de le rappeler dans le second en en faisant le point névralgique du projet.
Si la dimension familiale déçoit, on peut évidemment se rassurer sur les qualités visuelles de ce nouvel opus. Un travail exceptionnel des teintes de bleu, une utilisation intelligente des évolutions visuelles qui desservent à la perfection un univers si étendu et magnifiquement pensé, une planète onirique qui ne ressemble en rien à ce que nous faisons de la nôtre, et qui cache finalement mille trésors plus magnifiques les uns que les autres. L'arrivée d'une nouvelle population, bien qu'elle établisse une différence et amène à des conflits peu pertinents dans l'intrigue, constitue également une prouesse visuelle qui témoigne de toute l'imagination du réalisateur, et de la créativité des équipes techniques pour s'atteler à différencier les peuples par de petits détails qui viennent justifier le lieu de vie ou les expériences passées. L'univers de l'eau est donc magnifique, et le visuel reste au rendez-vous pour un véritable coup de maître sur ce point précis.
Néanmoins, au bout de trois heures, cela fait beaucoup. Le spectateur reçoit certes un véritable shot de couleurs et en prend plein les yeux, mais s'il n'y a rien derrière, l'inutilité se fait ressentir. Une forme sans fond, cela a toujours été dommageable. Car le film se perd dans un brouillon constant. Mal construit, les scènes se succèdent de façon peu compréhensible et perdent aussi le spectateur. Presque aucune mise en contexte d'abord; quinze ans de vie utopique résumés en quelques minutes à peine, pareil pour le retour des Hommes sur la planète et sur leurs réelles motivations. Ce que voit l'admirateur et le spectateur, ce sont de belles images qui semblent desservir une histoire magnifique, mais qui en en réalité se succèdent trop vite pour comprendre quoi que ce soit. Un incendie créé par l'arrivée des vaisseaux qui semble n'avoir aucun impact réel sur les Na'vis, un univers nouveau presque pas présenté, et encore une fois, un contexte pas ou peu expliqué... Et ce problème de rythme et de construction va se répercuter par la suite. Que dire de cette scène de bataille finale, censée être centrale pour le film et l'histoire, et qui se perd dans un Climax aux explosions à répétition, et des enchaînements d'actions interminables, tout comme les rebondissements, par ailleurs si prévisibles et qui ne semblent pas dignes d'un projet comme Avatar.
Il manque donc beaucoup de choses dans la construction de l'intrigue, qui perd le spectateur dans un mélange incohérent et brouillon, et dans des longueurs difficiles à digérer. James Cameron nous emmène dans un univers magnifique, mais qui semble rester lui même muet face aux beautés visuelles qu'il dégage.
C'est ainsi que le film achève de décevoir celui qui attendait un grand film dans tous les sens du terme: il n'a aucun intérêt. Que veut-il montrer ? Là où le premier opus mettait en avant des sujets sociétaux et environnementaux plus actuels que jamais, tels que la surexploitation des ressources, la déforestation, la non considération et non respect des populations primitives, et j'en passe; Avatar: La Voie de l'eau ne dit rien, pas une seule dénonciation différente du premier, qui en deviennent donc répétitives, et donc sans intérêt aucun. Un film qui dit quelque chose avant de montrer quelque chose reste donc un film réussi. Ce n'est pas le cas de ce nouvel opus qui base sa réflexion sur le côté bourrin que l'on reproche si souvent aux blockbusters classiques...
C'est donc à cela qu'a été relégué Avatar avec ce nouveau projet: un blockbuster trop normal pour être réel, qui satisfait uniquement un public désireux d'action et de belles images, mais qui ne dit rien ou presque, pour défendre la position que le premier film avait adoptée. Les Na'vis eux aussi, relégués à un simple prolongement des humains, avec des vices si semblables aux nôtres, et des attitudes si proches de nos mœurs profondes.
James Cameron avait donc parié, et déçoit finalement. Trois heures d'un film aux allures de gâchis et qui ne laisse rien présager de bon pour la suite... C'est peut être cela le problème au fond, vouloir trop en faire, au risque de décevoir. Reste maintenant à trouver le juste milieu...
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Créée
le 27 déc. 2022
Critique lue 30 fois
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