Bienvenue dans le monde des Na'vets

- AVEC SPOILERS -

Il suffit d'avoir déjà écrit ne serait-ce qu'une seule fois dans sa vie pour savoir qu'un projet qui prévoit, avant de les avoir écrit, 4 films supplémentaires (voire deux de plus encore) à intervalle fixe de 2 ans, c'est pas possible... sauf s'il ne s'agit que de business.

Le film commence, et déjà, ça ne va pas. On nous sert la même ouverture dans la brume que pour le premier, bof. On nous présente les personnages, par une ellipse d'une banalité déconcertante qui nous amène en quelques minutes à l'élément perturbateur, qui n'est autre qu'exactement le même, et présenté comme si c'était une anecdote. Non le film ne prend absolument pas son temps, il s'attarde sur les mauvais moments, ce n'est pas la même chose ! Est-ce que j'ai besoin de critiquer l'intrigue ? On avait battu les méchants humains dans le 1, ils sont de retours dans le 2, dirigés par le même mec mais c'est normal, parce qu'en fait on a enregistré son cerveau sur une carte SD. Bienvenue dans le monde des scénarios qui font 2 milliards au box-office... Et au delà du foutage de gueule absolu que représente cette histoire, il y a carrément des passages incohérents : on lance véritablement le film avec Quaritch qui part de la forêt amazonienne pour aller chercher où se planque Jake. Mais comment sait-il qu'il est parti se planquer ? Je veux dire, il y a carrément la quête du film qui est insensée, en plus du fait que Jake n'a aucune raison de vouloir partir se réfugier chez les surfeurs plutôt que de combattre comme il l'a toujours fait. Il attend quoi, que les hommes colonisent toute la planète ? Non parce qu'à la base ils sont là pour remplacer la Terre en prenant le contrôle de Pandora, rien à foutre d'un mec qui chasse des poissons en culotte avec son merdeux de gosse, et pourtant tous les moyens de l'armée sont mis juste pour l'abattre. Et puis l'exposition de la situation dans l'avion avec le colonel qui explique à ses hommes ce qu'ils peuvent faire avec leur nouveau corps et le fameux "Eh chef pourquoi on est là ?". Sans compter les répétitions aberrantes des pleurs de Neytiri pour la destruction expédiée de sa forêt (exactement les mêmes que dans le 1 pour exactement la même chose qui enlève ainsi toute émotion), le gosse qui écoute pas son père et qui dit "pardon chef" vingt fois avant de recommencer toutes les 5 minutes, un nouvel arbre magique mais sous l'eau... Décidément je m'apprête à regarder 3h15 d'un film qui se fait pas chier. Et pourquoi il se fait pas chier ? Parce que tout le monde va dire que "visuellement c'est magnifique".

Venons-en à ces fameux effets spéciaux. Je n'ai pas peur de le dire : je trouve Avatar 2 globalement moche, voire même parfois mal fait. Si je ne dis pas de bêtises, la première chose qu'on apprend à l'école c'est qu'un effet spécial est réussit lorsqu'il n'est pas remarqué. Raté. Regardez la scène du train qui déraille ou les explosions des bateaux lors de la pêche et osez me dire que c'est époustouflant. C'est du niveau des premiers jeux PS4. Et en parlant de jeux vidéos, parlons de la HFR. J'ai regardé Avatar 2 dans les meilleurs conditions possibles : dans une des plus grandes salles IMAX d'Europe, 3D, HFR... la totale. Et bien c'est dégueulasse. Le changement d'images par secondes donne l'impression qu'on regarde une cinématique de jeu et puis tout à coup, en plein milieu de l'action, il y a un plan qui passe en 24 ips, ce qui nous donne l'impression que le film bug. Et c'est ça pour toutes les scènes d'action : on est en 48 ips, un plan de 2 secondes en 24, on retourne en 48, puis on a un contre-champ avec autant de mouvement en 24... POURQUOI ?! Ce n'est pas comme si les scènes d'action étaient fluides et les moments plus lents en classique 24 images par secondes, non James Cameron a choisit n'importe comment sa fréquence d'images. On dirait presque que c'est aléatoire. Bon et puis la 3D est plate, les mouvements des personnages ne sont toujours pas réalistes... Mon problème avec l'esthétique du film, c'est que le full CGI ne peut pas faire un film magnifique à mes yeux. Et puis un reflet de lumière sur le duvet de poils du ventre d'un personnage, excusez-moi mais ça ne m'intéresse pas. Je ne trouve pas ça beau, malgré certains plans somptueux tout de même (cf. la baleine en contre-jour). Donc non, Avatar 2 n'est même pas beau pour moi.

Le point fort de ce film réside dans ses personnages. Même si la plupart sont écrits avec le cul, je dois avouer m'être attaché à Kiri, Tuk, Lo'ak et à nouveau cette super Neytiri. Mais ça ne suffit pas, surtout quand le reste du cast balance des dialogues d'un niveau ridicule. Étonnamment, je retiens un très léger humour bien placé et réussit, comme la question de Jake à son fils après l'avoir engueulé pour la bagarre ou la petite Tuk râlant d'être toujours attachée à la barrière (peut-être parce qu'on ne sait pas encore quoi faire de ce personnage cependant).

Le point qui m'a le plus déçu, c'est la musique. C'est criminel de nous donner lors des bandes-annonce des musiques aussi géniales, transpirant le mysticisme et la beauté de ce qu'aurait pu être Avatar 2 (celles du teaser et surtout du premier trailer) pour nous refiler globalement dans le film la bande son du premier opus. Elle ne sert pas les moments dramatiques, ni l'action, ni la découverte de nouveaux paysages, rien. Elle est d'un académisme... Comme cette affiche, non seulement c'est moche mais il n'y a rien de plus classique. Pour un film qui se veut visuellement époustouflant, je m'attendais à un meilleur graphiste. Les moqueries sur le choix de la police d'écriture Papyrus pour le premier volet n'auront pas suffit.

Le seul apport que je vois par rapport à Avatar premier du nom, c'est un méchant un chouille plus fin. Mais ça reste très manichéen, typiquement le vétéran avec la cicatrice, la voix grave et qui n'a aucune sensibilité. Dernier point légèrement remis en question dans celui-ci.

Sinon, certains moments sont sympathiques, les plongées sous-marines sont tout de même assez belles et la relation familiale est intéressante et n'est pas si mal retranscrite.

En bref, on ne change pas une équipe qui gagne. On reprend les mêmes, on les fait aller dans un autre décor qui fait frémir le grand public et le tour est joué. On n'est pas loin du néant, mais tout le monde va encenser ce film parce que "l'eau c'est le plus difficile à faire" et tous ceux qui n'aimeront pas seront vus comme des rabat-joie qui veulent juste aller à l'encontre de la majorité. Bienvenue dans le cinéma de James Cameron, bienvenue dans le monde des Na'vets.