Choisir d'aller voir un film bulgare relève du défi. Disons plutôt clairement que je n'aurai pas choisi la langue bulgare en LV2. Passé ce stade et cinq premières minutes où l'aprêté du langage vous fait regretter vos 6 euros, le film démarre pour vous emmener définitivement ailleurs, et ailleurs c'est déjà pas si mal que ça.
Kamen et Avé se rencontrent en faisant du stop au bord d'un périphérique. Ni le même caractère, ni le même but, ils font pourtant route commune au grand dam d'un Kamen agacé par les mensonges répétés d'Avé. Ils se séparent, se retrouvent un peu plus tard pour ne finalement plus jamais prendre des chemins différents. Le premier film de Konstantin Bojanov (plus bulgare tu meurs...) est un road movie touchant, pudique où l'apprentissage de l'autre permet la découverte de soi même (formule passe-partout cela dit). Les mensonges d'Avé sont le postulat de départ du film. Cependant, la question est universelle : que cachent ses mensonges ? N'est ce pas fuir la réalité pour mieux se reconstruire ?
Les 2 interprètes sont magnifiques de justesse. Ovanes Torosyan, bien qu'ayant un nom à coucher dehors, se révèle être un excellent acteur dont les grands yeux bleus vous laisse un souvenir durable. Et que dire d'Anjela Nedyalkova ! Si belle soit-elle, elle s'en tire avec les honneurs interprétant avec conviction une affabulatrice aussi fragile que l'énormité de ses mensonges.
Ce premier film, road movie admirable, ne vous donnera cependant pas envie de passer votre été sur les côtes de la mer Noire. La tristesse des paysages bulgares n'offre guère de destinations exotiques pour le touriste que nous sommes. En revanche, le cinéma bulgare continue de nous surprendre avec le récent Eastern Plays de Kamen Kalev (Prix du jury à Premiers Plans-Angers) et ce film que je vous recommande bien évidemment d'aller voir.