AVE - Konstantin Bojanov (2011) : un road trip et un film glauque.

Avé se présente comme un road trip. On ressent donc une énorme soif de liberté. Les personnages sont prisonniers de leur corps, de leur pays, et de manière complétement conditionnée, de la société, de leur sentiments et même de leur propre besoin d’évasion. Mais leur quête pour de dégager de tout, elle-même semble déboucher sur un non lieu. Et cela parce qu’avé n’est pas un road trip qui fait rêver. C’est un film glauque qui met en scène des jeunes gens paumés dans un monde qui ne peut pas les comprendre.

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Le monde extérieur est quasiment absent dans Avé. Ce seront les routiers avides de sexes, les prostitués et d’autres gens encore plus paumés qu’eux qu’ils croiseront. Comme deux enfants qui ont grandis trop vite pour se défendre, ils fuient à chaque fois, sans laisser de trace. Et les oublient presque aussitôt. Le monde leur est hostile, froid, cruel. Ils le deviennent un peu, sans y prêter attention.

Kamen est un personnage que nous trouvons en tant que spectateur au départ presque détestable. Il ne semble rien éprouver, et derriere son physique renfrogné, il a tout du délinquant en cavale. Il a, évidemment, traversé des passages difficiles. Il enferme au plus profond de lui-même une certaine colère vis-à-vis du monde entier, et en même temps, un grande tendresse. C’est lui qui autorise à Avé sa présence, une jeune fille complètement mythomane et rêveuse.

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La vérité en prend un coup à chaque fois qu’Avé ouvre la bouche. Elle s’invente des personnalités, à elle et à kamen, et il doit s’adapter. Finalement, il finit par la laisser faire, et juste acquieser. pourtant, il n’a pas l’air menteur, mais plutot tres honnete. Avé n’est pas malhonnête, son systeme de valeurs est juste différent. Elle ment pour Kamen n’aime pas parler beaucoup, en revanche, avé a toujours un mensonge a raconter. Le seul moment ou elle semble réellement raconter la vérité, c’est au moment ou les deux personnages doivent vraisemblablement se quitter, et bien sur, ne jamais se revoir. on percoit a ce moment qu’Avé dit la vérité parce qu’elle n’a jamais eu autant de mal a parler. la vérité lui fait peur. Kamen comprend comme nous à ce moment qu’Avé ment parce que c’est sa facon a elle de se protéger du monde.

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Avé, puisque c’est autour d’elle que tout se fait, nous apparaît tout de suite comme très très jeune. Certaines répliques sont teintées d’une certaine naiveté face aux choses. Pourtant elle est très lucide, et surtout beaucoup plus intelligente que ce qu’elle laisse voir. elle arrive comme ça dans le plan, quand kamen fait du stop, et par interet, ils vont monter dans la meme voiture. Ils vont au meme endroit. Finalement, il vont faire route ensemble.

De ce qu’elle raconte de sa famille, on découvre une grande part de souffrances cachées et mal assumées, un frère admiré mais junkie, une mère et un père aimants mais completement deconnectés. C’est donc une jeune fille seule, désespérément seule qui part à la recherche de son frère. Sauf qu’il est a l’hôpital, avec ses parents, et qu’elle ne les croit pas. Si elle ne les croit pas, c’est parce qu’elle se déconnecte à ce moment officiellement de la réalité, trop dure pour elle. Encore une fois, elle fuit.

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Si kamen parle de ses amis, Avé ne semble pas en avoir. Elle ressent trop et fuit tellement de choses que le spectateur ne la comprend pas. Les multiples découvertes que nous faisons sur ce personnage au cours du film confirment son aspect mystérieux. Nous croyons la comprendre, et a chaque fois quelque chose vient ébranler cette connaissance. Elle souffre de la vie que lui offre son entourage, parce que cette vie ne lui suffit pas. Elle est le spleen, plus qu’elle l’incarne.

Dès lors, elle prend tout de suite énormément de place. De par sa complexité, sa particularité, et son aspect désespérément unique. On oublie presque que c’est le périple de Kamen que nous suivons. Cela provient du profond sentiment de perdition et de solitude que l’on ressent tout au long du film. Ils sont tous les deux, et pourtant, ils sont complétement isolés. Cela transforme aussi le road trip en voyage initiatique qui devient finalement une espèce d’errance décadente. Les décors glissent de plus en plus vers une variété de lieux plus glauques les uns que les autres. Ce qu’on croit être au depart un voyage rapide va devenir de plus en plus long, et finalement, aboutir sur rien : Kamen a raté la cérémonie de mise en biere de son meilleur ami. Ils se restaurent donc, et repartent.

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Ce sont deux enfants, que le temps rapproche le temps d’un voyage, les obligeant à faire face à la dualité et les obligeant à sortir de leur carapace. Ils sont poussés l’un vers l’autre parce que leur route les a mis la et leur route et que les mensonges d’Avé ne gênent plus Kamen. Enfin, pas autant qu’il le laisse entendre.

Kamen va se transformer au court du film. Il passe du stade d’un étranger completement renfrogné et flippant à un jeune homme attentionné et plutot sympathique. Si le voyage échoue donc, c’est parce qu’Avé a tellement peur du bonheur qu’elle le fuit comme le reste. D’où ses larmes dans la voiture qui l’emmene encore ailleurs, et son mensonge, encore un autre. Avé fuit le réel, elle fuit aussi le bonheur quand elle croit qu’il est là. Elle ne vit que dans ses mensonges.

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Le mensonge dans Avé est une délivrance, un bonheur que les personnages ressentent. Kamen, alors qu’il est dans le train dans une des dernieres scenes, sort son premier mensonge. ce mensonge est décisif. D’ailleurs, lui-même souri. Néanmoins, si Kamen ment, il ne se coupe pas totalement du réel. Avé ne cherche que cela. Sa mythomanie la pousse à le faire.

bande annonce :



drame bulgare

réalisation : konstantin bojanov

acteurs : anjela nedyalkova et ovanes torosyan

1h26

Prix spécial du Jury - Meilleur film - festival du film de Sarajevo
NafiDiop
9
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le 5 déc. 2013

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