Endgame of stones
Il s'installe en ce mois d’avril une ambiance fin de règne sur la planète pop qui a paradoxalement de quoi réjouir. J’aime voir les compteurs s’affoler et un certain nombre de générations bruisser...
le 28 avr. 2019
200 j'aime
34
Attention Spoilers tout au long de la critique !!!
Dire que j’aime Marvel est un euphémisme. Les comics, les personnages, les accessoires, Marvel est un univers complet, protéiforme, vivant. Son univers cinématographique est à son image. Les détracteurs Marvel appellent à un cinéma spectacle, une sorte de travail à la chaîne où le résultat final n’est que la superposition de l’archétype du film précédent sur un nouveau film. Si l’argument est parfaitement valable, on loupe à mon sens tout un pan du MCU (Marvel Cinematic Universe). En effet, ce MCU marquera à jamais le monde du cinéma, à travers son univers partagé où chaque personnage se croise, chose parfaitement géniale pour tout fan de comics qui retrouve là le même système que dans les bandes dessinées. D’un point de vue négatif, cela appelle à voir tous les films, qui sont généralement en nombre conséquent par an. La vague du business a fait passer Marvel studios de 1 à 3 films par an en 10 ans, avec pas moins de 23 films au total (en comptant Far From Home qui ferme la phase 3).
Ce monstre ouvert avec Iron man n’a laissé que peu de place à la distinguée concurrence, DC, qui peine à créer son propre univers. Si le film n’appelle pas forcément à une comparaison, il est affligeant de constater où en est DC avec son exécrable Justice League et Marvel qui nous sort cette année son chant du cygne qu’est Avengers Endgame.
Avengers Endgame n’est pas mon film Marvel préféré. Je préfère de loin Infinity War, dans son rythme quasi linéaire simplifié par la fragmentation du récit entre les différentes équipes d’Avengers et dans les prises de risques du film. Le cliffhanger de fin, bien que prévisible quand on connaît le matériel de base, laisse le spectateur sans voix. Avengers Endgame arbore donc cette première difficulté : répondre aux exigences d’Infinity War et rebondir sur l’histoire laissée en suspens. C’est chose faite du côté de l’histoire : un sauvetage, une mission, une décapitation. Infinity War est réglé en moins de 20 min. Paris osé quand on sait que les spectateurs ont dû attendre un an avant d’avoir cette suite.
Pour bien séparer les deux films, Marvel emploie l’ellipse, un procédé qui permet au film de faire un bond dans le temps de 5 ans, pour voir les retombées d’infinity war sur la société, première partie qui peine à mettre en marche le film de façon dynamique mais qui a le mérite de poser les bases à un film qui dure pas moins de 3 heures. Ce film se divise en trois actes que nous aborderons séparément.
Acte 1 : un monde post-apocalyptique.
On retrouve donc les personnages encore vivants, le récit se concentre sur un groupe unique la où Infinity War picorait aux quartes coins de la galaxie. Chacun gère à sa façon le deuil et la défaite, et les plus meurtris ne sont pas les plus évidents à deviner. On a une pensée pour Black Widow qui arbore un rôle ici qui n’est pas celui dans lequel on a l’habitude de la voir. Captain qui se retrouve dans un groupe de discussion, Stark père de famille, Hawkeye serial killer, Hulk intelligent et enfin, le cas de Thor, rien ne va plus du côté des Avengers. Le cas de Thor a fait l’objet de critiques importantes, du fait de son obésité et de son alcoolisme assumé dans ce film. La seule critique qui me semble viable repose essentiellement sur le fait que Thor sert dès lors de personnage comique, sorte de gros patapouf sur lequel se poser pour être à l’aise et rigoler. Cet aspect prépondérant supplante un aspect très intéressant du personnage que ce film met en avant : Thor est affecté par la situation et son corps n’est que l’allégorie de son état d’âme. Au détour d’une discussion avec Hulk, on constate que Thor se ronge de l’intérieur, qu’il se sent coupable des morts d’Infinity War et qu’il ne s’est jamais remis des morts que lui même a vécu au sein de son histoire. Nos héros sont désespérés, ça se sent. Puis : un rat, un bouton, Antman est de retour tout droit revenu de son deuxième film Ant-man and the Wasp où il restait coincé dans le monde infiniment petit à la fin du film. L’acte 2 peut commencer.
L’acte 2 : retour dans le MCU
Le retour d’ant-man permet 3 choses : passer à l’acte 2 du film, permettre aux personnages de se rassembler et introduire le voyage dans le temps à travers le monde infiniment petit. Si l’explication du voyage dans le temps semble plausible, elle s’avère extrêmement bordélique dans le film voire parfois carrément incompréhensible. Mais elle permet à Endgame d’arborer un rôle qui est le sien : ce film est la conclusion de 10 ans d’aventures, il est donc normal d’en faire une sorte de rétrospective nostalgique. Avengers, The dark World, Les guardiens de la galaxie sont les trois films utilisés ici. On en voudrait toujours plus mais ces films permettent déjà des scènes particulièrement intéressantes : Thor face à sa mère vient encore une fois appuyer ce que j’évoquais précédemment. Tony face à Tony reste Tony. Mais c’est peut être Captain America face à lui même qui arbore un rôle d’autant plus intéressant : le personnage n’est décidément plus le même que celui d’Avengers. Le boy scout a laissé place à un leader, un homme pragmatique qui ne suit plus les règles aveuglément. J’y reviendrais dans l’analyse de l’acte 3. La scène avec Peter Quill des gardiens de la galaxie est toujours aussi génial. La nouvelle menace du film, Thanos, qui n’est pas le même qu’Infinity War car il s’agit de celui de 2014 et pas celui de 2018 donc il ne sait pas ce qui se passe dans Infinity War (vous voyez le bordel temporel) est introduit à partir d’une facilité scénaristique, une liaison entre deux nebula de deux dimensions différentes. Des lors, à partir du voyage dans le temps, le film introduit un multivers important pour le futur du MCU, qui permettrait de faire revenir des personnages défunts (Gamora, Loki).
La transition avec l’acte 3 repose sur quatre personnages : stark, Rogers, Barton et Romanoff. Ces deux derniers se retrouvent devant un choix délicat : un des deux doit mourir pour obtenir la gemme de l’âme. D’un point de vue global, cette scène perd la beauté et la surprise qui nous permettait de l’apprécier à sa juste mesure dans Infinity War avec le sacrifice de Gamora par Thanos. Ici, le choix est cornélien mais les Russo ne parviennent pas à capter cette étincelle qu’ils avaient su donner à la scène de film précédent. Pareil pour le Red Skull, là où la surprise était totale dans IW, elle est particulièrement prévisible dans ce nouvel opus, si bien que l’on se retrouve même déçus qu’ils n’est pas envoyer le captain pour une ultime confrontation. Un peu dommage pour cette scène qui doit faire mourir un Avengers de premier plan et qui peine à nous donner de l’attrait pour ce sacrifice. Du point de vue des personnages par contre, le dilemme qui les anime est particulièrement bien mis en scène et la mort de Natasha semble être la conclusion logique du personnage qui se rachète définitivement une conduite dans cet ultime geste. Qu’on aime ou pas, cette mort est à la fois une consécration et une transition vers le dernier acte du film, comme pour signifier que désormais les 6 Avengers intouchables ne l’étaient plus.
La deuxième transition du film repose sur le duo Stark/Rogers, duo particulièrement important dans ce film et tout au long du MCU. Nos deux personnages ont connus des hauts et des bas, mais c’est bien dans l’adversité que leur alliance semble primordiale et nécessaire. Car depuis Civil War, rien ne va plus entre eux (on se demande même si ça a été un jour avec les conflits à répétition dans Avengers et Avengers l’ère d’ultron). Une joute verbale en premier acte démontre bien la rancoeur dans les deux protagonistes, chose particulièrement interessante car elle est l’une des causes de la défaite d’IW. Endgame avait donc ce devoir : rassembler ces personnages que tout semble opposer, à travers le retour d’un certain bouclier à son propriétaire. Une fois passé ces retrouvailles, la continuité du film veut que la consécration des personnages soit totale avant le feu d’artifice de l’acte 3. Ils se doivent donc, par le biais d’une facilité scenaristique (et oui encore une), de retourner en 1970 pour retrouver la gemme de l’espace. Et là tous deux sont confrontés aux deux personnages centrales de leurs histoires, ces deux mêmes personnages qui les relie paradoxalement (stark voit son père et Rogers voit Peggy Carter). Carter et Stark père sont bien les acteurs principaux des liens qui relient Tony et Steve, et cette scène vient appuyer ce constat.
Stark a une discussion avec son père qui vient remettre en cause tout ce que ce que le fils sait sur le père. Et la présence de Carter sert simplement de déclic pour la suite.
Cette sorte de mise à jour, associé à la mort de Romanoff sert de point d’entrée parfait pour l’ultime phase du film.
Acte 3 : Avengers... Assemble
Cet acte appelait à répondre à plusieurs choses : conclure la saga de l’infini tout en terminant des arcs personnels à l’instar de l’arc du trio Captain America, Iron man et Thor.
Hulk joue un rôle à part, c’est bien lui qui ramène tout le monde mais il ne fait pas parti de ce trio fermé ayant eu chacun leur trilogie propre. Les 3 hommes se retrouvent confronté au Thanos de 2014 qui a réussi à revenir dans notre présent, ou un Thanos d’une autre dimension qui est parvenu jusqu’à la nôtre si vous préférez. C’est dans cet ultime acte que nos trois personnages assument pleinement leur rôle de mentor et de leader du MCU. Ils sont aussi représentatifs de son évolution et de leurs évolution : Thor, change à travers tous ses films et est purement méconnaissable depuis le début de son premier film solo. Rogers n’est plus le boy scout comme je l’évoquais précédemment. Quant à Stark, son évolution semble s’être arrêté jusqu’à son nouveau statut quo introduit dans Civil War. Nos trois héros ne sont plus ce qu’ils étaient : si c’est particulièrement visible du côté de Thor, c’est bel et bien captain America qui est à la lumière ici. Son physique n’a jamais changé au cours des films (hormis dans IW où son rôle est minime) et son personnage n’a fait qu’évoluer tout au long de la saga. De simple outil de propagande dans first avenger à faire valoir de Stark dans Avengers, notre héros vacille dans son rôle de leader. A l’époque, j’ai eu peur de la direction prise par ce personnage iconique du comics, leader charismatique dont chaque super héros tentent d’en reproduire les gestes. Puis arrive the winter Soldier. Une baffe qui remet en cause des fondamentaux du MCU (le Shield) tout en provoquant une sorte de déclic interne dans ce personnage. Dès ce film, et Fury le dit lui même, c’est Rogers qui dirige, qui prend le lead. Ce rôle parfaitement assumé à la fin du winter Soldier s’inscrit dans une continuité avec l’ère d’ultron (où le captain prend officiellement le lead des Avengers) puis dans Civil War. Ce dernier film marque une véritable césure du personnage, qui passe de héros à paria mais sans jamais une pointe de regret tant il sait que ses actes sont justes et en cohérence avec ses valeurs. Son passage dans IW, reste de moins grande envergure, met en exergue le fait que Rogers dépasse son simple rôle de Captain America, que son personnage n’est pas le simple porte drapeau américain et qu’au contraire il préfère en rejeter les couleurs tant il ne se retrouve pas dans les idées véhiculées. Rogers n’en perd pas pour autant sa place, celle de lien entre les autres Avengers. Endgame lui fait la part belle : seul face à une armée et un ennemi impressionnant, il se trouve digne de porter le marteau de Thor, comme une réponse à sa tentative de soulever le marteau dans l’ère d’ultron. A travers cette scène purement magnifique renvoyant à une scène du comics Fear Itself, captain parvient à soulever le marteau et énonce sa fameuse phrase manquante à tous les films. Le succès est totale, le frisson garanti. Tout l’univers Marvel est sous les ordres de Captain America.
Le combat s’avère parfaitement chorégraphié. Simple bémol peut être sur la scène avec le rassemblement des super héroïnes qui trouve toute sa place dans ce long métrage mais qui questionne sur sa nature : aurait il était là si notre climat médiatique et cinématographique actuel avait été différent ? Nous n’aurons jamais là réponse à cette question.
Dans Avengers premier du nom, Stark targue Rogers du fait que tout ce qui fait de lui ce qu’il est ne vient que des prouesses de la science. Soulever le marteau montre bien le contraire.
Du côté de Stark, Roger lui avait rétorqué que lui même n’avait aucun sens du sacrifice tant son égoïsme était grand. La fin du film vient encore une fois terrasser ce postulat. Avec un lyrisme mélancolique appuyé, Marvel Studios clôt ici un chapitre de son histoire à travers la conclusion d’un personnage qui avait ouvert ce livre. La mort d’iron man me semble on ne peut plus légitime voire carrément nécessaire tant son personnage avait fait le tour de sa propre question (le héros est il l’homme ou l’armure ?) et que la question de l’héritage semble désormais d’actualité.
L’enterrement du héros, à travers une composition musicale réalisée pour l’occasion, s’avère être un moment particulièrement touchant pour tout fan du MCU, tant ce perso nous aura accompagné au long de ses 11 ans d’existence. Ironie du sort, quand on pensait que stark partirait vivre des jours heureux pour voir captain se sacrifiait, c’est tout l’inverse qui se réalise, à mon grand plaisir, le captain jouissant d’une paix qu’il cherchait depuis le début. La boucle est bouclée pour ces deux personnages, faire une énième suite serait gâcher le plaisir que l’on peut ressentir a les voir sortir de scène d’une manière si délicate et si épique.
Définitivement, une page se tourne pour le MCU, Far from home concluant les phase 3, on peut comprendre qu’enfin plus rien ne sera comme avant. Là où Avengers l’ère d’ultron s’était conclue en introduisant une nouvelle équipe d’avengers, ce dernier film préfère conclure l’histoire de l’équipe de base, la moitié étant hors des clous tandis que les derniers restants ne semblent plus assez aptes à poursuivre leurs aventures de façon épiques.
Étrangement ce film marque un point de sortie idéal pour tous les fans de la première heures ou pour les spectateurs las des films du MCU. La suite, instaurée par la phase 4, sera un point de départ idéal pour une nouvelle génération de spectateur et de super héros.
Créée
le 20 juil. 2019
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