Endgame of stones
Il s'installe en ce mois d’avril une ambiance fin de règne sur la planète pop qui a paradoxalement de quoi réjouir. J’aime voir les compteurs s’affoler et un certain nombre de générations bruisser...
le 28 avr. 2019
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22 films sur 11 ans. Une soixantaine de personnages. L’univers cinématique Marvel est sans conteste la plus grosse production cinématographique à ce jour. Que ce soit par son ampleur, son impact, son succès. Le plus étonnant est qu’elle reste à ce jour la seule à avoir réussi à concrétiser jusqu’au bout un tel concept, à créer une pareil dynamique. Il y a un an, je pensais qu’Infinity War était le film censé tester jusqu’où la machine pouvait aller, savoir si elle était devenue si grosse qu’elle s’effondrerait sur elle, découvrir si le format crossover dans les comicbooks pouvait être transposé au format cinéma ou si on atteignait là une limite. Les frère Russo avait réussi l’exercice haut la main, signant un film qui ne m’avait pas déçu mais un peu laissé sur ma fin avec ce final très convenu et peu surprenant et poignant. Il manquait encore cette transcendance que j’éprouvais chez les concurrents.
Endgame vient de changer la donne. Pour la première fois depuis le tout premier X-Men, il y a presque 20 ans maintenant, j’ai éprouvé pour un film Marvel ce que je ressens pour un très bon film DC (quoi que, même avec ceux moyen je ressens un petit quelque chose quand même). Je pensais qu’Infinity War allait être le film ultime du genre en attendant qu’on est le crossover entre les deux univers rivaux. Endgame m’a fait mentir. Il est là le film ultime, celui que j’attendais enfin de voir depuis tant d’années. Si Infinity War a confirmé que les crossover super-héroïques fonctionnaient au cinéma, Endgame montre que les crises cosmiques peuvent tout aussi bien fonctionner… Du moment qu’elle soit correctement amenée.
Car je pense que c’est là la forme majeure de ce film, son argument le plus puissant. Il n’est pas seulement très bon compte tenu du genre, il est la parfaite conclusion de cette saga de 22 films. En terme d’ampleur, le seul film qui me vient à l’esprit pour comparer, c’est Le Retour du Roi, mais encore, celui-ci venait conclure seulement une trilogie (de 13h, certes, mais quand même). Le retour du Jedi n’a jamais été mon favoris de la trilogie originelle, La revanche des Sith conclu une trilogie moribonde, Harry Potter et les Reliques de la Mort est un dernier sursaut mais loin du niveau du troisième film. Indiana Jones ou Jurassic Park n’ont jamais eu de conclusion à proprement parler. James Bond et Star Trek non plus.
Endgame est la conclusion parfaite à la saga de l’Infinité.
Au cours de l’année passée, je me demandais bien comment les Avengers réussiraient à vaincre Thanos et à annuler le « snap ». Bien sûr, plusieurs théories circulaient sur Internet, on savait par la promotion que Ant-man jouerait sans doute un rôle majeur, qu’il y serait de voyage temporel à un moment donné ou un autre. Mais au final, rien ne m’avait préparé à ça. On peut distinguer le film en trois parties majeures, et toute sont une des raisons pour lesquelles j’ai adoré ce film. Prises séparément, dans des films différents, elles auraient été sans doute d’excellent argument qui m’aurait fait aimer le film en question sans plus, mais c’est bien combinées ensembles et posées comme conclusion à la saga qui fait que l’ensemble a aussi bien fonctionné à mes yeux, que l’apothéose tant promise a enfin été atteinte.
La première partie est sans doute celle qui m’a le plus surprise, car la plus inattendue, surtout de la part de Marvel. On y a presque retrouvé une atmosphère et un ton proche de ce que Snyder voulait instaurer pour son univers DC. L’introduction tout d’abord nous prend de court. Alors certes, il y a eu toutes les « blagues » et pétitions concernant Tony dérivant seul dans l’espace, et au final, c’est réglé en même pas 5 minutes, mais je trouve que c’est bien vu car ça nous fait rentrer très vite dans la première partie. D’autant plus que le Tony dans cette introduction et le jeu de Robert Downey Jr lors de la scène du debrief sont incroyables. On sent tout le poids de l’échec sur ses épaules (un thème récurrent depuis Age of Ultron) et comment il finit presque par craquer, sombrer dans le désespoir.
La première surprise du film tient dans sa contre-attaque. Alors qu’on pensait qu’il y aurait tout un plan pour revenir battre Thanos et remporter la bataille finale (la fameuse unique solution que Strange avait vu), le Titan fou se fait décapiter sans cérémonie par un Thor en pleine crise existentielle (« I went for the head »). Cette scène revêt son importance, car non seulement elle permet d’avoir la première interaction de Carol Danvers au sein des Avengers, mais surtout elle plonge l’ensemble des personnages dans leur deuil, puisque Thanos aura détruit les pierres, comme s’il anticipait déjà cette contre-attaque. Sa dernière phrase aura d’ailleurs un impact non négligeable.
Débute alors la première partie à proprement dit qui va se concentrer sur trois aspects importants : le contre-coup du « snap », le deuil des Avengers et la mise en place du plan. Le saut temporel de cinq ans est, à mon sens, une excellente idée puisqu’il permet de voir l’impact réel sur les personnages de cette défaite cuisante, bien plus que de la vivre en direct à la fin d’Infinity War. C’est là qu’on sent à quel point ça les pèse, chacun d’entre eux, et de façon différente. Chacun se sent fautif à sa façon. Banner décide de faire la paix entre lui-même et Hulk, pensant que c’est la raison pour laquelle il a échoué face à Thanos. Thor se laisse complètement aller, jusqu’à pousser la caricature et la référence un peu trop loin : l’idée du fat-Thor est plutôt amusante au début, mais c’est vrai que revenir dessus plusieurs fois en peu de temps fait perdre de sa puissance. Natasha essaye désespérément de s’occuper, alors qu’il n’y a au final plus rien à faire. Clint qui a été meurtri au plus profond de son être au point de passer du côté obscur (« don’t give me hope »). Steve essaye d’apporter au mieux son soutien aux gens, même s’il sent au fond de lui d’avoir échoué. Et puis Tony qui décide finalement de s’isoler de tous et de fonder sa propre vie avec Pepper.
D’ailleurs, le film trouve une parade plutôt classique pour écarter Carol très vite dans l’intrigue pour se centrer sur les membres fondateur des Avengers, en y ajoutant les quelques survivants du « snap ». Et c’est ce qui amène à l’élément déclencheur avec le retour de Scott. Alors on ne va pas se mentir, je trouve assez ironique que ce soit un rat qui sauve l’univers au final, quand on met en perspective la symbolique de cet animal. Ça sera étrangement la première fois où j’apprécie réellement le personnage d’Ant-man en tant que tel, car on ressent à travers lui tout le choc d’un coup et le contre-coup, on découvre avec lui l’ampleur de ce deuil mondial, des conséquences de la défaite des Avengers. C’est très bien joué à ce niveau.
Et démarre alors la transition avec la seconde partie, avec ce qu’on avait senti venir : le voyage temporel. Comme on pouvait s’y attendre de la part de Marvel, le film n’hésite pas à faire des références à tout va sur la question, que ce soit pour expliquer le concept ou jouer sur l’humour. Bon parfois, ça s’étale un poil trop (les exemples avec Thor, mais aussi quand ils essayent de recruter Banner et que ça s’éternise un peu trop avec cette histoire de selfie, ou quand ils démontent les autres films). Le film décide de créer sa propre logique pour les voyages temporels, même si ça s’inspire de ce qui est plus ou moins établi à ce niveau. En brève aparté, la question n’est pas de savoir comment on voyage dans le temps ou si ça fonctionne, mais s’il est possible. Or du moment qu’un univers crée ses propres règles qui lui permettent d’éviter des les paradoxes, pour moi il n’y a pas de problèmes. Et ajoutons également que le MCU n’est pas seulement un univers de SF, mais également de fantastique… Donc en soit, il n’y a pas besoin que ça fonctionne strictement comme le voyage dans le temps dans notre monde, il faut seulement que ça puisse fonctionner dans le sien.
Bref, tout ça pour dire que j’ai bien aimé cette première partie et la façon dont on nous a introduit le voyage dans le temps puisque ça reste au final assez simple et ça s’inscrit dans la logique propre du film.
Débute alors la seconde partie, et les voyages dans le temps à proprement parler. Et une nouvelle fois, je me suis régalé. Parce que c’est celle qui jouera le plus sur la nostalgie. Je trouve également intéressant, voire culoté, de la part des frères Russo d’avoir décidé de rendre un dernier hommage au plus mauvais film de la saga (Thor : Le Monde des Ténèbres), comme s’ils assumaient que oui, il y a eu des erreurs dans le MCU, mais elles lui ont permis d’arriver là où il en est aujourd’hui. Et même si c’est très classique et convenu, j’ai trouvé touchant que Thor soit terrifié à l’idée de voir sa mère à nouveau alors que tout ce dont il avait besoin, c’était de lui parler, de se confier. Bref, le Dieu du Tonnerre avait besoin d’un câlin de sa maman. Et j’ai trouvé que c’était un message assez beau dans le sens où on a beau être tout puissant, on a le droit d’avoir des mauvaises passes, on a le droit d’être sensibles et on a le droit de vouloir de se sentir vulnérable et de se confier à sa maman.
Bien sûr, le séjour à New York sera lui aussi riche en pépite. Parce que d’une part, Avengers était encore mon film préféré de l’univers, mais parce que j’ai toujours adoré quand un univers développe ses propres missing moments. Et ici, il ne déçoit pas. Que ce soit avec Pr. Hulk qui essaye de se montrer agressif, l’Ancien qui nous explique l’importance des Pierres pour le bon fonctionnement de l’univers, ou bien sûr la partie à la Stark Tower. Le plan de Tony et Scott qui foire à cause de l’imprévisibilité de Hulk et Loki qui ne se laisse pas prier (d’ailleurs, la façon dont il se moque de Steve comme il l’avait déjà fait dans Thor 2 est géniale, ça crée une continuité), tout en permettant des caméos inattendus et ô combien jouissif (Pierce en tête… ai-je déjà mentionné que j’aimais beaucoup The Winter Soldier ?).
Mais surtout, surtout, il y a Steve qui décidemment n’a jamais été aussi bon qu’entre les mains des frères Russo. Il y a déjà cette scène dans l’ascenseur, où je m’attendais à un remake de celle de The Winter Soldier (une de mes préférées du MCU) et qui se conclut de la façon la plus mind fuck et jubilatoire qui puisse être (« Hail Hydra » OH PUTAIN DE BORDEL DE MERDE !!!). C’était tellement parfait, tellement bien amené, et puis la réaction des autres dans l’ascenseur (parce que là aussi, on retrouve des têtes connues) est juste magique. Et puis le ton avec lequel Chris Evans le dit… Par-fait ! Et moi qui pensais que c’était bon, non, on a droit au classique coup du « croiser son double du passé », et la façon dont s’est géré est admirable.
On sent que le Steve-2023 est fatigué, usé, qu’il a non seulement mûri mais aussi vieilli, que la défaite l’a profondément marqué (je ne l’ai pas dit, mais son « let’s get this son of a b*tch » au début du film, lui qui était si porté sur cette question dans Age of Ultron… encore une continuité admirablement suivie). Et le combat, outre le côté « America Ass » (j’admets, c’était très drôle), est très sauvage, on se rapproche presque de celui entre Steve et Bucky dans The Winter Soldier, où aucun ne lâche (avec le fameux « I can do this all day » et la réponse superbe « Yeah… I know »). Et sa conclusion montre jusqu’où Steve est prêt à aller pour parvenir à ses fins, surtout que c’est un coup stratégique presque digne de Thanos : déstabiliser émotionnellement l’adversaire pour prendre le dessus.
Et puis il y a ce saut supplémentaire dans le passé, qui permet surtout de poser les bases pour la conclusion des arcs narratifs de Steve et Tony. Pas vraiment d’action ici, ni même de tension ou de suspens (malgré ce que le film essaye d’installer), mais vraiment quelque chose de plus posé, de plus profond pour les personnages, de plus personnels et d’intime. Et j’ai trouvé que c’était très bien amené.
Bref, j’ai adoré le passage à New York. Mais ce n’était pas tout, car il y avait aussi les autres pierres. Pour ce qui est de Voromir, je dois admettre que j’ai commencé à réaliser le truc plus tard dans le film, juste avant que Natacha et Clint y arrivent en fait. Le choix n’est bien sûr pas anodin, avec le recul, et j’ai trouvé que c’était à la fois déchirant et poignant de les voir prendre conscience de ce qui doit être fait et comment chacun essaye de sauver l’autre. Très sincèrement, je pensais qu’ils allaient sacrifier Clint, mais la décision finale n’est pas plus mal, elle donne même un aspect plus tragique car on sent que Natacha était arrivée au bout, qu’elle ne voyait pas d’autre solution. Ça résonne avec son attitude au début du film où elle essaye désespérément de régler des problèmes, d’agir, de faire quelque chose. Et là, elle a cette occasion et s’y jette corps et âmes… Littéralement. Alors si le duel entre les deux est un poil trop long à mon goût (il y a facilement un ou deux échanges en trop), ça n’en reste pas moins un des passages les plus poignants du film.
Et pour ce qui est de Morag, avec sans doute le duo le plus improbable mais aussi le plus logique pour ne pas détruire l’équilibre des autres, je dois dire que c’est à la fois celui qui m’a le moins intéressé mais aussi le plus intrigué. Parce qu’effectivement, à ce stade du récit, je me demandais « OK, mais Thanos est mort, donc où va être la grande menace finale, parce qu’on est à peine à la moitié du film là ». Et je n’avais pas pensé au Thanos-2014, et c’est là que le film m’a donc surpris une fois de plus, en faisant du coup aussi revenir Gamora mais également préparant le terrain pour le grand final.
Et débute alors le grand final. Alors c’est vrai qu’on peut se poser certaines questions sur l’absence de réaction des Avengers au fait que Nebula ne soit pas vraiment présente à ce moment du récit, mais d’un côté elle n’a jamais été non plus un personnage très sociale. Et ils avaient d’autres soucis, à savoir encaisser la mort de Natacha et préparer les Pierres. J’ai beaucoup aimé d’ailleurs la réaction de Banner, comme s’il y voyait là une sorte de destinée, montrant qu’il a définitivement fait la paix avec Hulk et lui-même. Et le moment tant attendu arrive, et ce qu’on attendait depuis un an se déroule enfin : le « snap » est annulé (même si, comme je l’expliquais dans ma critique d’I*nfinity War* c’était convenu puisqu’ils n’étaient pas morts, ils avaient été effacés de l’existence, ce qui dans les comicbooks est une nuance très importante quand on joue avec les Pierres de l’Infini).
Et c’est alors que Thanos ne perd pas une minute pour frapper. J’ai trouvé cette scène extrêmement puissante dans l’impact : alors qu’on pensait avoir tout vu dans Infinity War, Thanos montre-là toute sa puissance et violence sans ménagement. Pour la première fois depuis le début du film, on a peur pour les personnages (on se demande même comment ils ont pu tous survivre à une telle attaque), on les sent complètement vulnérables alors qu’ils viennent de réussir leur but, leur mission. Le timing est parfait. D’autant plus que ça appui l’image du destructeur qu’est Thanos.
Et on a aussi ce côté un peu stratège qui délègue, comme on avait pu le voir plus en amont dans le MCU, comme s’il attendait patiemment. L’histoire commence aussi à se densifier pas mal, du fait de nombreuses trames narratives qui se rejoignent. Il y a bien sûr Banner, Scott et Rocket qui sont ensevelis et pour lesquelles on commence vraiment à avoir peur (la peur se lit sur leurs visages de façon très crues, presque traumatisante), tandis que Clint se retrouve chargée de porter le nouveau gant. On a également droit à l’accomplissement de l’arc narratif de Nebula, d’une façon qui permet de voir tout le chemin parcouru depuis le premier GotG.
Mais on a bien sûr le fameux combat entre Thanos et le trio principal Tony/Steve/Thor. Et c’est dingue, mais c’est la première fois qu’on les voit combattre ensembles à l’écran. Pas dans la même bataille, le même combat, mais face au même adversaire. Et j’ai trouvé la symbolique superbe, surtout avec ce plan d’intro où Thor revêt son armure. D’autant plus, le combat est là aussi très violent dans ses coups, on sent que ce sont des coups pour tuer, on est pris à la gorge. Chose incroyable, Thanos y est représenté comme une force inarrêtable de façon encore plus flagrante que dans Infinity War. Il était le héros du précédent film, concrètement, mais ce n’est que là qu’il nous est présenté enfin comme la véritable menace ultime. Et il est crédible ! Enfin un méchant qui ne déçoit pas !
Et alors qu’on pensait avoir tout vu, les frères Russo nous réserve l’un des moments les plus puissants émotionnellement de l’histoire du MCU. Quand Steve se relève et prend Mjölnir, alors que Thors vient d’être repoussé. Thor qui résume parfaitement la situation (« I knew it ! ») : parce que oui, Age of Ultron l’avait teasé mais ça n’avait pas été abordé plus que ça (surtout que Vision apparaissait plus tard pour lui aussi le porter). Mais là, on sent vraiment l’accomplissement de cet arc narratif, et le plus beau, c’est de voir Thor non pas en colère mais prêt à sauter dans les bras de Steve et lui faire « bien joué mec ! ». Cette joie, elle fait écho avec celle de l’audience, parce qu’elle prend toute la symbolique qu’elle représente et elle le réussit à merveille. Même Thanos en est déstabilisé quelques instants.
Et d’ailleurs, alors qu’il voit que la victoire commence à lui échapper, il passe à l’acte en lançant toute son armée sur le pauvre trio d’Avengers. Et c’est alors que LA scène du MCU, celle qui était attendue depuis des années arrive enfin : « On your left » (encore une référence à The Winter Soldier). Sans doute la scène la plus compliquée à mettre en place, la scène la plus stressante. Car elle est celle qui doit illustrer en un plan l’ampleur du MCU sans se louper. Aussi incroyable que cela puisse paraître, le film entier, pourtant déjà épique, riche, dense, de plus de 3h, repose dessus. Et c’est là que j’ai compris qu’Endgame serait mon film Marvel préféré, qu’il était celui que j’espérais désespérément de voir un jour.
La scène des Portails est magistrale. Non seulement la musique d’Alan Silvestri se démarque enfin vraiment (elle avait été correcte jusqu’à présent, mais plutôt discrète et sans grande inspiration), mais elle apporte tellement plus à ce passage. Avec cette marche héroïque, qui renvoie directement au thème de Superman de John Williams (dans la construction et le ton), où l’on voit tous les personnages apparaître les uns après les autres, certains revenir d’entre les cendres, le tout étant parfaitement dosé, jouant à merveille sur les émotions du spectateur et le côté salutaire de ce deus ex-machina de premier ordre. Et puis… Et puis… Les premières notes résonnent. Ces notes du thème des Avengers, cette lente montée en régime… Et puis… Et puis… « Avengers… Assemble ! » FUCKING FINALLYYYYYYYYYYYYYYYYY !!!!
Après tant d’années à jouer avec nous, à jouer avec notre patience (au propre comme au figuré), à nous teaser, on y a enfin droit ! Et j’ai explosé ! Parce que oui, je l’attendais, j’étais frustré à la fin de Age of Ultron d’avoir été interrompu. Mais au final, avec le recul, qu’on l’entende enfin pour la première fois pendant cette scène, c’est magique. L’attente en valait largement le coup. C’était puissant, c’était percutant, c’était émotionnellement très fort.
Après, on a la grosse bataille générale qui était attendue et qui fait désormais parti du cahier des charges. L’ensemble reste étonnamment assez lisible malgré le nombre incroyables de personnages impliqués. Bien sûr, le gant reste le McGuffin de l’intrigue, et j’ai beaucoup aimé cette succession de scène où on le suit à travers différents Avengers, chacun essayant d’utiliser ses pouvoirs au mieux (ce plan de Spider-man qui se fait tracter par Mjölnir… si vous m’aviez dit ça y’a dix ans, je ne vous aurais pas cru). Thanos est également mis en difficulté, notamment par Wanda (ce qui avait déjà été le cas dans le précédent, mais il était alors aidé des Pierres), et n’hésite pas à bombarder le champ de bataille.
C’est là mon seul regret vis-à-vis de la bataille : si la stratégie de Thanos est cohérente avec le personnage, je trouve dommage que du coup, le camp des Avengers n’est pas souffert. Alors certes, dans le lot, il y a sans doute eu des victimes, mais on ne les voit pas en soit, d’un côté comme de l’autre. Bon, mais à côté, j’ai adoré cette scène de Peter Parker recroquevillé, comme s’il était dépassé par les évènements. Et puis ça se termine vite puisque Carol réapparaît enfin. Comme on pouvait s’y attendre, son côté un peu overcheaté a raison du vaisseau de Thanos en quelques secondes (par contre, le fait que les forces de Thanos l’identifie directement comme une menace sérieuse au point de dévier toutes les batteries me fait penser qu’ils se sont sans doute déjà croisés dans le passé, où qu’ils en aient entendu parlé par Ronan).
Cela nous amène à ce plan extrêmement symbolique avec toutes les super-héroïnes du MCU ensemble, affrontant la menace. Un plan épique et là aussi très bien amené, outre le message très fort qu’il véhicule. Seule petite déception : que Natacha n’ait pas pu en faire partie, puisqu’elle a été en soit la première (et pendant longtemps la seule). Bref, j’ai beaucoup aimé ce plan, surtout qu’il semble assez naturel dans sa construction (genre, y’a pas de « hé, les filles, venez, on va taper Thanos », on sent qu’elles sont toutes là par choix pour défendre le gant). Et débute alors la phase finale de l’affrontement, alors que Thanos finit par récupérer le gant, et qu’on sent la menace devenir de plus en plus sérieuse et oppressante. Clairement, ça fait déjà une demi-heure qu’on est en apnée et ça ne s’arrête pas. Carol s’y essaye, échoue (j’ai d’ailleurs beaucoup aimé encore une fois le côté stratège militaire de Thanos qui n’hésite pas à retirer une Pierre pour pouvoir s’en servir directement).
Et arrive donc le moment où Tony comprend enfin ce que Strange essayait de lui dire. Qu’il comprend qu’elle est la seule solution pour défaire Thanos. Pour empêcher sa vision d’Age of Ultron de se réaliser. Et c’est encore une fois brillamment exécuté. Parce que cette vision, elle fait partie de l’arc narratif de Tony depuis qu’il l’a eu, elle est la raison pour laquelle il a fait ce qu’il a fait depuis. Le menant à faire des erreurs qui lui ont coûté chers. Et là, quand il comprend, quand il réalisé enfin, on le sent libéré de ce fardeau, de cette peur qui le tétanisait. Et c’est ce qui rend cette scène aussi puissante et efficace « I’m inevitable / And I… am Iron Man ». C’est la conclusion parfaite, la conclusion ultime. L’arc est accompli. C’est tragique, dramatique, mais ça s’encastre si bien avec tout le reste que c’est parfait et on admire. On admire l’ultime acte héroïque de celui qui a lancé la machine il y a 11 ans. On le sent libéré serein, pour la première fois depuis la fin de son troisième film, qui était la dernière fois qu’il avait dit ces mots magiques, devenus cultes.
La conclusion du film sera presque vécue comme dans un état second. Quand on comprend que Tony est vraiment mort, parti, sans avoir dit un mot de plus. Quand Pepper le comprend et essaye d’écarter Peter (qui réagit comme nous, c’est ce qui est très fort dans cette scène). Et qu’on arrive sur la fin, avec les funérailles et ce magnifique clin d’œil au premier film. Et puis ce très beau travelling où l’ont voit presque tout le monde. Après il y aura les conclusions plus narratives, où on pose les bases et on redéfinit les différents univers pour la suite (avec Valkyrie cheffe d’Asgard et Thor qui rejoint les Gardiens). Et puis bien sûr ce final où Steve va remettre les Pierres à leur place et rendre Mjölnir. Là aussi, sa conclusion est très belle (même si ça soulève pas mal de question sur la cohérence globale du film, mais pour moi ça fonctionne si on considère que remettre les Pierres a annulé les réalités parallèles et qu’il a simplement décidé de rester avec Peggy, comme on le sentait venir). J’admets que j’ai pas beaucoup de souvenir de la fin (c’est plutôt confus dans ma tête), justement parce que je restais encore sur cette conclusion parfaite pour Tony et que j’ai beaucoup aimé celle de Steve également.
Sur les autres aspects du films, je n’ai pas grand-chose d’autres à dire. Le casting est à la hauteur, Robert Downey Jr et Chris Evans donnant sans doute là leur meilleur prestations du MCU, et je n’ai rien à reprocher au reste du casting.
Pour l’aspect technique, j’ai déjà dit que la musique de Silvestri restait dans la lignée du précédent film, ne ressortant vraiment qu’aux moments propices en recyclant le thème principal des Avengers (seuls celui des Portails reste la nouveauté vraiment très chouette). Et pour le reste… Bah les effets spéciaux sont spectaculaires de bout en bout, les décors nous permettent de replonger avec nostalgie dans les précédents films, et la mise en scène parvient à maîtriser son film de 3h qui ne les paraît pas, que ce soit dans son rythme, son montage, ou dans le choix des plans dans les différentes parties. Le film aura sans doute une bonne demi-douzaine de plans iconiques, mais encore une fois, celui des Portails sera le plus abouti à tous les niveaux.
Avengers : Endgame est le meilleur film du MCU, mais aussi le meilleur film Marvel tout court. Même mieux, c’est sans doute l’une des meilleures conclusions de sagas, notamment compte tenu de l’ampleur de celle-ci. Pour une fois, je me suis régalé sans déception pour un film Marvel, j’ai vibré du début à la fin, avant d’exploser dans le final. C’était superbe, fantastique, unique, inouï, inespéré. J’avais commencé à perdre espoir, mais les frères Russo ont réussi à me convaincre.
C’est étrange de se dire que je n’irai sans doute pas revoir de film du MCU avant un moment au ciné, parce que je sens comme un grand vide. À la fois, je ne me sens pas très attiré par la suite prévue pour le moment, et d’un côté je me dis que finir sur cette note, sur cet ultime coup de maître n’est pas si mal. Bien sûr, je regarderai les films sur d’autres supports, peut-être qu’un projet réussira à me convaincre, mais pour le moment, finir sur Endgame est sans doute la meilleur conclusion possible. Comme la fin d’un cycle, d’une saga.
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Créée
le 19 mai 2019
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