J'admets en être au début de ma découverte du cinéma de Kervern et Delépine, mais plus j'y plonge plus la soif d'en découvrir plus s'accentue.
Même si Avida m'a tout de même moins plus qu'Aaltra, il reste un ovni plus qu'appréciable, dont le noir et blanc très contrasté annonce d'emblée la couleur : un œuvre sans concession. Une absurdité encore plus assumée, un photographie magnifique jouant énormément avec des points de vue décalés, et surtout un film peuplé uniquement de personnages complètement fous.
Le film, quoique régulièrement très drôle, est loin d'être véritablement une comédie, jouant beaucoup plus sur le malaise que sur le rire, enchaînant les situations surréalistes, illustrant toujours la marge: celles du handicap, de l'addiction, de l'obésité ou de la pauvreté. Les personnages communiquent plus avec le spectateur, à travers des monologues, qu'entre eux, renforçant encore une fois le malaise d'un monde où chacun est prisonnier de lui même.
On pense parfois, fugacement, à des grands réalisateurs ayant traité les mêmes sujets, certains plans dans la montagne font penser au El Topo de Jodorowski, de même qu'une armoire à glace m'a immédiatement fait penser au Deux hommes et une armoire de Polanski.