L'art (délicat) de la masturbation intellectuelle.
Sorti en catimini en 2006 après un passage au Festival de Cannes, "Avida", le second film du tandem Delépine / Kervern, m'avait échappé, à mon grand désespoir. Injustice aujourd'hui réparée même si au regard du résultat, j'aurais préféré conserver le mystère sur cette oeuvre pour le moins inclassable.
Sûrement soucieux de livrer le film le plus anti-commercial possible, les deux trublions shootent leur méfait en 1.33 et dans un noir et blanc charbonneux à faire pâlir le "Eraserhead" de Lynch, s'amusent comme des fous en zappant totalement le fait qu"ils aient un public en face d'eux.
Alors que "Aaltra", tout en conservant une identité propre, parvenait à atteindre une certaine émotion par le biais d'un humour pince-sans-rire et cruel, et d'une poésie amère, "Avida" se révèle hermétique de bout en bout et limite pompeux, enchainement de scénettes rapidement agaçant et interminable dont on cherche encore l'intérêt.
Malgré toute la sympathie que j'éprouve envers Delépine et Kervern, ces deux-là m'ont sérieusement gonflé avec leur délire arty et boursouflé, loin de la grâce punk et de l'émotion frontale que m'ont procuré leurs autres essais. Allez, sans rancune.