Le postulat de départ était pour le moins intéressant, une catastrophe naturelle ou non, on ne le sait pas vraiment, mais qui prive la population de la faculté de dormir, plongeant le monde vers l’apocalypse. C’est immédiatement prenant, intrigant, on se pose de nombreuses questions, cherchant à savoir ce qui a pu provoquer un tel cataclysme et nous sommes instantanément plongés dans l’urgence de la situation. Effectivement, nous avons maintenant l’habitude de voir des films traitants l’absence d’un de nos sens, mais s’attaquer au sujet du sommeil était une idée brillante, propice à un traitement de fond intéressant. Nos corps ne peuvent vivre sans dormir, rapidement, tout dégénère, nos cerveaux sont trop stimulés, sans aucun moyen de se reposer, survient rapidement, hallucinations, violences et à la fin, la mort, quasiment inéluctable. Il est connu que les dégradations sont rapides, néanmoins, elles le sont peut-être trop justement ici, il n’y a presque pas de juste milieu, on passe au pire quasiment du jour au lendemain, au plus extrême, comme si l’Homme n’attendait que ce prétexte pour montrer sa pire facette. Néanmoins, les réactions, sont elles, très crédibles, lorsque le monde est au bord du chaos, l’humanité révèle bien souvent son image la plus monstrueuse, l’égoïsme devenant la seule loi qui règne en maître et peu importe les victimes collatérales, tant que la survie de soi est possible. La réalisation de Mark Raso n’est pas mauvaise en soi, il nous immerge dans cet univers très sombre, très angoissant, avec beaucoup de talent, on se sent tout de suite investis dans cet environnement hostile. Visuellement, c’est assez simple, quasiment aucun effets spéciaux, tout est dans la suggestion, c’est une catastrophe invisible, sur laquelle nous n’avons aucune prise et j’ai justement beaucoup aimé ce côté impalpable, que l’on ne peut maîtriser. En ce qui concerne le scénario, c’est malheureusement là où le bât blesse, malgré un véritable intérêt pour l’intrigue, son déroulement est beaucoup trop aléatoire, trop irrégulier et vient gâcher un véritable potentiel. Effectivement, on a cette sensation irrémédiable que tout est survolé, rien n’est véritablement approfondi, les réactions, les explications, on reste en surface, sans aller plus loin et il est franchement dommage de ne pas avoir exploré ces pistes, avec plus d’intelligence. Alors bien sûr, ça se laisse regarder, on ne s’ennuie pas et nous nous prenons au jeu, néanmoins, ça aurait pu être meilleur, on pouvait prétendre à mieux, c’est un manque que l’on ressent réellement. De même, le dénouement, bien que là encore, absolument passionnant dans ses révélations, dans son intérêt, ne parvient pas à relever le niveau, bâclé, il tombe comme un cheveu sur la soupe, sans être plus exploré que quelques minutes, nous laissant presque frustrés. Quant au casting, il est tout de même de qualité, j’ai beaucoup aimé le rôle de Gina Rodriguez, je suis sous le charme de la jeune Ariana Greenblatt et Lucius Hoyos est tout aussi crédible.
En bref : Un film qui avait un énorme potentiel, particulièrement original dans la catastrophe mise en avant, il aborde un sujet fort, propice à mettre en lumière la noirceur de l’âme humaine, mais qui va trop vite, trop en surface et dont le manque d’approfondissement, créé un véritable manque, qui nous laisse malheureusement avec cette sensation d’inachevé !
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