Fabuleux voyage, Mendes nous offre ici une œuvre proche de la perfection d'American Beauty, où on pourrait d'ailleurs établir un parallèle entre celui-ci et Away we go, ou plutôt une opposition.
Là où son premier film montrait une famille d'apparence parfaite (et seulement d'apparence), ici, le couple part afin de chercher leur perfection. Away we go est en quelques sortes une opposition complète, une sorte de synthèse de sa filmographie car ici, le thème abordé reste le même que Revolutionnary Road mais c'est le reflet de ce dernier. Ainsi, ils vont pouvoir rencontrer au cours de leur périple différentes personnes, différents modes de vie, différents couples, chacun ayant une façon propre d'éduquer leurs enfants. Mais pourtant, Sam Mendes traite ses personnages avec une neutralité incroyable ne donnant alors presque aucun avis sur la meilleure façon d'éduquer ses enfants. Et à vrai dire, c'est même avec un certain pessimisme qu'il aborde les sujets. Ici pourtant, le spectateur ne se remettra jamais en question, même s'il s'identifiera probablement à certains modèles.
Mais malgré ce pessimisme ambiant, le ton donné reste très drôle et nous offre souvent de bons fou-rire. Et c'est assez incroyable de voir avec quelle aisance il peut passer du rire aux larmes en quelques secondes.
A travers ce road-trip (métaphore agréablement associée à la grossesse), nos deux personnages vont apprendre à se connaître entre eux mais aussi eux même, mais surtout, ce voyage représente le pèlerinage d'un second chapitre de leur vie, leur permettant d'apprendre de leur passé, de leurs erreurs et de celle des autres, ainsi que de mûrir et de passer en quelques sortes à l'âge post-adulte. Away we go est aussi une incroyable histoire d'amour où les protagonistes arrivent à surmonter les obstacles qui leur font face, sans pour autant s'éloigner l'un de l'autre (au contraire).
Le fait d'avoir choisi deux acteurs inconnus du grand public donne une dimension d'un film indépendant qui n'est pas sans déplaire, surtout quand ceux-ci mènent une prestation incroyable.
Mendes nous montre encore une fois ses talents indéniables par une réalisation impeccable, une image parfaite et souvent contemplative.
Certaines scènes nous secoueront au plus profond de nous, le passage dans le bar/strip-club amateur m'a pris par les tripes et m'a arraché quelques larmes, et il est clair que la caméra y est pour beaucoup, le tout surmonté par une BO magnifique composée non plus par Randy Newman mais par Alexi Murdoch qui fait ses débuts au cinéma.
C'est à ça que l'on reconnait un grand film. Le cinéma nous fera naître des sentiments, des sensations sans pour autant qu'on ait à oublier les qualités intrinsèques de l'œuvre. Quand tous les éléments sont indissociables et réussis (la musique, le scénario, la réalisation, les acteurs, le décor, la lumière, tout, absolument tout), on sait à quoi on a à faire.
Et c'est ça que Sam Mendes nous offre. Un grand film. Un grand film où on se rend compte que finalement, personne n'est parfait aux yeux d'autrui, mais si on l'est aux nôtres, c'est suffisant.
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