Un aveu avant d’attaquer cette critique : je n’ai vu aucun Kirikou. Je vois déjà pointer sur moi des doigts menaçants qui m’incitent à le faire très prochainement (ou un jour, quand j’aurai vraiment l’idée de me plongée dans leur visionnage). Mais je dois bien avouer que ces longs-métrages d’animation ne m’ont jamais attiré, voire même un peu repoussé à cause de leur rendu visuel que je n’aime pas du tout. Que les fans se rassurent, un jour je ferai l’effort de les regarder ! Et si je parle de Kirikou pour vous évoquer Azur et Asmar, c’est parce que celui-ci a été réalisé par le même cinéaste, Michel Ocelot. Un film qui a eu bien des louanges à sa sortie mais qui, à l’instar des Kirikou, m’a laissé de marbre vis-à-vis de son animation. Un détail, pouvant paraître anodin pour certains, qui m’empêche de me plonger corps et âme dans une histoire, même si cette dernière peut s’avérer passionnante et enrichissante.
Azur et Asmar est, dans le fond, un film d’animation superbement écrit. En effet, partant sur les bases d’un conte et dressant les fondations d’une légende universelle, Michel Ocelot va bien plus loin que « le film pour enfants » (expression qu’il n’apprécie pas). Pourtant, rien ne prédestinait ce long-métrage a attirer autant l’attention d’un point de vue scénaristique, ce dernier contant les retrouvailles entre un Européen et un Arabe qui, voulant tenir leur promesse, vont se mettre à la recherche de la fée des djinns afin de l’épouser. D’un postulat tout bonnement classique qui aurait très bien pu aboutir à une morale à deux balles plus que douteuse, Ocelot use de ce récit pour nous parler d’autre chose. Et pour cause, en plus de narrer une intrigante aventure, le réalisateur nous fait part d’une véritable leçon de vie sur la tolérance, le respect, l’acceptation des différences et le fait de s’ouvrir aux autres.
Même si l’histoire prend place à une époque médiévale, Azur et Asmar fait énormément écho à notre société actuelle. Et cela sans artifice ni séquence spectaculaire. Michel Ocelot déploie ses nombreuses thématiques avec une très grande sobriété par le biais de scènes évocatrices, de personnages hauts en couleurs (mention spéciale à Crapoux et la jeune princesse Chamsous Sabah), de décors détaillés reprenant à merveille la culture orientale, d’une bonne dose de magie et de poésie et une ambiance soignée. Comme quoi, pas besoin d’action, de grands vilains pas beaux, d’humour forcé ou bien de musiques grandiloquentes pour nous enivrer d’émotions fortes et nous enrichir comme il se doit.
Mais comme le cinéma, avant d’être sensoriel, est un art visuel, il faut que la forme du projet puisse tenir la route afin de valoriser le fond. Et sur ce point-là, Azur et Asmar ne parvient pas à éblouir comme il aurait dû le faire. Si les décors sont vraiment agréables pour la rétine tout comme les différentes créatures du récit (le lion, l’oiseau, les djinns), la faute revient principalement aux personnages et à leur animation. Mouvements certes fluides mais au combien approximatifs, couleurs bien souvent flashies (par moment, Azur et sa tenue blanche me donnaient vraiment mal aux yeux et à la tête), visages manquant bien souvent d’expressions… Sans compter que pour la première fois, Michel Ocelot s’est prêté au jeu des images de synthèses, donnant à ses protagonistes un effet 3D sur fond en 2D. En faisant cela tout en gardant ce design qui lui est si propre, Ocelot donne à Azur et Asmar un aspect visuel assez étrange rendant les personnages encore plus factices et maladroits qu’ils ne le sont déjà. Et le doublage de certains n’aide pas vraiment à l’affaire ! Rien qu’avec ce constat, il m’a été difficile d’entré pleinement dans le récit et d’en savourer toutes les idées, les merveilles d’écriture et d’émotion. Comme quoi, si on dit que la forme importe moins que le fond, elle reste cependant aussi importante dans certains cas.
Un bien joli conte, mais une œuvre visuelle assez douteuse. Michel Ocelot sait raconter des histoires, cela n’en fait pas l’ombre d’un doute ! Ce qui m’encourage un peu plus à voir ses Kirikou. Cependant, cela ne me rassure toujours pas sur la qualité graphique de ses œuvres. Car si Azur et Asmar s’est révélé être un long-métrage d’animation grandement enrichissant, il n’a pas su captiver mon attention, me désintéressant de son sort et m’ennuyant quelques minutes. Mais encore une fois, c’est un avis purement personnel que je vous offre là. Alors si vous voulez vous faire votre propre opinion et me pointer du doigt de manière encore plus menaçante, je ne peux que vous conseiller de le regarder. Au moins, vous aurez droit à une bien belle leçon de vie, c’est déjà ça !