Baabul bénéficie d’un excellent casting avec au sommet deux grandes étoiles bollywoodiennes : Amitabh Bachchan et Rani Mukherjee qui illuminent tous deux cette histoire ensuite une moindre, mais encore une belle étoile : Salman Khan et enfin une étoile naissante : John Abraham dont le rôle est ici plus effacé.
Baabul comporte deux parties bien distinctes comme c’est souvent le cas dans les bollywoods.
- Une première partie légère, enjouée et drôle; Amitabh Bachchan et Salman Khan fonctionnent bien ensemble dans une relation père / fils complices. Cette longue séquence d’exposition nous permet de faire connaissance avec chacun des personnages.
- Et une deuxième partie qui devient grave, triste, lourde avec un rythme beaucoup plus lent jusqu’à la scène finale qui est le sommet du film à laquelle tout ce qui précède nous a conduits, une scène de confrontation d’une grande tension émotionnelle.
Car le cœur de Baabul, ce n’est pas une énième romance bollywoodienne mais c’est le thème du remariage pour les veuves. Sujet qui pour nous occidentaux n’en est pas un mais qui pour les hindous est une question brûlante. Le temps où les veuves étaient brûlées sur le bûcher est fini ou presque et puni par la loi, car cela arrive encore parfois. Même si les veuves hindoues peuvent aujourd’hui survivre à leur mari, il s’agit bien de survie, guère plus. Les femmes veuves sont regardées comme responsables de la mort de leur mari, elles ne peuvent participer aux fêtes, leur présence étant ressentie comme un mauvais présage ; elles sont vêtues de blanc, couleur de la mort en Inde et n’ont plus de vie sociale, plus droit à la joie. Le personnage qui incarne ce statut dans le film est Pushpa, on ne fait que l’apercevoir au cours du déroulement de l’intrigue, mais à chaque apparition elle transpire de douleur et de tristesse. Et voilà qu’après 20 ans, lors de la fameuse scène finale, on lui donne la parole pour la sommer de dire que sa condition lui convient parfaitement. Que peut faire une femme pieds et mains liés par ceux dont elle dépend entièrement. Elle répond donc que tout va bien pour elle : elle a deux repas par jour, des robes blanches pour couvrir son corps et elle a le droit de respirer. Et elle achève dignement par ces mots :
Si on appelle cela vivre, alors oui je vis paisiblement.
C’est lors de cette dernière séquence que les personnages expriment chacun leur point de vue en faveur du remariage des veuves ou non. C’est surtout le moment où le réalisateur, Ravi Chopra, peut exprimer ses idées : la vie et les personnes sont plus importantes que le poids mortifère des traditions. Une évidence qui ne l’est pas pour la majorité des hindous.
Baabul malgré quelques longueurs est un film intéressant qui lève le voile sur la condition douloureuse des veuves hindoues. Quand on sait l’impact que le cinéma indien a sur les gens on ne peut que saluer cette initiative.