"Je suis le bras armé de la sourde et aveugle fatalité"

Le Comte de Monte Cristo est une histoire intemporelle et universelle qui traverse les âges sans rien perdre de sa force. Cette histoire d’Alexandre Dumas a déjà été portée plusieurs fois à l'écran. Cette nouvelle version cinématographique magnifie l’œuvre du grand écrivain. Entre action, émotion et intrigue, le film nous captive.

Edmond Dantès, alias Comte de Monte Cristo est l’homme aux milles vies, aux milles facettes, aux milles visages. C’est l’homme qu’aucune abysse ne peut retenir mais qui en ressort chaque fois nouveau et plus fort. De la profondeur de l’océan il remonte à deux reprises ; de la gueule de sa prison il s’échappe ; de la fosse où gît un trésor, il remonte avec, désormais, les moyens de se venger.

Car Le Comte de Monte Cristo, c’est l’histoire d’une vengeance implacable, froide, calculée que rien ne semble pouvoir arrêter. Une vengeance qui est élaborée grâce à une mise en scène dans laquelle le Comte joue un rôle, secondé par des complices qui comme lui ont été victimes. Edmond met peu à peu en place ses pions pour toucher les trois hommes qui l’ont trahi là où ils sont pourris. Mais ce faisant, il devient comme eux, se laissant conduire par la partie la plus sombre de lui-même. Il se mue en bras vengeur défiant Dieu : « A partir de maintenant, c’est moi qui récompense et c’est moi qui punit. » Face à lui d’autres voix meurtries se font entendre : « Entre la vengeance et la vie, j’ai choisi la vie ». Lui fait le choix de la vengeance. Mais alors qu’un metteur en scène a le contrôle sur l’histoire qu’il construit, Le Comte de Monte Cristo malgré l’ingéniosité de son plan, ne peut faire l’impasse de la liberté des personnes avec qui il interagit, ni de leur sentiment et de leurs émotions.

Une séquence illustre particulièrement la mise en scène orchestrée par le Comte, c’est celle du repas, durant lequel il fait remonter à la surface un événement enfoui depuis des années. C’est l’un des meilleurs passages du film. Durant cette séquence, tragédie, émotion et humour se côtoient sans jamais se gêner.

Les acteurs servent à la perfection leurs personnages et tout particulièrement Pierre Niney qui campe Edmond Dantès. Il fait très bien ressortir l’évolution de son personnage qui innocent et bon au début passe par le désespoir puis par la lutte physique et mentale pour sortir de sa prison avant de devenir un homme sûr de lui, contrôlant tout et poursuivant son but méthodiquement.

Le film n’a pas été tourné de façon chronologique, cela a demandé à Pierre Niney un investissement important pour se mettre dans des états psychologiques très différents suivant les scènes qu’il avait à jouées. Il en a parlé ainsi :

J’avais des carnets avec des fils rouges. Tout était rangé par couleur et je chapitrais tout. Et puis la scripte était ma meilleure amie. Je parlais beaucoup avec elle parce que c’était la gardienne du temple. Elle avait toute la chronologie en tête. À chaque fois que j’attaquais une scène, la question était moins de réviser le texte que de regarder une fois de plus où j’en étais du parcours du personnage à ce moment-là. Qu’avait-il vécu deux scènes avant ? Une scène avant ? Et qu’allait- il se passer dans la scène d’après ? Je me faisais un calendrier temporel mental pour chaque scène que l’on tournait.

Cette histoire tragique est portée par une belle réalisation. Le choix des plans fixes ou dynamiques ; des plans larges ou rapprochés sont judicieux et toujours au service de l’histoire racontée. La musique est très présente, parfois un peu envahissante mais elle décuple l’émotion ressentie face à l’histoire et aux images. Les dialogues sont ciselés et le film fourmille de pépites.

Le Comte de Monte Cristo est l’un des meilleurs films de cette année 2024, un grand moment d’émotion, d’aventure et de cinéma.