Il fallait attendre le 3ème épisode de la saga Baaghi pour avoir enfin la marchandise qu'on attendait. Le cinéma indien a depuis longtemps ce charme nanar qui lui donne toujours des airs curieux dans nos contrées occidentales. Ultra-manichéen, ultra-naïf, ultra bourrin, ultra-épique. Avec ces innombrables séquences chantées qui ressemblent alors à des clips qui s’insèrent dans le spectacle, assommant de kitscheries le spectateur ébahi. Dans Baaghi 3, seule 3 sont à compter : une au générique, et 2 de 3 minutes dans 2h20, ce qui est inhabituellement léger.
La saga Baaghi pompe Rambo. Rien de mal à cela, le cinéma indien a une longue tradition de pillage des succès occidentaux, allant du remake sauce curry des Griffes de la nuit au fameux Indian Jones et sa moustache de belle facture. Mais ce pompage s'est beaucoup affirmé avec le second Baaghi, remplaçant les viet-cong par des policiers corrompus, mais conservant les séquences tortures stoïques, bandeau rouge et défonçage d'hélicos (la bande annonce est culte). Quoi de plus logique que de poursuivre dans cette logique en transposant Rambo III dans le contexte actuel d'Etat Islamique ?
Ce film est une succession de bourrinage testostéroné qui, à la surenchère typique de l'Inde, mêle une bromance familiale mêlée de défense de plus faible que soit et de la promotion des responsabilités individuelles. Des mots compliqués pour parler d'une relation fraternelle d'un grand frère chétif défendu par son petit frère qui va peu à peu affirmer son émancipation face à la barbarie. Car quoi de mieux ces temps ci pour former la jeunesse qu'un voyage en Syrie ?
Enchaînant les moments de bravoure sans temps morts musicaux, Baaghi 3 déballe vite la marchandise en plaçant les djiadistes, les attentats à la bombe, les rapts familiaux pour faire pression, et les séquences de combats qui enchaîne les kicks dans la gueule et les pirouettes d'esquives qu'un Stallone ne pourrait offrir sans risque de scoliose. Au moins une toutes les 10 minutes, vous en aurez pour votre argent. Avec ce goût pour la surenchère qui rendra chacun d'eux épique à en rire aux éclats. Prévoyez tout de même 5 bières au frais pour suivre le film sans passage à vide.
Mais qu'est-ce qui fait que Baaghi 3 sort du lot commun des productions bollywoodiennes ? Outre sa diminution des clips musicaux, il essaye vraiment de délivrer un gros quota d'action, et à ce niveau, c'est réussi, il enchaine les séquences cultes. Il met aussi ses gros pieds au curry dans le plat de la géopolitique mondiale, là où l'Inde est généralement peu représentée, et où constater une surenchère à la hauteur de la discrétion du pays procure un sentiment d'absurdité survoltée tout à fait réjouissant. Les terroristes sont totalement manichéens, ce qui ajoute encore davantage au kitsch de l'entreprise et à son capital sympathie. Enfin, un état d'esprit global positif est à noter. Positif, car n'étant pas trop habitué à la spiritualité indienne, voir des thématiques comme le Karma font plaisir dans ce qui s'apparente à une super-production. Comme dans nos block-buster, Baaghi 3 fait de la philosophie et du sentimentaliste avec la finesse d'un bombardier, mais le fond est bon, comme son collègue Rambo III. Toute cette conjugaison d'éléments rend le film attachant, au delà de nombre de productions bollywoodienne qui peinent à se démarquer (dans notre marché occidental, c'est ce qui ressemble à nos références qui ressort plus facilement du lot). Vivement le 4ème, on est carrément fan.