Baaghi 3
5.4
Baaghi 3

Film de Ahmed Khan (2020)

Derrière le djiadiste, il y a aussi un homme...

Il fallait attendre le 3ème épisode de la saga Baaghi pour avoir enfin la marchandise qu'on attendait. Le cinéma indien a depuis longtemps ce charme nanar qui lui donne toujours des airs curieux dans nos contrées occidentales. Ultra-manichéen, ultra-naïf, ultra bourrin, ultra-épique. Avec ces innombrables séquences chantées qui ressemblent alors à des clips qui s’insèrent dans le spectacle, assommant de kitscheries le spectateur ébahi. Dans Baaghi 3, seule 3 sont à compter : une au générique, et 2 de 3 minutes dans 2h20, ce qui est inhabituellement léger.


La saga Baaghi pompe Rambo. Rien de mal à cela, le cinéma indien a une longue tradition de pillage des succès occidentaux, allant du remake sauce curry des Griffes de la nuit au fameux Indian Jones et sa moustache de belle facture. Mais ce pompage s'est beaucoup affirmé avec le second Baaghi, remplaçant les viet-cong par des policiers corrompus, mais conservant les séquences tortures stoïques, bandeau rouge et défonçage d'hélicos (la bande annonce est culte). Quoi de plus logique que de poursuivre dans cette logique en transposant Rambo III dans le contexte actuel d'Etat Islamique ?


Ce film est une succession de bourrinage testostéroné qui, à la surenchère typique de l'Inde, mêle une bromance familiale mêlée de défense de plus faible que soit et de la promotion des responsabilités individuelles. Des mots compliqués pour parler d'une relation fraternelle d'un grand frère chétif défendu par son petit frère qui va peu à peu affirmer son émancipation face à la barbarie. Car quoi de mieux ces temps ci pour former la jeunesse qu'un voyage en Syrie ?


Enchaînant les moments de bravoure sans temps morts musicaux, Baaghi 3 déballe vite la marchandise en plaçant les djiadistes, les attentats à la bombe, les rapts familiaux pour faire pression, et les séquences de combats qui enchaîne les kicks dans la gueule et les pirouettes d'esquives qu'un Stallone ne pourrait offrir sans risque de scoliose. Au moins une toutes les 10 minutes, vous en aurez pour votre argent. Avec ce goût pour la surenchère qui rendra chacun d'eux épique à en rire aux éclats. Prévoyez tout de même 5 bières au frais pour suivre le film sans passage à vide.


Mais qu'est-ce qui fait que Baaghi 3 sort du lot commun des productions bollywoodiennes ? Outre sa diminution des clips musicaux, il essaye vraiment de délivrer un gros quota d'action, et à ce niveau, c'est réussi, il enchaine les séquences cultes. Il met aussi ses gros pieds au curry dans le plat de la géopolitique mondiale, là où l'Inde est généralement peu représentée, et où constater une surenchère à la hauteur de la discrétion du pays procure un sentiment d'absurdité survoltée tout à fait réjouissant. Les terroristes sont totalement manichéens, ce qui ajoute encore davantage au kitsch de l'entreprise et à son capital sympathie. Enfin, un état d'esprit global positif est à noter. Positif, car n'étant pas trop habitué à la spiritualité indienne, voir des thématiques comme le Karma font plaisir dans ce qui s'apparente à une super-production. Comme dans nos block-buster, Baaghi 3 fait de la philosophie et du sentimentaliste avec la finesse d'un bombardier, mais le fond est bon, comme son collègue Rambo III. Toute cette conjugaison d'éléments rend le film attachant, au delà de nombre de productions bollywoodienne qui peinent à se démarquer (dans notre marché occidental, c'est ce qui ressemble à nos références qui ressort plus facilement du lot). Vivement le 4ème, on est carrément fan.

Voracinéphile
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2020

Créée

le 28 juil. 2020

Critique lue 478 fois

5 j'aime

30 commentaires

Voracinéphile

Écrit par

Critique lue 478 fois

5
30

D'autres avis sur Baaghi 3

Baaghi 3
IncredulosVultus
9

On n’a pas d’idées mais on a Tiger Shroff

Des choses gentilles à dire sur ce film : C’est beau une histoire d’amitié virile. Que serait l’Iliade sans l’amour noble qui unit Patrocle à Achille ? Rien, pas de passion, pas de colère d’Achille,...

le 20 janv. 2024

1 j'aime

Baaghi 3
Professeur-Rico
6

Tiger Shroff, l'icone qui arriverait me faire douter de mon hétérosexualité.

La fétichisation et la démesure de l’action à l’indienne poussé dans ses derniers retranchements. jusqu’à un degré d’absurdité hypnotisant dans son final. Tiger Shroff dont les exploits guerriers et...

le 11 juin 2023

Du même critique

Alien: Romulus
Voracinéphile
5

Le film qui a oublié d'être un film

On y est. Je peux dire que je l'avais attendu, je peux dire que j'avais des espoirs, je l'ai sûrement mérité. Non que je cède au désespoir, mais qu'après un remake comme celui d'Evil Dead, ou une...

le 14 août 2024

174 j'aime

48

2001 : L'Odyssée de l'espace
Voracinéphile
5

The golden void

Il faut être de mauvaise foi pour oser critiquer LE chef d’œuvre de SF de l’histoire du cinéma. Le monument intouchable et immaculé. En l’occurrence, il est vrai que 2001 est intelligent dans sa...

le 15 déc. 2013

102 j'aime

116

Hannibal
Voracinéphile
3

Canine creuse

Ah, rarement une série m’aura refroidi aussi vite, et aussi méchamment (mon seul exemple en tête : Paranoia agent, qui commençait merveilleusement (les 5 premiers épisodes sont parfaits à tous les...

le 1 oct. 2013

70 j'aime

36