Il était une fois une grand-mère qui avait cinq petits-enfants. Il semblerait que dans sa vieillesse, il y ait quelqu'un pour lui donner un verre d'eau, mais la grand-mère s'est avérée être un fardeau pour ses petits-enfants ingrats. Après avoir vendu la maison du village pour donner l'argent à ses petits-enfants, baboussia (la forme diminutive du mot «babouchka», grand-mère en russe) vit longtemps avec sa fille et son beau-fils, qui, après la grave maladie de sa femme, emmène baboussia au village chez sa propre sœur, Anna. La sœur de grand-mère vit avec son fils, Vitya, un terrible alcoolique, un «moujik» russe typique qui, dès qu'il boit, commence à détruire tout ce qui l'entoure, et peut même tuer sa propre mère avec une hache. Lorsque Anna est contrainte d'aller à l'hôpital après s'être cassé la jambe, la question qui fait toute l'intrigue du film se pose : où loger mamie ? Ou en formulant la question différemment : lequel de ses cinq petits-enfants aura besoin d'elle ?

Il est évidemment dangereux de laisser baboussia avec Vitya, un alcoolique. Lisa, sa sœur et la fille d'Anna, l'emmène donc à Moscou, où elle travaille comme journaliste, afin de la «rattacher» aux autres petits-enfants. Dès lors, le film commence à s'imprégner de l'esprit des contes populaires russes. Avec son ancien amant, qui est toujours amoureux d'elle, Lisa emmène sa mamie chez l'une de ses petites-filles, mais celle-ci n'est pas chez elle et son mari refuse de la laisser entrer parce que la grand-mère ne leur a pas donné plus d'argent qu'aux autres petits-enfants. Ils se rendent ensuite chez une autre petite-fille qui, sous peine de déplaire à son mari autoritaire, refuse elle aussi de laisser sa grand-mère rentrer à la maison. Ils finissent par emmener la grand-mère à son dernier petit-enfant, Tolik. De tous les petits-enfants, Tolik est celui qui a eu le moins de chance dans la vie. Avec sa famille, il a fui la Tchétchénie, où la guerre faisait rage (1994-1996), et sa fille Olya est devenue muette après avoir vu de ses propres yeux les horreurs de la guerre. De plus, contrairement aux autres petits-enfants, ils n'ont pas leur propre appartement et celui qu'ils occupent est loué. Baboussia et Olya ont un point commun : elles sont toutes les deux un fardeau pour les membres de leur famille. Le soir, lorsqu'elles sont toutes les deux allées se coucher, la mère d'Olya se met à sangloter qu'elle ne peut plus vivre ainsi, qu'elle en a assez de sa fille handicapée, que la propriétaire risque de les mettre tous à la porte si elle apprend qu'ils sont hébergés la mamie. Cette dernière entend ces discours lamentables, fait ses adieux à sa seule arrière-petite-fille, Olya, et quitte la maison. Le lien invisible entre baboussia et Olya, à travers quatre générations de famille, est si fort qu'après son départ, un miracle se produit : la petite Olya parle pour la première fois depuis longtemps : «Elle est partie. Elle a froid».

Ce n'est pas la première fois que la réalisatrice, Lidia Bobrova, confie des rôles dans ses films à des acteurs non-professionnels, qui jouent souvent eux-mêmes (Oh, vous mes oies, Dans ce pays-là), afin de transmettre au spectateur le sens de l'authenticité et de la vitalité qui sont les principales caractéristiques de son cinéma. Nina Shubina, qui joue le rôle de baboussia dans le film, n'est pas une comédienne professionnelle, mais elle a brillamment assumé le rôle d'une grand-mère qui est prête à donner à ses petits-enfants son dernier centime. Baboussia est l'image d'une mamie russe qui endure toutes les difficultés de la vie, n'en veut pas à ses petits-enfants pour leur égoïsme et admire sa Patrie qui l'a laissée vivre ses derniers jours avec une maigre pension de 1 500 roubles. Vitya, son petit-fils, s'exclamera avec sarcasme : «Tu es donc millionaire!», car le minimum vital pour les retraités était alors de 1 550 roubles. Baboussia a le moins de mots, elle est comme un meuble parlant dans l'intérieur, mais en même temps elle est le centre de l'histoire, le lien à travers lequel les personnages du film interagissent. Le personnage principal passif, autour duquel d'autres personnages tout aussi importants sont actifs.

De longs plans de séquences sans rupture de la caméra aident le spectateur à s'immerger davantage dans cette ambiance de la campagne russe, il en devient partie intégrante. Il devient un témoin des discours égocentriques des petits-enfants ingrats sur la grand-mère que personne ne veut aider. C'est même gênant à certains moments, car le spectateur commence à avoir pitié de baboussia.

Le film rend également hommage à la culture populaire russe, à ses chansons, à ses danses et à la nature nordique de la Russie. Les cinéastes russes sont parmi ceux qui savent filmer la nature d'une manière à couper le souffle. Et la fin du film nous fera réfléchir à ce qui nous attend au seuil des derniers jours de la vie.

Sachko
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le 24 août 2024

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