Entre les chouettes "En chantier, monsieur Tanner" et "Tokyo Fiancée", il y a eu ce film (j'avais en mémoire que c'était sorti après TF, comme quoi je ne suis pas tout-à-fait parfait), j'en espérais donc un bon film (pas fan de "Bunker Paradise" mais les deux autres m'ont donné envie de suivre la carrière de ce cinéaste). En plus le sujet me donnait envie : une jeune femme ronde et rock 'n roll, ça me branche toujours !
Hélas, l'intrigue est assez pauvre. Car au-delà du pitch énoncé à l'instant, il n'y apas grand chose. Pire : l'auteur ne tient pas vraiment ses promesses parce que cette jeune chanteuse n'est finalement aps très rock 'n roll (c'est une fille assez sage en fait, c'est juste qu'elle se maquille un peu), quant à ses rondeurs, ça n'est pas tellement mis en avant narrativement, c'est finalement un argument de vente a posteriori mais probablement pas une envie de développer ce thème de la grossophobie a priori.
En soi, pourquoi pas, je peux comprendre que la prod' ne sache pas comment vendre un objet cinématographique non identifiable, mais ici, c'est surrtout qu'il n'y a pas grand chose dans le film. Le sentiment amoureux qui anime l'héroïne n'est pas assez mis en avant pour devenir une obsession, de même que le rapport à ses amis et à la famille n'est pas très développé non plus. L'on doit d'ailleurs supporter plusieurs plans assez vides, durant lesquels il ne se passe rien (et qui durent en plus). L'univers de la scène musical n'est pas assez développé non plus, on retrouve même assez difficilement l'attitude de musicos en voyant ces jeunes artistes en dehors de la scène, non pas qu'un musicien doit forcément se prendre deux rails de coke au p'tit déjeuner, mais la plupart du temps, ils ont une vie un peu plus décalée, surtout quand ce sont des jeunes pas encore désillusionnés par la vie productive et alimentaire.
Les conflits sont rares, la structure nous conduit de séquences en séquences de manière décousue, avec parfois des idées assez mal mises en avant (comme lorsque l'héroïne teste un médicament avant de tenter de le donner à sa rivale, sauf qu'on ignore de quoi il s'agit aussi bien quand elle le teste que lorsqu'elle le donne à sa rivale - ou alors j'ai raté un plan explicatif). Les personnages secondaires sont à peine développés, il aurait été bon de voir les liens avec les autres membres du groupe qui doivent forcément être mal à l'aise par rapport à la relation si particulière entre la chanteuse et le guitariste ; même de manière générale, l'ambiguité est assez peu mise en avant.
La mise en scène reste correcte ; évidemment on pourra reprocher ces longs plans inutiles durant lesquels il ne se passe rien (d'ailleurs la séquence live en ouverture résume bien le film : une chanson qui semble ne jamais terminer, assez répétitive, durant laquelle il ne se passe rien narrativement - heureusement les morceaux suivants sont meilleurs et les scènes de concert un peu plus narratives). La meilleure partie du film, c'est lorsque Liberski filme la ville, les petites rues ; dèjà il choisit un très chouette quartier, visuellement, et quelques autres lieux sympas visuellement. Ensuite, il a vraiment un don pour filmer les rues, talent qu'il appliquera davantage dans "Tokyo Fiancée" ; il serait intéressant que le bougre fasse des documentaires tiens ! Quant aux acteurs, ils sont bons, ils jouent tous bien, y compris la Baby Balloon même si elle doit supporter la lourdeur de la caméra (son jeu ne patit, forcément, elle doit rester là à ne rien faire, juste penser...) ; en contre-partie, elle est magnifique, belle, pleine de charme, un corps magnifique, un look pas trop extravagant, qui n'enlève rien à sa beauté, des maquillages sympas.
Bref, pas terrible ce film, Liberski retourne à un style à la "Bunker Paradise" que j'avais trouvé un peu plat et creux aussi malgré de bonnes intentions. Dommage !