Un peu déçu par le résultat étant donnée la réputation de ce film, je conserve un certain espoir quant à la suite car il y a tout de même suffisamment d'éléments intéressants pour espérer une meilleure exploitation.


Bon, déjà, j'ai un gros souci avec la structure non-linéaire de l'ensemble. Je n'ai rien contre le principe des flashbacks ponctuels ni contre celui des allers-retours répétés entre présent et passé, mais le montage ne m'a absolument pas convaincu du point de vue narratif. J'ai eu beaucoup de mal à suivre la première moitié du film, et gageons que le fait de ne pas avoir lu le manga n'aide pas beaucoup en ce sens. C'est d'autant plus dommage que la première séquence est tout simplement géniale. Tournée en surexposition totale, grain 70s, conférant à l'action une dimension tout à fait irréelle, on nage en plein délire presque indépendant du reste du film. La blancheur (symbole de mort et de deuil au Japon) irradie la scène.


Après, on sait qu'on a affaire à une saga (était-ce déjà programmé dès le premier volet ?), donc peut-être que ce volet n'est qu'une introduction en fixant les codes, notamment esthétiques : le sang qui gicle des images plutôt ternes, le héros potelé d'une vivacité surhumaine armé d'un sabre anti-cavalerie, l'image du rônin marchant sur le chemin sacré à la frontière de la jalousie et de la cupidité (parti pris savoureux, presque kitsch), etc. Les accès de gore sont aussi rares qu'efficaces, on sent bien que Misumi avait compris quelque chose à ce niveau-là en 1972, avec toute l'histoire du chanbara derrière lui. Les partis pris sonores sont également intéressants, avec de nombreuses séquences silencieuses, dans lesquelles seuls éclatent les bruits des sabres qui s'entrechoquent ou qui déchirent les chairs.


Je subodore derrière ce film une entreprise de détournement des codes du chanbara classique, à la sauce bis, même s'il n'atteint pas le niveau jouissif de films comme "La Rage du tigre" et d'autres bisseries riches en démembrements réalisées par Chang Cheh et consorts à la fin des 60s et au cours des 70s. Mais à trop chercher à magnifier ses décors (boulot réussi) et ses combats (idem), il me manque un morceau de narration, comme par exemple celui qui assurerait la transition entre la vie de bourreau et celle de rônin (peut-être à l'origine de ma sortie de piste dans la première moitié du film).


[AB #113]

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le 1 août 2016

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Morrinson

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