Objectivement, le film est assez médiocre avec une réalisation sans la moindre saveur de Walsh, un rythme bancal, une narration maladroite et un casting pas folichon.
Pourtant je m'y suis assez amusé en grande partie grâce au méconnu Charles Butterworth et au scénario qui ne manque pas d'attrait.
Butterworth possède un flegme tout en candeur assez savoureux qui tranche avec l'abattage cabotin d'autresacteurs de comédies de la même période. Tout en étant conscient de ses limites, je l'ai trouvé idéal pour ce rôle d'un homme à qui arrive les pires malheurs et qui continue pourtant de s'excuser d'être une victime avec une courtoisie inappropriée et qui donne quelques moments savoureux. De plus le scénario est loin d'être si anodin que ça et s'amuse déjà avec ingéniosité des clichés des films de gangsters et autres policiers aux innocents accusés à tort.
Si le premier tiers met un peu trop de temps à présenter ses personnages et la situation, le reste s'enchaîne très bien et possède une dimension absurde assez plaisante dans son accumulation de péripéties. Le scénario s'amuse là aussi à dépeindre (déjà) une presse et des autorités qui préfèrent l'emballement médiatique et la déformation sensationnaliste à une simple recherche des faits. Il y a bien-sûr quelques facilités prévisibles mais la satire décoche quelques très bonnes flèches.
De plus, et même si ce n'était pas intentionnel, je trouve que le "relâchement" de Walsh à la caméra est finalement en adéquation avec le propos et l'esprit du film. Mais c'est sûr qu'avec un peu plus d'implication (et de budget), on aurait pu avoir un film autrement plus réussi.
Un remake avec Alberto Sordi aurait pu donner quelques de sensationnelle par exemple. En l'état, j'ai passé un bien meilleur moment que je ne le pensais, en partie parce que le film ne dure que 62 minutes.