De nos jours, rien ne vaut une bonne petite polémique lamentable afin de briller. Tout comme de profiter d'un contexte pour émettre un avis partisan et se monter en épingle.
Pour ma part, je ne vous dirai pas, ici, quoi penser des supposés mobiles de l'oeuvre, de ses aspects pro- ou anti- plus ou moins fantasmés. Je vous dirai tout simplement d'aller vous faire votre propre avis si jamais BAC Nord venait, pour une raison ou une autre, à vous botter. Voilà tout.
Et vous serez sans doute emballé par le rythme de l'affaire qui, dans un premier temps, engage la surmultipliée pour ne jamais quitter les basques de ces trois flics borderline pris en étau entre une hiérarchie qui veut du résultat en mettant la main devant les yeux, et des quartiers en surchauffe en forme de territoires perdus.
Et cette impression lancinante d'impuissance face au trafic, de vider la mer à petite cuillère. Cette ténacité aussi, comme, sur un sujet voisin, La Loi de Téhéran. La lutte est honorable, nécessaire. Le coup de poing est parfois inéluctable, sous les affrontements et les insultes.
Mais à côté de cela, il y a aussi la loi qu'ils sont responsables d'appliquer qui s'efface. Et s'enchaînent alors les victimes faciles, les petits consommateurs que l'on rançonne, que l'on malmène parfois, parce qu'on n'a pas les moyens de monter une grosse opé pour les galons du patron et la gloriole du préfet.
Des hommes qui regarde la criminalité droit dans les yeux et qui s'abîment irrémédiablement à son contact. qui doivent aussi battre en retraite, la queue basse, face aux outlaws décomplexés qui tiennent le quartier. Mais BAC Nord ne les rend jamais très sympathiques et décrit avec une minutie chirurgicale leur chute au sein d'un système broyant ses enfants... Après les avoir lancé dans un véritable western urbain culminant dans un assaut furieux irrigué d'une tension voisinant de vraies scènes de terreur viscérales.
Il est cependant un peu dommage que Cédric Jimenez, après La French et HHhH, n'ait pas encore réussi à résoudre sa principale difficulté. En effet, le dernier tiers de BAC Nord, alors que la poussière du bitume retombe, patine un peu, même si l'ironie de cette odyssée n'en apparaît que plus mordante à l'occasion d'un face-à-face entre Cerva et un inspecteur de l'IGPN. Qui renverse littéralement la perspective concernant ce personnage et faisant référence à cette opposition avec une terreur, où le ton et les noms d'oiseaux montaient rapidement. Tandis que les attitudes, les silences, la loi des quartiers sont semblables à ceux régnant dans la police...
Comme pour dire que ces shérifs peuvent finalement apparaître comme les frères de lait des hors-la-loi qu'ils combattent. Et surtout, que l'abîme dans lequel ces trois-là avaient plongé le regard a bel et bien fini par les avaler.
Behind_the_Mask, chaos, confusion... Flicaillon.