Cédric Jimenez est soit extrêmement naïf soit totalement malhonnête. Ses sources pour se renseigner sur l'affaire : le livre de l'un des policiers corrompus, et - sans doute - des syndicats des forces de l'ordre.
Ça donne un film coupé en deux : 1h de quotidien de la BAC, entre scènes d'action réussies dans la cité, et rapports à la hiérarchie obsédée par le chiffre clichés et déjà vus.
Puis une dernière demi-heure honteuse. Les accusations envers les flics sortent de nulle part, paraissent absolument scandaleuses. Au début du film, le réalisateur se dédouane par avance : certes "BAC Nord" est "inspiré de faits réels", mais il s'agit d'une "œuvre de fiction" qui ne veut pas "critiquer une affaire judiciaire". Message hypocrite balayé par les longues minutes d'extraits - réels - de journaux télévisés parlant des "ripoux de la BAC Nord" et des politiques dénonçant "une insulte faite à l'uniforme de policier". On vient de voir 1h de film démontrant qu'il s'agit d'une injustice, ce montage n'a pas d'autre but que de nous révolter. S'il s'agit d'une œuvre de fiction, pourquoi mettre autant d'extraits réels ?
Le bouquet final de la malhonnêteté : les scènes larmoyantes en cellule, puis les textes sur la nouvelle vie des policiers. Dont un magnifique : "Yass s'est inscrit à un syndicat de la police. Il défend ses collègues dans leurs rapports avec la hiérarchie." Les syndicats de police rivalisent d'outrance pour nier les violences policières et attaquer les décisions de justice ? Cédric Jimenez en fait des bienfaiteurs, protecteurs de policiers lâchés par leur hiérarchie, pourfendeurs d'injustice.
Le réalisateur aurait pu faire un long métrage nuancé, avec des personnages un minimum subtils ; il en sort un film de propagande, avec des chevaliers blancs un peu trop virils trahis par le système. Indigne.